Página dedicada a mi madre, julio de 2020

Catherine Pozzi

Peau d´âme

1935

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«Et enfin, l´idéalisme magique…«
NOVALIS

PRÉFACE

J´ai écrit ce livre pour tous
sachant que nul ne le lirait.
Ceci explique son langage
et son sujet.

 

PROLOGUE

«Passer, passer, au nom de tous!» 
JULES ROMAINS

Qui écrit cela? ce n´est personne. Celui qui tend à n´être personne; de même vous y tendez pourtant, maniaque d´un aspect souscrit d´un nom, car au bout de tout ce n´est pas le surhomme que veut la vie, mais le je-ne-me veux pas. Qu´il est beau, cet ange sans visage.

Cependant Personne, fraction approchée, se retire en vain différence sur différence, complaisance sur complaisance, faute exquise sur fierté, jette en vain ses photographies, efface en vain le prénom pour l´initiale et noie le style aux mots du haut-parleur: encore quelqu´un parle.

Suscitez Personne qui ne soit pas quelqu´un! sortez de vous tous ces discours!

Si vous êtes un jeune garçon, Personne est un étudiant; si vous êtes un adulte pourvu, Personne est un mieux pourvu qui partage; si vous êtes une jeune fille, Personne est une danseuse qui met le secret du monde en ballet, cela se fait beaucoup. Si vous êtes un dépourvu, Personne est un désespéré. Si vous êtes une femme, Personne, avec les mains blanches de la physique et les mains noires de la chimie, vous a cherché l´amour.

 

«Mais le plus sage d´entre vous n´est lui même qu´une chose disparate, hybride faite d´une plante et d´un fantôme.»
NIETZSCHE

Vous êtes pleins de propositions à faire épanouir le Futur, et qu´il s´étende et couvre la terre, et le futur serait vous, et vous, plus haut: le manuel l´écrit, on monte. Le surhomme est pour tous les camps, il est au bout du fil ou à la fin du film qui se déroule vers lui, c´est le sentiment de la conscience car entre le moyen âge et cet âge le Paradis a changé d´extrémité.

Peut-être ce jeu fatal se répète. Où sont les hommes? tout le monde descend.

 

«… et, sans élever des mains vainement implorantes vers un Ciel vide, nous poursuivrons, au travers des Forces indifférentes, vers un Avenir peut-être égal au plus grand de nos Rêves, une marche que rien encore ne paraît devoir arrêter
                                           JEAN PERRIN, Physique

Tous animaux.

Il ne s´agit pas du vous digestif, respirant, excrémentant, reproduisant, circulatoire: il va de soi que celui-là est un chien, un bœuf, un ver, un singe, un poulet, petit-neveu du poisson, arrière-petit-neveu du coquillage, et vive le Progrès! cela s´apprend qu´on est un animal; le Savant Père Jésuite consent, il n´y a pas d´offense: le progrès c´est un bon billet pour vous, qui n´a qu´un sens, qui mène aux vacances; le Progrès, voyage sans retour. Qui n´accepte d´être parti de loin? qui n´est flatté de se voir éveiller, sous le sombre soleil du passé, dans ce quelque chose de vert dont le faible désir contenait les siècles et son visage? Entendons-nous: il n´existe pas un homme qui croie que sa race puisse revenir aux fougères. Pourtant ce n´est pas aujourd´hui que vous êtes humains: c´était hier.

C´était hier que vous posiez, comme font les hommes, une question qui ne sert à rien.

Demain, d´aucun système nerveux un instant abstrait du monde, aucune volonté dirigée à contre-sens de tout ne surgira pour s´étonner de son existence. Déjà il n´y a plus de question humaine, que celle du nouveau-né: encore est-ce un cri. Mais on ne peut s´y tromper, ce cri contient la question.

«Quelque CHOSE me blesse et gêne, qu´est-ce que c´est? – de quel droit quelque CHOSE me gêne-t-il, n´est-il pas moi?»

Un scandale est à l´origine nommé l´autre: «L´univers» pour avoir extrait la question du Réel des vagissements qu´entend une nourrice; c´est à ces personnes politiquement désintéressées qu´il faut hélas abandonner le rôle d´Esprit. Seulement, elles n´en ont pas le langage, et, quand le petit pleure, ne disent jamais, à tort, qu´il s´agit du Moi et du Monde

 

Quelque part, en quelques lieux non encore atteints par le vacarme, des métaphysiciens continuent bien à poser la question humaine, à se demander «ce qui est réel» en termes convenables, c´est-à-dire obscurs; et ils se trouvent avec moins de passion et un accent plus faible que le nouveau-né, face aux deux mêmes Existences dont l´une gêne l´autre.

Mais la piqûre de l´épingle qui perçait leurs premiers langes est lointaine, et l´existence de Ce-qui-n´est-pas-moi s´affaiblit. Il n´est plus intellectuellement décent d´y croire; l´Autre-que-moi est démodé chez les penseurs, l´Univers ne se porte plus, on porte le JE. Même le JE pur, le nu intégral. L´Univers, ce serait un enfantillage, et les plus sérieuses raisons feraient douter de sa réalité.

C´est ainsi qu´un des esprits que l´on révère lisant ce conte en demi-vers, le contestait fort tristement: «Mais vous vous donnez l´univers, mon cher!!…»

Et le conte aurait dû commencer ainsi: Histoire de la question humaine qui ne sera plus posée. –

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«La nature copie le peintre.»
OSCAR WILDE

LE PREMIER ROUND EST POUR JE

 «Il nous faut du réel, n´en fût-il plus au monde»…

Eh bien voilà. Que l´Univers existe ou non, cela n´intéresse pas les marchands d´automobiles, parce qu´il y aura toujours assez d´univers pou rouler dessus ou faire comme si. Mais c´est très important pour les peintres, mon fils.

Que dire des littérateurs! Pas d´univers, et ils sont seuls; ils ne peuvent plus parler légitimement de rien, lé-gi-ti-me-ment; da, da.

Il faut donc décider au plus vite de l´existence de l´Univers avant d´acheter un Juan Gris qui ne peint que JE, ou lire André Breton.

Ceci est grave; ne vous esquivez pas, ne soyez pas satisfait sans réfléchir; ne gardez pas l´Univers sans raison, a pig in a poke.

Tôt ou tard il faudra prendre parti. Ne vous laissez pas vivre dans un univers douteux que vous acceptez à demi.

Hélas, vous ne croyez pas que ceci soit urgent, l´Univers vous paraît certainement inattaquable; vous n´achetez pas les tableaux de Braque, de Gris, vous ne lisez pas André Breton. Mais vous lisez Léon-Paul Fargue, vous lisez Joyce, et ils écrivent des mots sans univers correspondant, ce qui se fera de plus en plus: des macarelles, des pytalolles, des JE-paroles; mais qui sait quel ouvrier fait qui sait où les poèmes de la Révolution dans lesquels JE subsiste seul (même si c´est un JE-NOUS).

 

Le XXe siècle est très mauvais pour l´Univers.

Au XIXe, au contraire, l´Univers était un peu là: gras, couleur de pomme sûre, marin, monstrueux, heureux, la matière de Maupassant, la matière à Zola. Coubert non plus n´avait aucun doute quant à son existence. Pourtant, pourtant Baudelaire hésitait. Comme critique, il avait affaire aux peintres et c´était l´époque où les peintres menaçaient de devenir intelligents. (À présent ils le sont tous: c´est justement ce qui amincit le Monde.)

Donc Baudelaire, étudiant un peintre réaliste, le caractérisait par cette phrase: «Je veux représenter les choses telles qu´elles sont, ou telles qu´elles seraient, en supposant que je n´existe pas… l´Univers sans homme». En supposant qu´il n´existât point, ce réaliste se mettait diligemment au travail et peignait ce qu´il avait sous les yeux: le bleu du ciel, les arbres verts, mais il se défendait le dragon et la chimère, ceux-là n´étaient pas «vrais». À part telles inventions artistiques, rien n´était changé, on était devant le même Univers – dragon réservé.

Quelle chimère!

Aussi le Poète et critique reprenait-il a contrario: «Pour parler exactement, il n´y a dans la nature ni ligne ni couleur. C´est l´homme qui crée la ligne et la couleur. Ce sont deux abstractions qui tirent leur [égale] noblesse d´une même origine.»

Le terme «abstraction» était joliment mal choisi. Mais, la physiologie aidant, il fallait bien reconnaître dès avant 1860 que les sensations n´étaient pas des événements scientifiquement indiscutables… C´est ainsi que Baudelaire, hésitant à demi sur l´Univers, le laissant persister encore, lui reprenait la ligne et la couleur qu´au XIXe siècle matérialiste on était pourtant obligé de rendre à son Opposé, à l´autre Existence de plus en plus exigeante, à JE.

L´histoire des reprises de JE sur tout le reste est une drôle d´histoire; elle est très simple sous une fausse apparence de complication. JE s´est seulement aperçu que ses sens le trompaient, que leur témoignage n´était pas excellent; or, ses sens étant les seuls garants de l´existence du monde, JE récusa le Monde comme un coup monté de lui-même à lui.

Il a été si loin qu´il est tout à fait dépourvu d´univers aujourd´hui.

Si ce conte était philosophie, mais à nous ne plaise! c´est ici que les noms des personnes subtiles se placeraient qui, pour l´honneur humain, posaient assidûment la question qui ne sera plus posée.

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Le roi Menandros qui s´appelait Milinda dans l´Inde, Protagoras, sautons les siècles, Berkeley l´évêque anglais, si gêné de sa question qu´il la cacha dans un conte sur le goudron, Malebranche qui disait: «De ce que nous avons l´idée d´une chose, il ne s´ensuit pas… qu´elle soit conforme à l´idée que nous en avons» (il ne tuait pas encore la chose, il la rendait sujette à caution); Descartes (faites le salut militaire) qui suscitait un JE-DIEU, et l´Univers n´était déjà plus qu´une Étendue pour son derrière, Kant (Oh! syncope à Maurras) qui, le premier de ces messieurs, écrivit qu´aucun sens jamais ne présenterait l´Univers à JE.

Et enfin Husserl, qui enseigne maintenant que «l´objet se constitue à l´intérieur de l´ego» et Ivanov qui, dans un coin d´une chambre de Russie, écrit sa lettre illustre à son ami: «Le monde extérieur est une illusion ou un rêve, il n´existe évidemment pas.»

Cette fois-ci, l´Univers est bu.

Plus de conte, plus de but.

Aha! ouvrons l´œil. Il y a un tour de passe-passe entre un siècle et l´autre, on nous a pris le monde, il faut le r-avoir. Ce n´est peut-être pas si difficile.

Respirons.

Il n´y aurait pas d´Univers parce que les sens sont infidèles: pour tout avouer, JE ne crois pas aux témoignages indirects. Comme il a un témoignage direct de soi, JE, parce que JE pense, et qu´il n´a besoin que de soi pour penser, même pensât-il qu´il rêve, il est tranquille en ce qui concerne son existence à lui.

 

LE DEUXIÈME ROUND EST POUR LE MONDE EXTÉRIEUR

«Mes idées me résistent.»
MALEBRANCHE

«Je suis bien convaincu qu´aux spéculations les plus abstraites de l´analyse correspondent des réalités qui existent en dehors de nous.»
CHARLES HERMITE

L´Idée, je n´en suis pas le maître,
Elle est dans l´homme, elle est dans l´air
Ou dans l´éther,
Je la rencontre, je la sers,
Hélas, je lui fais des prières
Et je la perds.

Mais JE pense-t-il?

Ce n´est pas si sûr que cela. Ce qui donne à JE un billet de vie, un ticket de réalité, entrez! entrez! ce n´est pas «penser».

Penser n´a pas besoin de JE peut-être.

Ce peut-être est perçant. Peut-être il pense comme il pleut; les inventeurs le savent, qui voient leur même vérité descendre à la fois sur des points distants. Or, s´il pense à travers le JE comme il pleuvrait sur une éponge, JE n´est pas existant du tout, à peine JE tient debout.

Ce n´est pas la pensée, c´est le sentir qui a besoin de JE: et pour sentir il faut être deux à être, cher maître. Ne vous troublez pas, l´autre n´est qu´une table peut-être, qu´un caillou, que la première piqûre qui se trouve si loin de vous. L´autre est le reste; est tout.

JE-SENS-DONC-JE-SUIS.

Il refuse la table, cette apparence; il refuse le caillou, cette conception; il refuse la mer et les monts. Et puis après? Nous les lui rendons. Mais nous ne nous laisserons pas retirer l´Univers parce que tout est habillé par les sens. Quel malheur! Ils appellent cela «univers», cette promenade littéraire; ils croient qu´ils discutent du monde extérieur.

Ils croient que rien n´existe qu´eux, parce qu´ils n´en croient plus leur yeux.

Ah! si ce conte vous embête, si vous avez autre chose en tête, suivez-le un peu, il s´agit de tout et tout mène à vous.

Que le départ ait été donné rue de La Boétie ne fera pas manquer le but; suivez un peu si vous ne voulez pas disparaître et prenez garde à la peinture. – Ce sont bien les peintres qui refusent l´Univers. Et maintenant, un petit effort.

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«C´est un long chemin que Braque a parcouru depuis la phase négative du cubisme jusqu´à son œuvre de maturité. À la proscription de la réalité déchue succède maintenant la création poétique du réel.» Que nul ne sorte! Ne soyez pas intimidé, Carl Einstein n´a pas eu le temps de vous rendre son texte modeste, mais tout y est. Carl Einstein n´est pas le physicien mais le critique, il est aussi loin de la physique qu´un philosophe peut l´être.

Voici la traduction pour ceux qui ne sont pas frappés de philosophie.

Le cubisme représente l´état de la peinture au moment où le témoignage des sens commençait d´être généralement récusé, où, donc, JE se sentait en droit de «voir» l´univers comme il lui plaisait.

Cet univers qui était la conséquence, il paraît, d´un faux témoignage, c´est la «réalité déchue» de la phrase ci-dessus.

Univers napus. Le peintre Braque remplace cet univers fallacieux, vos arbres, vos monts, votre nez au milieu du visage par de la «création poétique du réel», c´est-à-dire par de l´univers à lui, entièrement inventé. D´où il apparaît que, dorénavant, c´est JE qui fait le monde et JE n´est pas celui des sens «menteurs», mais JE de l´esprit, ce fidèle, ce chéri. Son monde n´a aucun rapport avec les sens, encore que par une injustice affreuse ce soient tout de même les sens qui reçoivent les tableaux de Braque plein la vue.

«Création poétique du réel.» Plus de paysage évidemment, plus de portraits; plus de ciel; ces fictions appartenaient à la réalité déchue.

La réalité de l´esprit est le rythme; cette vérité que connaissaient les Grecs et qu´ils ne dédaignaient pas d´appliquer à la statuaire ne peut plus servir qu´à tracer l´arabesque en quête de nature à quoi JE défend de former rien.

 

Avez-vous remarqué dans cette affaire de l´existence ou de la non-existence du monde l´importance accordée aux yeux? À quel point l´on pense par les yeux, cela effraie.

C´est par les yeux que les hommes arrivent à l´état sentimental inouï qu´on appelle la «certitude». Par les yeux qu´on doute. À cause des yeux qu´on ne peut plus être chrétien: les fondements de l´incrédulité ne sont pas dans la raison, mais sont dans les représentations visuelles d´un passé tellement décalé, qu´il nous laisse sans regard.

(Convertir, ce ne serait pas m´amener à parler comme vous, mon Père, mais me donner vos yeux; je suis poisson, je suis martien pour eux.)

Et maintenant voici l´Univers perdu à cause des yeux de ces messieurs. Mais on sera moins naïf qu´eux; l´Univers n´est pas fondé par la rétine, mon cher. L´Univers n´est pas cette image bonne à tout faire faire.

Nous ne nous laisserons pas retirer l´Univers parce que sont vus en trompe-sentir les sites mobiliers ou marins, de l´artistique, du quotidien, – nous appelons «Univers» autre chose. Quoi? Ce que les sens ignorent et qui les fait sentir. Un no-man´s land es l´objet de notre voyage.

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LE PSYCHOLOGUE PARIE ET VA PERDRE

Je sens, donc l´Autre est; quelque chose extérieure existe, vraie de vraie; le bon sens n´a rien à changer à la sécurité des sens, on est bien deux, c´est l´important, précisément, voici le monsieur qui est chargé de conclure l´union de JE et du reste. C´est le psychologue pour qui la composition des deux Existences dont la discorde a tiré du nouveau-né sa première larme, est l´affaire d´un instant.

Or ce conte qui n´a été écrit par Personne est jeté pour le futur aux vents, car le temps est venu de retrouver à la fois JE et un réel autre, l´intime, et l´étranger. Cependant que, dans l´irrémédiable douleur, on sache que pour JE, c´est en vain; qu´il n´atteint rien, qu´il ne sent pas, que ce n´est pas sur lui que luit le ciel, pas lui qui respire la rose, pas JE qui fait les gammes du plaisir avec les yeux du soleil.

Que l´autre soit électron, table, ou onde, JE vivant seul face à l´autre est aussi loin de le sentir qu´un mort.

Et voici le secret de l´être: sentir prouve JE et l´Univers, mais JE seul ne peut pas sentir.

 

Cependant le Psycho-physiologue en dépit du conte et dérision du sort croyait fabriquer de la sensation avec du monde extérieur.

Il prenait JE et l´Objet, – le Cobaye et l´Evénement, – le Sujet et l´Excitant.

L´Objet correspondait au Sujet comme la clef à la serrure; le Psycho-physiologue ouvrait la porte, et l´Univers entre chez vous.

 

Piel de alma

Versión febrero-abril de 2022

A A.G., a M.C., a M.S. y a D.V., filósofos.

NOTA INICIAL: Catherine Pozzi (1882-1934) no logró terminar este libro, aunque trabajó en él durante los últimos veinte años de su vida; se publicó en 1935, Éditions R. A. Corrêa, y en 1990, Éditions La Différence. El título con el que se refiere a él en su Journal es De libertate, pero finalmente adopta el título actual, que remite al de un cuento de Charles Perrault: Peau d´âne.

Algunos de sus poemas se encuentran en edición bilingüe en Catherine Pozzi – Poemas. (eldigoras.com)

* En algunos párrafos del prólogo, se ha optado por sustituir el VOUS del original (destinatario primero del texto) por la primera persona plural, dado que la tercera persona singular creaba ciertos equívocos.

*  Mi agradecimiento a M.C.O.L que amablemente ha respondido a todas las dudas que le he planteado sobre el original.

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«Y en fin, el idealismo mágico…»
NOVALIS

PREFACIO

He escrito este libro para todos,
sabiendo que nadie lo leería.
Esto explica su lenguaje
y su tema.

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PRÓLOGO

«¡Pasen, pasen, en el nombre de todos!»
JULES ROMAINS

¿Quién escribe esto?, no es nadie. El que tiende a no ser nadie; del mismo modo usted tiende a ello, obsesionado, sin embargo, por un aspecto adherido a un nombre, pues al final de todo no es al superhombre al que quiere la vida, sino al yo-no-me quiero. ¡Qué hermosura este ángel sin rostro!

No obstante, Persona, fracción aproximada, en vano se retira, diferencia tras diferencia, complacencia tras complacencia, error exquisito tras orgullo, en vano arroja sus fotografías, en vano borra su nombre por la inicial y ahoga el estilo de las palabras del altavoz: aún habla alguien.

¡Haga que Persona no sea nadie! ¡Saque de sí mismo todos esos discursos!

Si usted es un joven, Persona es un estudiante; si es un adulto acomodado, Persona es un acomodado mejor que comparte; si es una joven, Persona es una bailarina que hace que baile el secreto del mundo, eso se hace mucho. Si no es acomodado, Persona es un desesperado. Si es una mujer, Persona, con las manos blancas de la física y las manos negras de la química, le ha buscado el amor.

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«Pero el más sabio de entre vosotros no es más que algo discordante, un híbrido hecho de una planta y de un fantasma.»
NIETZSCHE

Usted está lleno de propósitos para hacer que florezca el Futuro, y que este se extienda y cubra la tierra, y el futuro sería usted, y usted, más alto: el manual lo escribe, se sube. El superhombre está en todos los campos, está al final del hilo o al final de la película que se despliega hacia él, es el sentimiento de la conciencia, pues entre la edad media y esta edad ha cambiado el extremo del Paraíso.

Quizás este juego fatal se repita. ¿Dónde están los hombres?, todo el mundo desciende.

«… y, sin levantar las manos vanamente implorantes hacia un cielo vacío, seguiremos, a través de las Fuerzas indiferentes, hacia un Porvenir quizás igual al mayor de nuestros Sueños, un camino que aún nada parece tener que detener.»
JEAN PERRIN, Física

Todos animales.

No se trata de la parte de usted digestiva, de la que respira, excreta, se reproduce, circula: ni que decir tiene que ese es un perro, un buey, un gusano, un mono, un pollo, el resobrino del pez, el hijo del resobrino del molusco, ¡y viva el Progreso!, aprendemos que somos animales; el sabio padre jesuita lo acepta, en ello no hay ofensa: el progreso es un buen billete para usted, que solo tiene un sentido, que lleva a las vacaciones; el Progreso, viaje sin retorno. ¿Quién no acepta que salió de lejos?, ¿quién no se ha vanagloriado al verse despierto, bajo el sombrío sol del pasado, en esa cosa verde cuyo débil deseo contenía los siglos y su rostro? Entendámonos: no existe ni siquiera un hombre que crea que su raza pueda regresar a los helechos. Sin embargo, no es hoy cuando usted es humano: era ayer.

Era ayer cuando planteaba, como hacen los hombres, una pregunta que no sirve para nada.

Mañana, de ningún sistema nervioso abstraído del mundo un instante, ninguna voluntad dirigida en sentido contrario al todo surgirá para extrañarse de su existencia. Ya no hay más cuestión humana que la del recién nacido: aún es un grito. Pero no podemos equivocarnos en ello: ese grito contiene la pregunta.

«ALGO me hiere y me molesta, ¿qué es? – ¿con qué derecho ALGO me molesta, no es yo

Un escándalo está en el origen, llamado lo otro: «El Universo», para haber extraído la pregunta de lo Real de los vagidos que oye una nodriza; es a esas personas políticamente desinteresadas a las que es necesario, ay, abandonarles la función de Espíritu. Pero estas no tienen este lenguaje y, cuando el pequeño llora, nunca dicen, sin razón, que se trata de Mí y del Mundo.

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En alguna parte, en algunos lugares aún no alcanzados por el estrépito, los metafísicos continúan planteando bien la cuestión humana, preguntándose por «lo que es real» en términos convenientes, es decir, oscuros; y se encuentran, con menos pasión y un acento más débil que el recién nacido, frente a las dos mismas Existencias, una de las cuales molesta a la otra.

Pero el pinchazo del alfiler que se hundía en sus primeros pañales está lejos, y la existencia de Ese-que-no-es-yo se debilitó. Ya no es intelectualmente decente creer en ello; el-Otro-con-respecto-a-mí no está de moda entre los pensadores, el Universo ya no se lleva, se lleva el YO. Incluso el YO puro, el desnudo integral. El Universo sería una niñería, y las razones más serias harían que se dudara de su realidad.

Es así como uno de esos espíritus a los que reverenciamos leyendo este cuento casi en verso, le contestaba con mucha tristeza: «¡Pero, querido, se permite el universo!…»

Y el cuento habría tenido que comenzar así: Historia de la cuestión humana que ya no será planteada. –

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«La naturaleza copia al pintor.»
OSCAR WILDE

EL PRIMER ASALTO ES PARA YO

«Necesitamos lo real, aunque ya no existiera en el mundo»…

Pues bien, he aquí. Que el universo exista o no, no les interesa a los comerciantes de coches, pues siempre habrá bastantes universos para rodar por encima o para simularlo. Pero es muy importante para los pintores, hijo mío.

¡Y qué decir de los literatos! Sin universo, están solos; no pueden hablar legítimamente de nada, le-gí-ti-ma-men-te; da-dá.

Es necesario, pues, decidir lo antes posible acerca de la existencia del Universo, antes de comprar un Juan Gris que solo pinta YO, o leer a André Breton.

Esto es grave; no se escabulla, no se contente sin reflexionar; no mire el Universo sin razón, a pig in a poke.

Tarde o temprano habrá que tomar partido. No se deje vivir en un universo dudoso que acepta a medias.

Desgraciadamente, no cree que esto sea urgente, el Universo le parece ciertamente inatacable; no compra cuadros de Braque, de Gris, no lee a André Breton. Pero lee a Léon-Paul Fargue, lee a Joyce, y estos escriben palabras sin universo correspondiente, lo que se hará cada vez más: macarelas, pitalolas, palabras-YO; pero quién sabe qué obrero hace, quién sabe dónde los poemas de la Revolución en los que YO subsiste solo (incluso si es un YO-NOSOTROS).

El siglo XX es muy malo para el Universo.

En el XIX, en cambio, el Universo estaba allí un poco: gordo, del color de la manzana sólida, marino, monstruoso, feliz, la materia de Maupassant, la materia al modo de Zola. Coubert tampoco tenía dudas en cuanto a su existencia. Sin embargo, sin embargo, Baudelaire dudaba. Como crítico, tenía que dirigirse a los pintores, y era la época en que los pintores amenazaban con volverse inteligentes. (En el presente, todos lo son: esto es justamente lo que adelgaza el Mundo.)

Así pues, Baudelaire, estudiando a un pintor realista, lo caracterizaba con esta frase: «Quiero representar las cosas tal como son, o tal como serían, suponiendo que yo no existiera… el Universo sin hombre». Suponiendo que no existía en modo alguno, ese realista se ponía diligentemente a trabajar y pintaba lo que tenía ante sus ojos: el azul del cielo, los árboles verdes, pero se prohibía el dragón y la quimera, estos no eran «verdaderos». Aparte de tales invenciones artísticas, nada había cambiado, estábamos ante el mismo Universo – excluido el dragón.

¡Qué quimera!

También el poeta y crítico repetía al revés: «Para hablar con exactitud, en la naturaleza no hay ni línea ni color. Es el hombre quien crea la línea y el color. Son dos abstracciones que sacan su [misma] nobleza de un mismo origen.»

El término «abstracción» estaba lindamente mal elegido. Pero, gracias a la fisiología, era muy necesario reconocer desde antes de 1860 que las sensaciones no eran sucesos científicamente indiscutibles… Es así como Baudelaire, dudando a medias sobre el Universo, dejando aún que persistiera, le retiraba la línea y el color que el materialista siglo XIX, sin embargo, tenía la obligación de devolverle a su Opuesto, a la otra Existencia cada vez más exigente, a YO.

La historia de los asaltos de YO sobre todo el resto es una historia extraña: es muy simple bajo una falsa apariencia de complicación. YO solo se ha dado cuenta de que sus sentidos le engañaban, de que su testimonio no era excelente; ahora bien, al ser sus sentidos la única garantía de la existencia del mundo, YO rechaza al mundo como en una trampa que se tiende a sí mismo.

Ha ido tan lejos, que hoy está completamente desprovisto de universo.

Si este cuento fuera filosofía, pero ¡librémonos de ello!, es aquí donde los nombres de las personas sutiles se situarían, quienes, por el honor humano, planteaban asiduamente la cuestión que ya no se planteará.

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El rey Menandros, que se llamaba Milinda en la India, Protágoras, saltemos algunos siglos, Berkeley, el obispo inglés, tan molesto por su pregunta, que la escondió en un cuento sobre el alquitrán, Malebranche, que decía: «De la idea que tenemos de una cosa, no se sigue… que esta sea conforme a la idea que tenemos de ella» (él todavía no mataba la cosa, la volvía dudosa); Descartes (haga el saludo militar), que creaba a un YO-DIOS, y el Universo ya solo era una Extensión para su trasero; Kant (¡Oh!, un síncope a Maurras), que, el primero entre estos señores, escribió que nunca ningún sentido le presentaría a Yo el Universo.

Y en fin Husserl, que enseña ahora que «el objeto se constituye en el interior del ego», e Ivanov, que, en un rincón de una habitación de Rusia, escribe su ilustre carta a su amigo: «El mundo exterior es una ilusión o un sueño: evidentemente no existe.»

Esta vez, el Universo es absorbido.

Fuera cuento, fuera objetivo.

¡Cuidado!, abramos los ojos. Entre un siglo y otro, hay un juego de prestidigitación: nos han quitado el mundo, es necesario volver-a-tenerlo. Quizás no sea tan difícil.

Respiremos.

No habría Universo porque los sentidos son infieles: para ser sinceros, YO no cree en los testimonios indirectos. Dado que YO tiene un testimonio directo de sí mismo, porque YO piensa, y dado que no tiene necesidad más que de sí mismo para pensar, incluso si pensara que sueña, está tranquilo con respecto a su propia existencia.

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EL SEGUNDO ASALTO ES PARA EL MUNDO EXTERIOR

«Mis ideas me resisten.»
MALEBRANCHE

«Estoy convencido de que a las especulaciones más abstractas del análisis les corresponden unas realidades que existen fuera de nosotros.»
CHARLES HERMITE

La Idea, no soy dueño de ella,
Está en el hombre, en el aire
O en el éter,
La encuentro, la sirvo,
Ay, le dirijo plegarias
Y la pierdo.

Pero ¿YO piensa?

No es tan seguro. Lo que le da a YO un billete de vida, un tique de realidad, ¡entre!, ¡entre!, no es «pensar».

Pensar, quizás, no necesite a YO.

Este quizás es penetrante. Quizás piense como llueve; los inventores lo saben, pues ven su misma verdad descender a la vez sobre puntos distantes. Ahora bien, si piensa a través de YO como si lloviera sobre una esponja, YO no es totalmente existente, YO apenas se mantiene en pie.

No es el pensamiento, es el sentir lo que necesita a YO: y para sentir es necesario que sean dos, querido maestro. No se turbe, el otro quizás solo sea una mesa, o una piedra, o el primer pinchazo que se encuentra muy lejos de usted. El otro es el resto; es todo.

SIENTO-LUEGO-SOY

Rechaza la mesa, esa apariencia; rechaza la piedra, esa concepción; rechaza el mar y los montes. ¿Y luego? Se los devolvemos. Pero no dejaremos que nos quiten el Universo porque todo está vestido por los sentidos. ¡Qué desgracia! Llaman a esto «universo», a ese paseo literario; creen que dialogan sobre el mundo exterior.

Creen que solo ellos existen, pues no creen ya en sus ojos.

¡Ah!, si este cuento le aburre, si tiene otra cosa en la cabeza, sígala, se trata de todo, y todo lleva a usted.

Que la salida haya tenido lugar en la calle de La Boétie no hará que nos equivoquemos de objetivo; siga un poco si no quiere desaparecer y tenga cuidado con la pintura. – Precisamente son los pintores los que rechazan el Universo. Y ahora, un pequeño esfuerzo.

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«Es un largo camino el que Braque ha recorrido desde la etapa negativa del cubismo hasta su obra de madurez. A la proscripción de la realidad derribada le sucede ahora la creación poética de lo real.» ¡Que nadie salga! No se deje intimidar, Carl Einstein no ha tenido tiempo para dejarle su modesto texto, pero ahí está todo. Carl Einstein no es el físico, sino el crítico, que está tan lejos de la física como puede estarlo un filósofo.

He aquí la traducción para quienes no se preocupan por la filosofía.

El cubismo representa el estado de la pintura en el momento en que el testimonio de los sentidos comenzaba a ser generalmente rechazado, por tanto, allí donde YO sentía el derecho de «ver» el universo tal como quería.

Este universo que era la consecuencia, parece ser, de un falso testimonio, es la «realidad derribada» de la frase anterior.

Universo nada. El pintor Braque sustituye este universo falaz, nuestros árboles, nuestros montes, nuestra nariz en medio de nuestra cara, por la «creación poética de lo real», es decir, por su propio universo, completamente inventado. De ello se deriva, de ahí en adelante, que es YO quien hace el mundo, y YO no es el de los sentidos «mentirosos», sino el YO del espíritu, el fiel, el querido. Su mundo no tiene ninguna relación con los sentidos, aunque por una injusticia horrible sean los sentidos, a pesar de todo, los que reciben los cuadros de Braque en plena cara.

«Creación poética de lo real.» Nada de paisajes, evidentemente; nada de retratos; nada de cielos; esas ficciones pertenecían a la realidad derribada.

La realidad del espíritu es el ritmo; esta verdad que conocían los griegos y que no desdeñaban aplicar a la escultura ya no puede servir sino para trazar el arabesco que busca la naturaleza a la que YO le prohíbe que forme nada.

 

¿Ha notado en este asunto de la existencia o de la no-existencia del mundo la importancia concedida a los ojos? Espanta hasta qué punto pensamos por los ojos.

Es por los ojos por los que los hombres llegan al estado sentimental inaudito que llamamos «certeza». Por los ojos dudamos. A causa de los ojos no podemos ya ser cristianos: los fundamentos de la incredulidad no están en la razón, sino que están en las representaciones visuales de un pasado tan desplazado, que nos deja sin mirada.

(Convertirme no sería hacerme hablar como usted, padre mío, sino darme sus ojos; soy pez, soy marciano para ellos.)

Y ahora he aquí el Universo perdido por culpa de los ojos de esos señores. Pero seremos menos cándidos que ellos; el Universo no está fundado en la retina, querido. El Universo no es esta imagen que sirve para cualquier cosa.

No dejaremos que nos quiten el Universo porque veamos, en un ilusionismo del sentir, los emplazamientos mobiliarios o marinos, de lo artístico, de lo cotidiano, – llamamos «Universo» a otra cosa. ¿A qué? A lo que los sentidos ignoran y a lo que hace que sientan. Un no-man´s lans es el objeto de nuestro viaje.

*
**

EL PSICÓLOGO APUESTA Y PIERDE

Siento, luego el Otro existe; ese algo exterior existe, verdad de verdad; el sentido común no tiene nada que cambiarle a la seguridad de los sentidos, en efecto somos dos, eso es lo importante, precisamente, he aquí al señor que está encargado de concluir la unión de YO y del resto. Es para el psicólogo para quien la composición de las dos Existencias – cuya discordia le ha sacado al recién nacido su primera lágrima – es el asunto de un instante.

Ahora bien, este cuento, que no ha sido escrito por Persona, es arrojado al futuro a través de los vientos, pues el tiempo ha acabado por encontrar a la vez a YO y a otro real, al íntimo y al extranjero. A pesar de que, en el irremediable dolor, sepamos que para YO resulta vano; que él nada alcanza, que no siente, que no es sobre él sobre el que brilla el cielo, no es quien respira la rosa, no es YO quien hace las gamas del placer con los ojos del sol.

Que el otro sea electrón, mesa u onda, si YO vive solo frente al otro, está tan lejos de sentir como un muerto.

Y he aquí el secreto del ser: sentir prueba YO y el Universo, pero YO solo no puede sentir.

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Sin embargo, el psicofisiólogo, a pesar del cuento y escarnio de la suerte, creía fabricar la sensación con el mundo exterior.

Cogía YO y el Objeto, – la Cobaya y el Hecho,- el Sujeto y el Estímulo.

El Objeto se correspondía con el Sujeto como la llave a la cerradura; el psicofisiólogo abría la puerta, y el Universo entra en nuestra casa.

 

I. UN ÉGALE ZÉRO

«Dans le domaine de la connaissance, l´erreur est d´ordre scientifique, il n´y a que la confusion qui n´en soit point.«
                                                                                      René QUINTON

«A perfect consistency can be nothing but an absolute truth.«
                                                                                                              POE

 

«Ils diront: c´est un A B C pour lecteurs infantiles…«
Katherine MANSFIELD

Quelque CHOSE éclatait, à quoi il ne manquait, pour être bruit, qu´une oreille. Quelque CHOSE paraissait, à quoi, pour être lumière, il manquait un regard. L´Univers envoyait des signes et n´était que signe; mais la vie n´existait pas opposée au signe, et il y eut des milliards d´années de signes perdus.

N´est-ce pas votre avis? c´est l´Univers qui a commencé. Le préparateur du laboratoire de psychologie lui-même le sait sans y avoir jamais pensé: c´est l´Univers qui a tiré le premier.

Quand y eut-il un Sujet opposé? L´on ne dit pas quand; il était neuf, et de l´impression la plus facile. L´Univers ne le ratait pas: tiens! une odeur! tiens! un rayon dans l´œil! tiens! le bruit de l´orage! tiens! le dur, le piquant, le sucré, le glacial!

Si bien qu´enfin, le Sujet, s´il regardait en soi, y voyait en double la grande image sonore, ardente, amère, douce, agitée.

– La première édition du Monde.

Hélas!

*
**

«Toute connaissance que n´a pas précedée une sensation, m´est inutile.»
GIDE

Cette histoire très lointaine et très lente se renouvelle tous les jours, ce qui est bien heureux pour la psycho-physiologie.

Tout recommence tous les jours pour quelqu´un; il y a une arrivée continuelle de vivants neufs: cette science le croit, le bon sens aussi, et l´on n´est pas parent ou psychologue que l´on n´assiste à la première impression du monde.

Un,

Deux,

Trois, quatre, cinq, six, dix, vingt… cent… mille…

Premier signe, la lumière, sensation un. Deuxième signe, sensation deux, un contact. A la cent cinquante-millionième sensation, le nouveau venu commence à connaître sans doute. À la trentième année, cette addition s´appelle, s´il est délicat, «enrichir».

Une longue habitude humaine de ce fonctionnement si fidèle et si général a fait admettre que l´Univers et le Vivant pouvaient correspondre, et que la distance entre eux était la plus petite possible: petite à franchir en une seconde, petite à combler par un regard.

JE n´avancerait au bord de JE sans effort, attraperait le signe du monde comme il prend un papillon: c´est une odeur, une couleur, un son…

Il suffirait que le signe fût assez gros, moyen; au-dessous d´une certaine importance, JE ne l´attraperait pas, – et cela n´a pas d´importance. Ou le signal énorme tomberait sur JE comme un chapeau, il en a plein l´être, plein la peau, et la psycho-physiologie mesure.

 

«En un monde inconnu puisaient leur volupté.«
LECONTE DE LISLE

Si les sens sont un peu trompeurs, l´excitation n´en est pas moins sûre; le psycho-physiologue n´aime pas le mystère, il ne lui faut qu´un instant: «Je sens l´Univers. C´est une affaire arrangée entre lui et moi.» – Mais non, monsieur, vous vous calomniez. Vous êtes à cet Objet com-plè-te-ment étranger. Vous n´occupez pas le même espace. Regardez-vous!

IL N´EST PAS VRAI QUE LA DISTANCE ENTRE UN VIVANT ET L´UNIVERS SOIT PETITE.

IL N´EST PAS VRAI QU´ELLE SOIT FRANCHISSABLE PAR UN VIVANT.

IL N´EST PAS VRAI QU´UNE SENSATION PUISSE JAMAIS CORRESPONDRE À UN SIGNE DU MONDE.

IL N´EST PAS VRAI QU´UN SIGNE PUISSE JAMAIS PASSER LE SEUIL SENSIBLE.

IL N´EST PAS VRAI QU´IL Y AIT DES SIGNES PERDUS.

 

«Car il faut de deux choses l´une: ou apprendre des autres ce qu´il en est, ou le trouver soi-même».
PLATON

JE sens, donc JE suis.

Comment faites-vous pour l´expliquer, vous?

Vous prenez un vivant, non impressionné. Vous l´exposez à l´univers, et vous allez vous promener. Quand vous revenez, le vivant est plein d´images, de couleurs, de musique, de formes, d´odeurs et de température. Plus vous l´exposerez, plus il en aura.

Est-ce qu´il y a des vivants qui ne s´impressionnent pas? Non. Il y en a de vagues, mais pas d´entièrement manqués; les manqués ne peuvent pas vivre.

Il n´y en a pas sur lesquels l´exposition ne produise rien. Il n´y en a pas qui ne soient pas atteints par les signes d´univers que le pycho-physiologue nomme gracieusement «excitants».

L´Univers fait mouche tout à coup sur le vivant, et il sent. Pour vous, c´est naturel.

Cependant qu´êtes-vous, vous, vous JE? Enlevez ce qui n´est pas vous, enlevez votre nom, vos éléments, il reste une présence qui SE voit. Vis-à-vis, est la diversité du poids aveugle, les «choses», l´Objet. Ce que vous appelez l´Univers. Ce qui est incapable de voir. Or de vous, qui n´êtes pas objet, il se fait un magique mélange avec lui, et vous sentez.

Vous SENTEZ: l´univers se marie à vous.

Alors, vous trouvez cela naturel?

– Tout le monde trouve cela naturel; les professeurs aussi.

Hélas oui. Hélas oui. Mais s´ils commencent par accepter l´inacceptable, cette correspondance fantastique entre l´Objet qui n´est que poids et le JE qui n´est que vœu pour qu´une fraction d´instant devienne résonnante, quel autre problème cherchent-ils à résoudre?

Il y avait un problème: celui-ci.

La métaphysique accepte sans s´y arrêter la sensation et cherche, à part de ce mystère, un JE qui ne se démontre pas, sans le dévoiler; la psycho-physiologie accepte la sensation comme un voyageur accepte le train, et croit, mesurant sa vitesse, mesurer la cause du voyage; le bon sens accepte la sensation comme si c´était du devoir de l´Objet de l´en fournir, d´ailleurs gratis, et, quoique sur mesure, tout fait.

*
**

«Per non dormire…»
Gabriele D´ANNUNZIO

Personne n´y pense guère; mais enfin tout le monde est d´accord pour croire qu´il doit bien y avoir une loi du sentir. Et l´on sait qu´on la cherche dans les Sorbonnes.

Isoler une loi c´est observer des conditions et celles du sentir sont évidentes. Trop, trop évidentes. La science n´a que faire de l´évidence, c´est un état qui ne mène à rien, un état fermé. Toute science commence par une hypothèse dirigée…

Mais les Sorbonnes sont aveuglées par l´évidence: elles y prennent les deux conditions nécessaires et suffisantes de la sensation, quelque CHOSE et quelqu´un.

Elles n´en font rien.

C´est donc que ces conditions nécessaires ne sont suffisantes et que la rencontre de quelque chose et de quelqu´un ne produit de sentir en aucun cas d´aucune expérience s´il y manque un troisième terme inconnu.

Et voici l´hypothèse:

AUCUN VIVANT N´A JAMAIS SENTI UN PREMIER SIGNE DE L´UNIVERS.

*
**

 

Que signifie cette phrase obscure?

Ceci. Je prends un vivant, non impressionné; je l´expose à l´Univers et j´attends, pour voir ce que l´univers va lui faire. Merveille des merveilles! l´univers ne l´atteint pas.

– C´est peut-être que l´univers n´a pas fait assez de… bruit?

Le professeur dit qu´au-dessous d´une certaine intensité…

– Je me serai donc mal expliqué. En résumé: sujet neuf, Univers. Univers, feu!

– Eh bien?

– Eh bien, rien.

Mais alors, pourquoi sentons-nous?

Il y a un Sujet; il y a un Objet; si, comme vous essayez de le faire entendre l´univers manque le sujet, comment se fait-il que le sujet soit touché?

– Et s´il est touché, pourquoi voulez-vous que ce soit par cet univers?…

 

«S´armer de sa propre sensualité.«
STE CATHERINE DE SIENNE.

Le jardin de Juillet s´étendait sans limites, car les paysans de ce pays n´élèvent pas de murs entre leurs vignes, seulement des haies qui sont aux pampres confondues.

Un espace de fleurs divisé par quatre allées droites, de quoi marcher cent pas, laissait marcher la fantaisie sur cent hectares, des ceps au ciel. Mais à vos pieds les passe-velours, trop nombreux par tige, ronds comme des mandarines, un frelon au cœur, envoyaient jusqu´à vos genoux une odeur orange; et à votre main la couleur de votre sang avait fait une seule rose, et elle approfondissait l´azur. Vous étiez assis sur un banc.

C´était les dahlias que vous regardiez, ils jouaient déjà dans l´automne, ils étaient déjà, ce matin, dans le faste soir; ils accompagnaient déjà de cris épanouis les raisins qui n´étaient pas mûrs, comme au chant des vendages passées.

Soudain vous entendîtes les jours passés.

Ils résonnaient sous ce jour-ci, et non pas dans votre mémoire; ils n´étaient pas en votre corps, mais dans les choses, dehors, – plutôt, ils étaient on ne sait où, entre les choses et vous. Ce n´était pas du souvenir, mais du sentir. Une fissure, une faille de temps, ouverte plus qu´aux entrailles de la conscience, rejoignait un élément nouvel, inépuisable, troublement pur, où des instants passés pareils à celui-ci, étaient pris.

Je sens ce que j´ai déjà senti.

Alors vous avez pensé à la loi de Weber.

– Quelle loi de Weber? Je n´ai rien éprouvé de cela. Je n´y étais pas.

O vous! qu´importe que ce fut moi? c´était un JE, et l´histoire est vraie.

… Et alors, vous avez perçu le passé. (Ce verbe et ce mot ne se sont jamais rencontrés.)

Devant vous était bien le jour, qu´une date nommait, qui avait votre âge; étaient bien la treille et le bourdon; et au-dessus du silence plein de cendres ivres et dorées, était bien le plus haut nuage passant comme une mélodie de Schumann.

Mais ce terrestre quotidien, ce jour d´été, ce n´était rien, la magie ne venait pas de sa surface, il contenait plus qu´il n´avait, le jour de Juillet.

Ce n´était pas lui le nuage, pas lui la vigne, l´aile d´or, pas lui ces fleurs; et il réveillait, rien de plus, d´octave en octave précédente, des autres cieux, des autres fleurs, des autres jours multicolores qui lui cédaient leur couleur. C´étaient eux qui vous faisaient signe à travers un cristal enchanté, – eux qui teignaient tout. Je vois ce que j´ai déjà vu.

Que vous était-il arrivé? Vous trichiez, vous sortiez du jeu, vous surpreniez la vraie matière: les univers engloutis recouvraient celui-ci. Vous considériez ce revêtement du passé sur toutes choses, qui est transparent comme du verre, qui est inconnu, qui rend seulement, quand un cœur le touche, le son qui fait dire: «présent!» de la tête aux pieds. Sur un battement de votre cœur les jours engloutis résonnaient; votre cœur était le battant, les jours étaient inaccessibles, votre cœur frappait le présent et le passé vibrait. Battement de cœur à battement de cœur, vous faisiez trembler vos trésors.

Es-tu là, Univers?

– Oui; je me nomme «Hier»…

Quant à la loi de Weber, elle dit qu´une impression est plus intense si elle a été précédée d´impressions de son ordre et moins intense si des impressions de son ordre sont simultanées. Ce qui serait encore une banalité si Fechner ne s´en était servi pour chercher une équation du sentir, qu´au bout de 24.576 observations il établit, et qui est fausse.

Pourtant, ce jour-là, vous avez pensé à Weber et à Fechner avec tendresse, car vous étiez à quelques centimètres de leur secret du monde.

Sentir, plus sentir. L´on sent plus, si l´on a senti. L´on sent ce que l´on a senti. Comment sentirait-on si l´on n´avait jamais senti?

SENTIRAIT-ON?

Un seul jour serait de l´eau claire, mais en lui l´univers perdu s´est confondu: l´eau est suave, ou bien amère… Aujourd´hui! je te nomme «Hier», et je te parle en vers.

Oui; et ces messieurs ont beaucoup cherché ce que serait Aujourd´hui sans Hier. La crême des professeurs et un peu plus: Herbert Spencer, Taine, William James… Ne faisons pas de peine aux vivants.

Aujourd´hui sans hier, ils appelaient cela une sensation pure.

Même si c´était une sensation – enfin, vous comprenez. Sans hier, elle était pure, quoi que vous fassiez. Malheureusement, il était extrêmement difficile d´enlever hier. Pour tout dire, on n´y arrivait pas. Il fallait se résoudre à prendre un nouveau-né; celui-là, qui n´avait jamais senti, partait de la sensation numéro un.

Mais, encore plus malheureusement, la sensation numéro un était impossible.

Et s´il était impossible qu´une sensation fut la première, c´est qu´il était impossible à un sujet de sentir un signe du monde qui fut le premier.

Il n´y a pas de premier signe de l´univers pour nous.

Or, comme disait Perrault, «cette clef était fée».

*
**

«Quand sera le voile arraché
Qui sur tout l´univers jette une nuit si sombre?»
                                                                        RACINE

Penchez-vous plus près, c´est une inconvenance: on ne sent pas aujourd´hui. Personne n´a jamais senti aujourd´hui, il n´y a pas d´aujourd´hui pour notre monde. Le premier signe venu de Non-Moi est pour les espèces où l´on n´entre pas. – Des animaux? même pas: «Animaux» contient «anima».

Le psychologue chevauche les âges, et ne le sait. Il croit mesurer Aujourd´hui: Aujourd´hui, es-tu ici? Mais le nouveau-né qu´il taquine dort dans des millénaires d´attention, le nouveau-né qu´il prend pour la première édition, le nouveau-né fatras, compilation. –

Où est aujourd´hui? dans un bocal, avec l´amibe? avec une gelée à pattes, dans l´océan? sous une seule cellule, dans votre sang?

Cependant le nouveau-né remuait un faible poing furieux et repoussait de soi un voile, était-ce de tulle, selon l´apparence, était-ce de temps… Il était tombé là-dedans dès le ventre de sa maman, et comme un nageur malhabile, flottait sur d´anciens regards et de séculaires rumeurs. Et la voix du psychologue ne lui arrivait que résonnante des voix de l´Histoire.

*
**

«… Et versa dessus des termitières et des fourmilières de phrases»
Léon-Paul FARGUE

Le psychologue s´approche de moi et me dit: «Ce que vous écrivez n´est pas drôle.

Toutefois, veuillez corriger: il est faux que j´ignore les excitations (on ne dit pas «signes») antécédentes; mais elles ne changent rien à ce que la sensation est un fait simple comme il est établi par mes travaux. Il y a sensation quand un excitant d´intensité suffisante frappe des sens; la sensation dépend de l´intensité de l´excitant; un excitant d´intensité suffisante est toujours perçu, votre affaire est du roman.»

– Amen, amen monsieur, c´est comme cela? l´excitant est à la porte de moi, et il entre ou il n´entre pas? s´il n´est pas assez fort, il reste en bas, je ne le connais pas?

– «Il y a un seuil de la conscience, nous l´avons établi avec Fechner. Si vous vous donniez la peine de nous lire, vous sauriez quel minimum d´intensité un excitant donné doit avoir pour être perçu, pour passer ce seuil.»

Oh monsieur, je ne vous ai pas extensivement lu, mais je vous respire, vous êtes statistiquement des milliers d´individus, vous n´avez qu´un dynamomètre en plus. Vous êtes le sens commun, vous avez tellement l´habitude d´être vivant que vous n´y comprenez rien. Vous dites que l´excitant frappe le nerf, et que la conscience est au bout du nerf, tout à fait au bout, pas dans l´antichambre, à la loggia du cinquième! «Frappez fort». Et il est bien vrai que plus l´univers fait de bruit, plus certainement la conscience ouvre. Cela vous a trompé; vous ne trouverez point le secret du monde.

La conscience est si loin, si loin, si loin du monde, monsieur, qu´elle ne lui ouvre jamais la première fois.

Vous étiez près du secret pourtant, professeur; cherchons-le donc dans votre langage!

Voici la loi du seuil, de Fechner l´ancêtre: «Une excitation n´est perçue que si elle atteint un certain point d´intensité. En dessous de ce point d´intensité, elle ne passe le seuil de la conscience.»

Voici le corollaire dangereux qui vous a perdu: «Pour que la sensation augmente d´intensité, l´excitant doit augmenter d´intensité.» (Aspect innocent du corollaire dangereux.)

Et, le laboratoire ayant usé 24.000 patiences (presqu´un sacrifice d´aztèques) sur la première partie de la loi de Weber, en voici, voici la seconde qui n´a jusqu´ici occupé personne: LA SENSATION AUGMENTE D´INTENSITÉ SANS AUGMENTATION D´INTENSITÉ DE L´EXCITANT SI LE SUJET A DÉJÀ SUBI DES EXCITATIONS ANALOGUES. Il semble que cela s´appliquât à un dégustateur de vins. O professeur! Peut-être est-ce une loi figurant quelque CHOSE qui sente scientifiquement le rôti?

*
**

«… Un certain point d´intensité…»

«En-dessous de ce point d´intensité…»

«… Pour qu´augmente, augmenter l´intensité…»

Ainsi la communication de l´univers à vous se ramène à une question d´intensité: mais vous croyez que cette intensité qui vous permet de percevoir quelque CHOSE, ne dépend que du signe actuel.

L´intensité de ce qui est là (quoi que ce soit).

Vous vous comportez humainement, ce qui est naturel, et scientifiquement, ce qui est plus grave, comme si vous le croyiez, quand la loi de Weber à laquelle vous croyez également vous prouve que l´intensité du signe excitant qui va tout de suite être brûlure, piqûre, lumière, poids, dépend extrêmement de ce qui n´est pas là.

L´Univers brille, brûle, sonne, existe à l´instant (qui ne le suppose!) mais n´atteint pas le JE d´un direct de l´instant (qui ne le croirait): il ne peut en aucun cas atteindre JE en un point où celui-ci n´ait encore rien encaissé, ce qui serait la sensation «pure». Qui est intact n´est pas touché. Qui n´est pas revêtu d´un dépôt de signes précédents ne résonne pas.

Quelle que soit l´intensité du signe présent de l´univers, si ce signe ne retrouve pas en vous du signe précédent, il égale zéro.

Si vous n´admettez pas qu´un seul signe qui vienne du monde, isolé d´une somme d´innombrables signes antérieurs préservés, égalât zéro et ne puisse absolument pas être perçu, vous essaierez de constituer la sensibilité sans cette somme précédente, – c´est ce que vous faites, – et vous manquerez, c´est ce qui vous arrive.

De cet «égale zéro», dépend que vous animiez l´univers. On vous défie de vous vêtir d´une sensibilité, si vous ne l´admettez. Pas de bleu, pas de rouge, pas de caresse, monsieur: vous resterez gelé, vous resterez gelée. Il faut, pour assurer ces délices que vous fondiez votre science comme les autres sciences enfin sur une hypothèse invérifiable. Il faut aller aux conséquences de la loi qui expose que l´intensité du présent est augmentée par un passé semblable et cela c´est vous qui l´avez vérifié: il faut pousser à l´extrême les conséquences du fait le plus fréquent, il faut écrire que sans passé il n´y aurait pas de présent.

L´hypothèse est invérifiable puisqu´il n´existe pas de sensibilité sans passé: cette inexistence permet d´imaginer littérairement qu´il en existe, mais autorise scientifiquement d´induire que c´est parce qu´une sensibilité sans passé est impossible, qu´elle n´existe pas.

Et cette relation d´inexistence à impossibilité, pour le fait le plus vital qui soit, conduit à un domaine aussi existant qu´inconnu.

«C´est vous qui aurez un zéro», répondit-il.

Quant au bon sens, vers quelque point d´interrogation qu´il se tournât, il n´avait pas encore compris ce que le conte cherchait. Le conte lui semblait embrouiller une question simple. Sentir? Autour du bon sens en effet, il y avait de quoi sentir, tout plein de quoi sentir plus qu´il n´en fallait, plus qu´on n´en voudrait, tellement, que sans la fatigue et quelques poisons il n´y aurait pas eu de moyen de s´en sortir et de dormir. Placé qu´on était dans un milieu bariolé de couleur, étonnant de son, insidieusement sapide, dont la molle dureté ne vous soutenait que pour vous assaillir, qui vous accablait de sollicitations sucrées, de présences polygonales et de névralgie, question imbécile, est-ce qu´on pouvait seulement ne pas sentir, avec ce bleu rouge vert lourd pointu froid aigu chaud doux boum amer débité en série par l´univers? Pour ne pas sentir il aurait fallu ne pas entrer dedans, on était dedans rien à faire. Si vous n´êtes pas content n´en dégoûtez pas les autres.

Car le bon sens avait autant de penchant pour l´excitation que le psychologue, c´est-à-dire. Et ils ne se croyaient séparés de ce trouble qualifié, tous les deux, que par un cheveu.

Cependant les instruments de la physique, contrôleurs des sens, et les noirs tableaux de la chimie dans l´espace, indiquaient inutilement que ni le ciel n´était bleu, ni le sang rouge, ni le sol dur, ni la neige froide, ni la peau douce, ni le sucre n´était sucré.

Abandonné du psychologue, du métaphysicien, et du bon sens, le conte s´arrêta. Pour poursuivre ce chemin. Or le chemin passait entre les circonstances de la vie, toutes incompréhensibles puisqu´on ne pouvait pas comprendre pourquoi on les sentait. Au bout de ce chemin était la mort: on ne sentait plus.

I. UN MISMO CERO

«En el dominio del conocimiento, el error es de orden científico, solo la confusión no lo es.»
                                                                                               René QUINTON

«A perfect consistency can be nothing but an absolute truth.«
                                                                                                             POE

*

«Dirán: es una cartilla para lectores infantiles… «
Katherine MANSFIELD

ALGO estallaba, a lo que solo le faltaba, para ser ruido, un oído. ALGO aparecía, a lo que, para ser luz, solo le faltaba una mirada. El Universo enviaba signos y solo era signo; pero la vida no existía opuesta al signo, y hubo millones de años de signos perdidos.

¿No es esta su opinión?, es el Universo el que ha comenzado. El mismo auxiliar del laboratorio de psicología lo sabe sin haber pensado nunca en ello: es el Universo el que ha disparado primero.

¿Cuándo hubo un Sujeto opuesto? No se dice cuándo; era nuevo, y de la más fácil impresión. El Universo lo alcanzaba: ¡toma, un olor!, ¡toma, un rayo en el ojo!, ¡toma, el ruido de la tormenta!, ¡toma, lo duro, lo rugoso, lo dulce, lo glacial!

Tan bien, que, en fin, el Sujeto, si miraba dentro de él, veía doble la gran imagen sonora, ardiente, amarga, dulce, agitada.

– La primera edición del Mundo.

¡Ay!

*
**

*

«Todo conocimiento al que no le ha precedido una sensación me resulta inútil.»
GIDE

Esta historia muy lejana y muy lenta se renueva todos los días, lo cual es muy feliz para la psicofisiología.

Todo vuelve a comenzar todos los días para alguien; hay una continua llegada de recién nacidos: esta ciencia lo cree, el sentido común, también, y no hay padre o psicólogo que no asista a la primera impresión del mundo.

Uno,

Dos,

Tres, cuatro, cinco, seis, diez, veinte… cien… mil…

Primer signo, la luz, sensación primera. Segundo signo, sensación segunda, un contacto. A la sensación número ciento cincuenta millones, el recién nacido, sin duda, comienza a conocer. A los treinta años, esta suma se llama, si es delicado, «enriquecer».

Una larga costumbre humana de este funcionamiento tan fiel y tan general ha hecho que se admita que el Universo y el Ser vivo podían corresponderse, y que la distancia entre ellos era la más pequeña posible: tan pequeña, que podía ser franqueada en un segundo; tan pequeña, que podía ser colmada por una mirada.

YO no avanzaría al borde de YO sin esfuerzo, atraparía el signo del mundo como coge una mariposa: es un olor, un color, un sonido…

Bastaría con que el signo fuera bastante fuerte, mediano; por debajo de una cierta importancia, YO no lo atraparía, – y eso no tiene importancia. O el signo enorme caería sobre YO como un sombrero: su ser está lleno de ello, llena  su piel, y la psicofisiología mide.

*

«De un mundo desconocido extraían su voluptuosidad.«
LECONTE DE LISLE

Si los sentidos son un poco engañosos, la estimulación no es menos segura; al psicofisiólogo no le gusta el misterio, solo necesita un instante: «Siento el Universo. Es un asunto convenido entre él y yo.» – Pero no, señor, se calumnia. Usted es para ese Objeto com-ple-ta-men-te extraño. No ocupa el mismo espacio. ¡Mírese!

NO ES VERDAD QUE LA DISTANCIA ENTRE UN SER VIVO Y EL UNIVERSO SEA PEQUEÑA.

NO ES VERDAD QUE ESTA SEA FRANQUEABLE POR EL SER VIVO.

NO ES VERDAD QUE UNA SENSACIÓN PUEDA CORRESPONDERSE NUNCA CON UNA SEÑAL DEL MUNDO.

NO ES VERDAD QUE UN SIGNO PUEDA PASAR NUNCA EL UMBRAL SENSIBLE.

NO ES VERDAD QUE HAYA SIGNOS PERDIDOS.

*

«Pues es necesaria una de estas dos cosas: o aprendemos de los otros lo real, o lo encontramos nosotros mismos.»
PLATON

Siento, luego existo.

¿Qué hace usted para explicar esto?

Coge a un ser vivo, no impresionado. Lo expone al universo, y va a pasearse. Cuando vuelve, el ser vivo está lleno de imágenes, de colores, de música, de formas, de olores y de temperatura. Cuanto más lo exponga, más tendrá él.

¿Acaso hay seres vivos que no se impresionen? No. Los hay indeterminados, pero nunca completamente malogrados; los malogrados no pueden vivir.

No existe nadie sobre quien la exposición no produzca nada. No existe nadie que no sea alcanzado por los signos del universo que el psicofisiólogo llama graciosamente «estímulos».

El Universo de repente da en el blanco sobre el ser vivo, y este siente. Para usted, es natural.

Sin embargo, ¿qué es usted, usted YO? Quítese lo que no es usted, quítese su nombre, sus elementos, y queda una presencia que SE ve. En frente está la diversidad del peso ciego, las «cosas», el Objeto. Lo que llama Universo. Lo que es incapaz de ver. Ahora bien, con usted, que no es objeto, y con él se hace una mágica mezcla, y usted siente.

SIENTE: el universo se casa con usted.

Vamos, ¿encuentra esto natural?

– Todo el mundo encuentra eso natural; los profesores, también.

Ay, sí. Ay, sí. Pero si comienzan por aceptar lo inaceptable, esta correspondencia fantástica entre el Objeto que solo es peso y el YO que solo es voto, para que una fracción del instante resuene, ¿qué otro problema intentan resolver?

*

Había un problema: este.

La metafísica acepta la sensación sin detenerse en ella y busca, aparte de este misterio, a un YO que no se revela, sin desvelarlo; la psicofisiología acepta la sensación como un viajero acepta el tren, y cree que, al medir su velocidad, mide la causa del viaje; el sentido común acepta la sensación como si el Objeto tuviera el deber de proveérsela, y además gratis, y, aunque a la medida, todo hecho.

*
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*

«Per non dormire…»
Gabriele D´ANNUNZIO

Casi nadie piensa en ello; pero, en fin, todos están de acuerdo para creer que en efecto tiene que existir una ley del sentir. Y sabemos que esta se busca en las Sorbonas.

Aislar una ley es observar unas condiciones, y las del sentir son evidentes. Demasiado, demasiado evidentes. La ciencia pasa de la evidencia, es un estado que no lleva a nada, un estado cerrado. Toda ciencia comienza por una hipótesis dirigida…

Pero las Sorbonas están cegadas por la evidencia: toman las dos condiciones necesarias y suficientes de la sensación, ALGO y alguien.

Y no hacen nada con ello.

Por tanto, es que esas condiciones necesarias no son suficientes y que el encuentro de algo y de alguien no produce un sentir en ningún caso, de ninguna experiencia, si falta un tercer término desconocido.

Y he aquí la hipótesis:

NINGÚN SER VIVO HA SENTIDO NUNCA UN PRIMER SIGNO DEL UNIVERSO.

*

**

*

¿Qué significa esta frase oscura?

Esto. Cojo a un ser vivo, no impresionado; lo expongo al Universo y espero, para ver lo que le hará el universo. ¡Maravilla de las maravillas!, el universo no lo alcanza.

– ¿Será, quizás, que el universo no ha hecho suficiente… ruido?

El profesor dice que por debajo de una cierta intensidad…

– Me habré explicado mal, entonces. En resumen: sujeto nuevo, Universo. ¡Universo, fuego!

– ¿Y bien?

– Y bien, nada.

Pero entonces, ¿por qué sentimos?

Hay un Sujeto; hay un Objeto; si, como intenta hacerlo entender, el universo yerra el sujeto, ¿cómo es que el sujeto es alcanzado?

– Y si es alcanzado, ¿por qué quiere que sea por este universo?

*

«Armarse con su propia sensualidad.»
SANTA  CATERINA DA SIENA.

El jardín de julio se extendía sin límites, pues los campesinos de esta región no elevan muros entre sus viñas, solo unos setos que tienen los pámpanos confundidos.

Un espacio de flores dividido por cuatro caminos derechos, donde dar cien pasos, dejaba volar la fantasía por cien hectáreas, de las cepas al cielo. Pero a sus pies, los amarantos, demasiado numerosos en cada tallo, redondos como mandarinas, con un abejorro en el interior, enviaban hasta sus rodillas un olor naranja; y en su mano el color de su sangre había hecho una sola rosa, y ella hacía más profundo el azul. Usted estaba sentado en un banco.

Eran las dalias lo que miraba, ellas se divertían ya en el otoño, estaban ya, esa mañana, en la fastuosa tarde; acompañaban ya con gritos abiertos las uvas que no estaban maduras, como en el canto de las vendimias pasadas.

De pronto comprendió los días pasados.

Resonaban bajo ese día, y no en su memoria; no estaban en su cuerpo, sino en las cosas, fuera, – mejor, estaban no se sabe dónde, entre las cosas y usted. No era recuerdo, sino sentir. Una fisura, una falla de tiempo, abierta más que en las entrañas de la conciencia, se reunía con un nuevo elemento, inagotable, turbación pura, donde los instantes pasados parecidos a este estaban prendidos.

Siento lo que ya he sentido.

Entonces ha pensado en la ley de Weber.

– ¿Qué ley de Weber? No he experimentado nada de eso. No estaba allí.

¡Oh, usted!, ¿qué importa si fue yo?, era un YO, y la historia es verdadera.

… Y entonces, ha percibido el pasado. (Este verbo y esta palabra nunca se han encontrado.)

En efecto, ante usted estaba el día, que nombraba una fecha, que tenía su edad; estaban, en efecto, la parra y el abejorro; y sobre el silencio lleno de cenizas ebrias y doradas, estaba, en efecto, la más alta nube que pasaba como una melodía de Schumann.

Pero esa cotidianidad terrestre, ese día de verano, no era nada, la magia no venía de su superficie, contenía más de lo que tenía ese día de julio.

No era la nube, tampoco la viña, el ala de oro, ni esas flores; y despertaba, nada más, octava tras octava precedente, otros cielos, otras flores, otros días multicolores que le cedían su color. Eran ellos los que se le mostraban como un signo, a través de un cristal encantado, – ellos, que todo lo teñían. Veo lo que ya he visto.

¿Qué le ha ocurrido? Hacía trampa, se salía del juego, sorprendía la verdadera materia: los universos engullidos recubrían a este. Consideraba este revestimiento del pasado en todas las cosas, que es transparente como el cristal, que es desconocido, que solo devuelve, cuando un corazón lo toca, el sonido que hace decir: «¡presente!», de los pies a la cabeza. En un latido de su corazón los días engullidos resonaban; su corazón era el que latía, los días eran inaccesibles, su corazón golpeaba el presente y el pasado vibraba. Latido de corazón tras latido de corazón, hacía que sus tesoros temblaran.

¿Estás ahí, Universo?

– Sí; me llamo «Ayer»…

En cuanto a la ley de Weber, esta dice que una impresión es más intensa si ha sido precedida de impresiones de su orden, y menos intensa, si impresiones de su orden son simultáneas. Ello sería aún una banalidad si Fechner no se hubiera servido de ello para buscar una ecuación del sentir, que al cabo de 24.576 observaciones estableció, y que es falsa.

Sin embargo, ese día, usted había pensado en Weber y en Fechner con ternura, pues estaba a unos centímetros de su secreto del mundo.

Sentir, sentir más. Sentimos más si hemos sentido. Sentimos lo que hemos sentido. ¿Cómo sentiríamos si nunca hubiéramos sentido?

¿SENTIRÍAMOS?

Un solo día sería agua clara, pero ahí se ha confundido el universo perdido: el agua suave, o bien amarga… ¡Hoy!,  te nombro «Ayer», y te hablo en verso.

Sí; y esos señores han buscado mucho lo que sería Hoy sin Ayer. La flor y nata de los profesores y un poco más: Herbert Spencer, Taine, William James… No entristezcamos a los seres vivos.

Hoy sin ayer, a esto lo llamaban sensación pura.

Incluso si era una sensación – en fin, usted comprende. Sin ayer, esta era pura, hiciera lo que hiciera. Desgraciadamente, era extremadamente difícil quitarle el ayer. En suma, que no se conseguía. Había que decidir coger a otro recién nacido; este, que nunca había sentido, partía de la sensación número uno.

Pero, aún más desafortunadamente, la sensación número uno era imposible.

Y si era imposible que una sensación fuera la primera, es que era imposible que un sujeto sintiera un signo del mundo que fuera el primero.

No hay para nosotros primer signo del universo.

Pues, como decía Perrault, «esta llave estaba encantada.»

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«¿Cuándo se arrancará el velo
Que arroja sobre todo el universo una noche tan oscura?»
                                                                                             RACINE

Inclínese más cerca, hay un inconveniente: hoy no se siente. Nadie ha sentido hoy, no hay hoy para nuestro mundo. El primer signo venido de NO-YO es para las especies a las que no pertenecemos. – ¿Animales?, tampoco: «Animales» contiene «ánima».

La psicología cabalga las edades, y no lo sabe. Cree medir Hoy: Hoy, ¿estás aquí? Pero el recién nacido al que aguijonea duerme en milenios de atención, el recién nacido que coge como la primera edición, el recién nacido aglomeración, compilación. –

¿Dónde está hoy?, ¿en un tarro, con la ameba?, ¿junto a una jalea con patas, en el océano?, ¿bajo una sola célula, en su sangre?

No obstante, el recién nacido agitaba un débil puño furioso y se quitaba de encima un velo, ¿era de tul, según la apariencia, era de tiempo…? Había caído ahí dentro desde el vientre de su madre, y como un nadador inexperto flotaba sobre antiguas miradas y seculares rumores. Y la voz del psicólogo solo le llegaba con la resonancia de las voces de la Historia.

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«… Y vertió frases sobre termiteros y hormigueros»
Léon-Paul FARGUE

El psicólogo se me acerca y me dice: «Lo que escribe no es divertido.

Sin embargo, corrija, por favor: es falso que ignore los estímulos (no se dice «signos») precedentes; pero estos no cambian nada en cuanto a que la sensación sea un hecho simple, como se establece en mis trabajos. Hay sensación cuando un estímulo de intensidad suficiente golpea los sentidos; la sensación depende de la intensidad del estímulo; un estímulo de intensidad suficiente siempre es percibido. Su asunto es propio de una novela.»

-Amén, amén, señor, ¿así es?, ¿el estímulo está en mi puerta, y entra o no entra?, ¿si no es bastante fuerte, se queda abajo, y me quedo sin conocerlo?

– «Hay un umbral de la conciencia, lo hemos establecido con Fechner. Si se tomara el trabajo de leernos, sabría el mínimo de intensidad que debe tener un determinado estímulo para ser percibido, para atravesar el umbral.»

Oh, señor, no le he leído de modo extensivo, pero lo respiro, usted es estadísticamente millares de individuos, lo único que tiene de más es un dinamómetro. Es el sentido común, está tan acostumbrado a estar vivo, que no comprende nada de ello. Dice que el estímulo golpea el nervio, y que la conciencia está al final del nervio, completamente al final, ¡no en la antecámara, ni en la galería del quinto! «Golpee fuerte». En efecto, es verdad que cuanto más ruido hace el universo, con mayor certeza abre la conciencia. Eso le ha engañado; no encontrará el secreto del mundo.

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La conciencia está tan lejos, tan lejos, tan lejos del mundo, señor, que nunca le abre la primera vez.

Sin embargo, estaba cerca del secreto, profesor; ¡busquémoslo, pues, en su lenguaje!

He aquí la ley del umbral, de Fechner el ancestro: «Un estímulo solo es percibido si alcanza un cierto punto de intensidad. Por debajo de ese punto de intensidad, no atraviesa el umbral de la conciencia.»

He aquí el corolario peligroso que le ha perdido: «Para que la sensación aumente de intensidad, el estímulo debe aumentar de intensidad.» (Aspecto inocente del corolario peligroso.)

Y, tras haber usado el laboratorio a 24.000 pacientes (casi un sacrificio de aztecas) en la primera parte de la ley de Weber, he aquí, he aquí la segunda de la que hasta ahora nadie se ha ocupado: LA SENSACIÓN AUMENTA DE INTENSIDAD SIN AUMENTO DE INTENSIDAD DEL ESTÍMULO SI EL SUJETO YA HA SUFRIDO ESTÍMULOS ANÁLOGOS. Parece que eso se aplica a un catador de vinos. ¡Oh, profesor! ¿Acaso es una ley que representa ALGO que siente científicamente un asado?

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«… Un cierto punto de intensidad…»

«Por debajo de ese punto de intensidad…»

«… Para que aumente, aumentar la intensidad…»

Así, la comunicación del universo con usted se reduce a una cuestión de intensidad: pero cree que esta intensidad que le permite percibir ALGO solo depende del signo actual.

La intensidad de lo que está ahí (sea lo que sea).

Usted se comporta humanamente, lo que es natural, y científicamente, lo que es más grave, como si lo creyera, cuando la ley de Weber en la que cree igualmente le demuestra que la intensidad del signo estimulador que va enseguida a ser quemadura, pinchazo, luz, peso, depende extremadamente de lo que no está ahí.

El universo brilla, quema, suena, existe en el instante (¡quién no lo supone!), pero no alcanza al YO con un puñetazo del instante (quién no lo iba a creer): en ningún caso puede alcanzar al YO en un punto en el que este aún no ha atesorado nada, lo que sería la sensación «pura». A quien está intacto no se le alcanza. Quien no está revestido de un depósito de signos precedentes no resuena.

Cualquiera que sea la intensidad del signo presente del universo, si ese signo no encuentra en usted un signo precedente, es igual a cero.

Si no admite que un único signo que viene del mundo, aislado de una suma de innumerables signos anteriores preservados, es igual a cero y no puede en modo alguno ser percibido, intentará constituir la sensibilidad sin esta suma precedente, – es lo que hace, – y fallará, que es lo que le sucede.

De este «mismo cero» depende el hecho de que anime al universo. Le desafiamos a que se vista de una sensibilidad, si no lo admite. Nada de azul, ni de rojo, ni de caricia, señor: se quedará helado, se quedará helada. Es necesario, para asegurar estas delicias, que funde su ciencia como las otras ciencias, en fin, sobre una hipótesis no verificable. Es necesario ir a las consecuencias de la ley que expone que la intensidad del presente es aumentada por un pasado similar, y eso es lo que ha verificado: es necesario que llevemos hasta el extremo las consecuencias del hecho más frecuente, es necesario que escribamos que sin pasado no habría presente.

La hipótesis no es verificable porque no existe sensibilidad alguna sin pasado: esta inexistencia nos permite imaginar literariamente que existe, pero nos autoriza a inducir científicamente, dado que una sensibilidad sin pasado es imposible, que no existe.

Y esta relación entre la inexistencia y la imposibilidad, para el hecho más vital que exista, conduce a un dominio tan existente como desconocido.

«Es usted la que tendrá un cero», respondió él.

En cuanto al sentido común, hacia cualquier punto de interrogación que se girara, aún no había comprendido lo que el cuento buscaba. El cuento le parecía embrollar una cuestión simple. ¿Sentir? En torno al sentido común, en efecto, había algo que sentir, había mucho que sentir, más de lo necesario, más de lo que se quisiera, tanto, que sin el cansancio y algunos venenos no habría habido medio de salir de ello y de dormir. Si estuviera en un medio de abigarrados colores, de ensordecedores sonidos, insidiosamente lleno de sabor, cuya blanda dureza solo lo sostuviera para asaltarlo, que lo agobiara con dulces invitaciones, con presencias poligonales y con neuralgia, pregunta imbécil, ¿acaso se podría dejar de sentir, con ese azul rojo verde pesado afilado frío agudo cálido dulce boom amargo lanzado en serie por el universo? Para no sentir habría sido necesario no entrar dentro, si se estaba dentro, nada que hacer. Si no está contento, no haga que los demás sientan aversión.

Pues el sentido común tenía tanta inclinación por el estímulo como el psicólogo, ya es decir. Y ellos dos no se consideraban separados de ese desorden cualificado sino por un cabello.

No obstante, los instrumentos de la física, controladores de los sentidos, y las negras tablas de la química, en el espacio, indicaban inútilmente que ni el cielo era azul, ni la sangre roja, ni el suelo duro, ni la nieve fría, ni la piel dulce, ni el azúcar azucarado.

Abandonado por el psicólogo, por el metafísico y por el sentido común, el cuento se detuvo. Para proseguir este camino. Ahora bien, el camino pasaba por medio de las circunstancias de la vida, todas incomprensibles: no podíamos comprenderlas porque sentíamos. Al final de este camino estaba la muerte: ya no sentíamos.

II. MON MAL, MON PLAISIR, MON TOUT,
C´EST UN ROND ET VOILÀ TOUT

 

«Quand il parle, rien ne pousse.»
Léon-Paul FARGUE

«Quand il s´ennuie, il croit qu´il pense.»
Alphonse DAUDET

Les conditions de la sensation sont: un sujet; un objet, origine d´un excitant-signe.

Pour la psychologie, l´excitant-signe atteindrait directement la conscience du sujet et y serait perçu s´il est d´intensité supérieure à une certaine valeur; s´il y est inférieur, il ne passerait pas le seuil de la conscience.

Il suffirait donc en tous les cas de faire croître l´intensité de l´excitant-signe jusqu´à passer la valeur limite: et il serait perçu, senti.

Cependant l´expérience a établi que les consciences ayant déjà reçu une quantité (d´ailleurs inconnue) d´excitants-signes, étaient d´un seuil plus bas, étaient plus pénétrables.

Or toutes les consciences sans exception, par hérédité, ont reçu un nombre (incalculable) d´excitants-signes de l´univers.

Toutes les consciences sans exception ont donc un seuil abaissé devant le signe actuel et, pour que ce signe ne pût absolument pas en franchir aucune, il eût suffi que ce nombre (incalculable) de signes précédents n´ait pas été.

L´homme en chaire perdit son dynamomètre dans sa barbe et ne répondit rien car ceci était parler dans son langage. Et ceci indiquait que le facteur d´intensité de la sensation n´était pas seulement le signe présent, mais la masse précédente de signes du monde.

Toutefois pour lui comme pour le bon sens, cette Masse n´importait pas. Elle importait à titre d´ornement, elle n´importait pas à titre de Cause.

Le bon sens et le psychologue se comportaient entièrement comme si, la masse de signes précédents de l´univers ôtée, ils se fussent trouvés tout de même en face de l´univers. Car, pour le psychologue et pour vous, la perception avait la forme d´un trou.

Un trou. Un anneau d´épaisseur inappréciable que les signes de choses traversaient avant de s´évanouir. (En contact des bords, c´était le présent; au-dessus des bords, l´avenir; au-dessous, rien à retenir.) Où vont les rayons qui vous touchent? où sont les odeurs? Mais où va le regard fait du signe des rayons?

Dans le trou, derrière vous?

Saisir, lâcher. Saisir, – lâcher. Vous vivez, attendez, vous avez, vous perdez. Sentir, oublier. Ce qui est la valeur même, l´importance même; ce à quoi vous êtes attentif; de vos viscères à votre vapeur ce qui vous a captif, – sa valeur décroît à rien et son importance, comme votre cœur n´a pas battu deux fois.

Où est-ce? Qu´en avez-vous fait?

O quel vivant se trouvera enfin fatigué de recevoir sans retenir?

Oublier, sentir, oublier, sentir. Il tombe, il se défait de vous à chaque instant un son, un goût.

………………………………………………………..

«Plus l´organe aura reçu dans un temps précédent d´excitations analogues par des causes analogues, moins l´excitation actuelle devra être intense pour être perçu»…

Comment la saveur passée grandit-elle cette saveur, si elle s´est perdue?

*
**

«Au millieu d´elles estoit
Un cofre oú le Temps mettoit
Les fuseaux de leurs journées,
De courts, de grands, d´allongez,
De gros et de bien dougez,
Comme il plaist aux Destinées.»
RONSARD

 

Une condition de conte de fée, par décence tue des psychologues, était à l´origine du sentir: TU SENTIRAS À CONDITION D´AVOIR SENTI.

Aujourd´hui était on ne sait où, serpent infini, – pas ce rayon-ci, pas la voix dehors, pas le choc si doux du temps sur ton corps; il était ailleurs.

Ce qui ne privait pas la science des sensations de procéder comme si quelqu´excitant premier, sans plus, était perçu, pourvu qu´il ait l´accent voulu: excitez et servez chaud. Le sujet sentirait l´objet subitement, ce serait un phénomène direct, le Tout-Présent recevant le Tout-Fait. Or l´un n´était pas plus un Moi que la statue de Condillac, l´autre était un mythe; et des travaux considérables, des mesures d´une précision exquise, s´appliquaient à cet inexistant et à cet impossible.

Le Traité du vieillard bien en chaire ne faisait pas état d´hier.

Pourtant TU NE SENTIRAS RIEN SI RIEN EN TOI N´A DÉJÀ SENTI. – Aucun bout dans cette aventure.

Mais comme chacun voulait un sentir original, neuf à tout coup, un sentir premier, servant une fois, qui vous laissât veuf, d´où l´on sortit nu, les plus beaux textes confirmaient le triste manuel à penser, – et ils n´arrêtaient pas, hélas, la Parque de filer. «Ma subite sensation était du premier coup si intense qu´elle ne s´augmentait ensuite par aucune répétition» écrivait André Gide nonobstant ses deux mille générations de pères.

Subite.

L´ingrat.

 

*
**

C´est ainsi que SENTIR, événement surgi de la vie, la recouvrant, la rendant folle, l´avait occupée au point que les plus attentifs des vivants croyaient sentir du seul fait de vivre, alors que sentir était un prodige, une victoire.

Sentir n´était pas naturel.

Malheureusement pour la solution du problème, sentir était devenu naturel. Du moins, aux hommes. Donc la biologie, si peu mystique, tant évolutionniste qu´elle fut, plaçant en longs tableaux les espèces montant de l´obscurité première, vers le jour, vers ce miracle qui jetterait un végétal tranquille, une algue, un champignon, dans le plaisir, – mais du champignon jusqu´à sentir la biologie ne manquait pas d´inscrire des temps considérables, et ces temps étaient l´expression et comme le scientifique aveu de ce que la vie n´a vraiment rien qui la lie à la sensation.

Et puis l´homme, qui n´avait pas à attendre, qui sentait immédiatement, pour celui-là le premier coup était le bon. L´homme ne s´étonnait pas de sentir, et il ne s´étonnait pas que son ancêtre le plus extrême, sous le verre d´un cristallisoir, ne sentît point.

«Ma première sensation, disait l´homme, était du premier coup si intense qu´elle ne s´augmentait ensuite par aucune répétition.»

Cependant la biologie ayant mis Adam hors de cause, avait gardé l´hérédité, aucun homme n´était le premier; et la première sensation actuelle, était à l´infini.

Il est difficile de savoir si l´homme «descend» (pourquoi pas monte?) d´espèces plus simples; la question reste ouverte, elle n´importe pas dans l´explication du sentir. Ce qui importe, c´est ce fait, aussi bête que la chute des pommes, que nul sentant ne soit le premier à sentir. La chute des pommes avait étonné au moins un esprit, le super banal se trouve ici.

On n´avance donc rien qui dépasse l´expérience en écrivant:

Tout sentir actuel a lieu sur de la chair ayant senti.

Mais on peut écrire cela mieux, et qui ne sait que le diable sort des termes posés pourvu qu´on les ait mis dans un ordre secret?

Ainsi:

«Pour obtenir ce phénomène qui s´appelle du sentir, il faut:
                    un excitant actuel,
                    une chair ayant senti

Ou encore:

                    un excitant actuel,
                    une chair,
                    une certaine valeur de sentir accumulée chargeant cette chair.»

À présent, on peut avancer.

Plus de philosophes, des ingénieurs! des mécanos, des bricoleurs!

Sentir, c´est une affaire de contact, cela ne se passe pas dans la grammaire. Ici, les frères! Il faut faire le montage avec ce qui est assuré, il faut s´en tirer avec ce qu´on a, sans les vieux messieurs, en désespérés…

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Une chair.
Un excitant actuel.
Une charge de sentir dans la chair.

 

La chair d´abord.

Eh bien, c´est du protoplasme. Mais encore? Rien de bien nouveau, les mêmes quatre atomes (H, O, C, N), parfois quelqu´autre mais les quatre avant tout, en arrangements qu´on n´a pas fini de dénombrer, un puzzle pesant. Ils sont ailleurs aussi, non chair, leur particularité dans la chair est de s´unir en énormes molécules. Alors que dans une molécule de matière inerte ils sont à peine plus d´une douzaine (19 pour les matières colorantes d´aniline, c´est-à-dire qu´ils se répètent 19 fois autant de fois 19 qu´il y a de molécules dans la quantité du produit), dans la chair ils se répètent jusqu´à cent soixante mille fois par molécule.

La conséquence est que ces assemblages sont instables dans certaines conditions, plus stables en d´autres: ceci concerne la vie et non le sentir. Leur état est dit colloïdal, ils s´agglutinent autour de deux d´entre eux (H, O). Ils s´agglutinent en une sorte de recette culinaire aqueuse: la chair. La chair, puzzle à quatre atomes qui font colle, répétés par groupes de cent mille. Aucune indication ici de sensibilité.

L´excitant ensuite: c´est ce qui vient de l´Objet et trouble le corps.

Par exemple:

      Air de l´Excitant
Il y a du jaune au Kamtchatka
Et du pointu sur la barrière
Il y a du sent bon par derrière
Il y a de chaud où je ne suis pas
       Oh la la.

Mais ce n´est pas vrai, mon vieux Thomas!

Il n´y a pas de jaune où il n´y a pas d´œil, il y a des fréquences de points pareils; il n´y a pas pointu sans ton doigt mais des nombres vibrant comme ça; il n´y a de parfum sans l´odorat, etc.

Qu´est-ce qu´il y a? du pondérable qui se balade, voyez salade; de la quantité de grain qui frémit. C´est cela l´excitant, le ce que tu sens.

Or, ce grain est tout puisque la matière est faite de grains. Dust. Poussière. La physique le sait, et si la Bible l´a écrit, l´on peut expliquer une bible physicienne par le sable parfait du désert qui coulait entre les doigts des prophètes; chaque fois que la Bible épousera la physique nous les divorcerons avec diligence, car nous tenons à l´estime des collèges. Ceci dit, les grains et les sous-grains qui sont le monde mettent les hommes en face d´une situation extraordinaire.

Les grains n´ont pas de couleur. Ils n´ont pas de saveur. Ils ne peuvent rigoureusement pas faire de bruit. Ils ne sont ni chauds ni froids ni ne peuvent l´être.

Mon vieux, tiens-toi, cela devient effrayant. Mettons-nous à tous pour trouver l´origine du charme. Parlons-en au plus près…

J´ai chaud pourtant, le ciel est bleu. Tu entends pourtant le haut-parleur d´en face; tu fais la différence entre le sel et le sucré.

Mais les grains ne sont pas salés.

*
**

«Legousin a thelousin
A legousin ou melei moi…»
(Chanson d´ancien grec.)

Écoute, faisons l´idiot, ils diront ce qu´ils voudront. Nous, nous voulons comprendre; pour comprendre, il faut voir qu´on ne comprend pas. Avance.

Il y a la matière, c´est du grain. Ça, ça existe, qu´on y soit ou non introduit; et ça n´aura jamais de couleur, et ça ne fera jamais de bruit. Pourtant dès qu´on y est, dès que j´y suis, – et je n´ai pas besoin d´être Vélasquez, d´être Wagner, – c´est coloré, sonore: c´est mol ou bien résistant, sucré, odieux, charmant. C´est excitant. Le psychologue dit: «L´excitant», tu l´entends.

Mais où prend-il le jaune, cet enfant? Où prend-il le son?

Jeanne achète une boule de bleu et teint l´étoffe; elle croit d´ailleurs qu´il existe de bleu à l´état séparé, en quantité indifférente sur la terre; mais le bleu n´existe pas, du moins sans Jeanne ou son prochain; ce qui existe, c´est le grain, qui n´est jamais bleu ni sonore.

Vous n´avez pas l´air de me croire. Si vous ne croyez pas, comme Jeanne, que la couleur soit une chose, une chose de plus qui recouvre les autres de sa pellicule, vous croyez cependant que la couleur est toute faite dans le rayon de soleil. Le bouchon de carafe, l´arc-en-ciel… Cependant il n´y a pas plus de preuve de l´arc-en-ciel, que du Ciel. Quand le grain excite en vous une émotion bleue, il est aussi bizarre, aussi non-grain, que s´il excitait en vous la semblance de l´Ange Gabriel. Ce langage affreux va-t-il susciter une réplique de la revue Études? qu´elle envoie le physicien de ses Pères, nous n´avons rien dit. Nous voulons précisément savoir où est le jaune, absolument! Car il n´y a pas de couleur dans la matière.

Si la couleur est en dehors de cet univers, – pas de ciel visible; ailleurs, impensablement ailleurs, – il se peut que ce soit là où l´ange est possible; alors Langevin et Picasso l´abandonnent, cela s´entend.

Mais, comme les autres qualités sont du même ordre et tout aussi absentes du grain, elles se trouveraient appartenir au même Ailleurs, de toute évidence. Quel ailleurs?

Ne nous excitons pas sur ces excitants, ils ne sont pas dans le grain, unique certitude. Sont-ils au Ciel de la revue Études? Le Père directeur hésite à les accepter, il n´est pas comme le psychologue, il ne tient pas au rose, au sonore, au sucré. Il ne comprend rien à la dernière phrase du Credo, il est né trop tôt.

Assez de variations: l´exposé.

 

Il y a l´univers grain de Messieurs Langevin, Einsteins, et l´univers musicien. Tout le monde l´aime mieux, l´univers deux… Faut-il le tenir pour un rêve? Je rêve sucré, je rêve do dièze, la bémol; je rêve vert.

Pas du tout, car je ne rêve pas par moi seul. Pour que je rêve ce rêve éveillé, il faut du grain. Aha! voici la question. Et mon rêve vert, mon rêve do dièze, correspond toujours à certains états du grain. Admirable observation.

Quels états?

Que fait le grain pour que je le respire sucré, pour que je le sente lourd, pour que je le sente fade…

Le grain et moi nous sommes deux vérités, deux réels. À la recherche du réel troisième sans lequel il n´y a pas de plaisir… Si tu poses la question à côté, tu es perdu.

*
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Pour le bon sens, il n´y a pas de question: l´excitant est partout. Pour le Penseur, tu le fais comme tu fais la fièvre: tu as un accès de jaune, de piquant, d´aigu. Cela revient à dire que pour les uns l´excitant existe dans le grain de matière, et pour les autres, en toi seul.

La première opinion est infirmée pourvu qu´on ait un peu de Physique; la seconde l´est pourvu qu´on en ait beaucoup.

Faut-il devenir fou? ouvrir les portes de la Philosophie? Nous voulons vivre, évitons-les!

Vivre, c´est REGARDER, comprendre et recréer.

Qu´est-ce qui t´est donné? le grain, et toi.

Bricole, arrange, vois comment cela peut faire de la qualité…

*
**

«Poser le problème d´un excitant, c´est le poser pour tous. Rameau l´avait compris.»
Ch.HENRY, Cercle Chromatique.

C´est le grain qui nous a sauvés. Enfin, sauvés à demi, laissé entrevoir l´excitant encore nu; ou plutôt ce sont quelques excitants qui se sont trahis: le «son», la «couleur», la «température»… Nous sommes Champollion devant les hiéroglyphes: il lui a suffi d´un mot connu. Nous sommes le cryptologue devant la dépêche chiffrée: qu´il ait une lettre, il a tout.

Mais nous! Ah cher idiot, si tu as le do, tu as le salé, si as le froid, tu as le pointu! Car évidemment il suffit de ramener les excitants incompréhensibles aux excitants qui sont compris: ceux-ci répondent pour les autres; à l´aide de ceux-ci, l´on pourrait déchiffrer.

Et voilà ce qui s´est trouvé.

L´excitant son est le fait des grains voués au silence, mais ce qu´ils font pour que le son existe, on le sait; l´excitant couleur est le fait de grains incolores, mais on sait ce qu´ils font pour qu´existe la couleur; mais l´on sait ce que font les grains pour être glacials ou tièdes, eux qui ne sont jamais chauds ni froids.

Ils font…

Quoi?

– Trois petits tours.

– Tu te moques de moi.

– Se moque-t-on du secret du monde? et quand on donne sa vie pour le savoir, n´entends-tu pas qu´il faut en parler sans façons?

L´excitant est un rond.

 

«O parfums balancés!»
Anna DE NOAILLES

Ce serait intéressant de ramener chaque excitant à ce qu´il est à l´origine; dévoiler le réel. L´étude de la connaissance commencerait alors pas un tableau:

Excitant température: effet produit sur nous par la vitesse des molécules du milieu ambiant (chaud, froid, ce n´est pas donné par l´univers).

Excitant poids: effet produit sur nous par les durées des vibrations atomiques (lourd, léger, ce n´est pas donné par l´univers).

Excitant son: effet produit sur nous par certaines valeurs du mouvement vibratoire des molécules du milieu ambiant (do, ré, mi, – bruit, – ce n´est pas donné par l´univers).

Excitant couleur: effet produit sur nous pas certaines valeurs de vibrations non plus de molécules, non plus d´atomes, on descend, mais de corpuscules singuliers rayonnés par les atomes (rouge, bleu, ce n´est pas donné par l´univers).

Etc. etc. etc.

Les excitants divers ainsi ramenés à une particularité de la matière (et que ce soit, avec des différences de valeur, toujours la même, enseigne ce qu´est le monde à la fin des fins), l´on pourrait au moins tenter de comprendre comment cette particularité nous atteint; mais la Psychologie n´aime pas ces recherches naïves, ni s´occuper de montages, bricoleur! Elle s´occupe de tests. Sais-tu ce que c´est qu´un test? C´est te faire réciter l´alphabet à rebours en te tirant un coup de revolver entre les pieds, ce qui permet, au moyen d´un calcul simple, d´établir que tu es un crétin.

Poursuivons le chemin. Posons les grandes questions. L´excitant est un rond, comment le reçoit-on?

Cette recherche ne peut avoir de fin heureuse que si l´on se met en tête la défense de jamais appeler l´excitant par son nom, comme fait le psychologue, cet enfant. Ne jamais dire «son» ou «couleur», «do», «lourd», «sucré»: c´est se donner la solution, et elle est fausse. Appeler l´excitant comme on voudra pourvu que le nom n´indique pas qu´il a résonné. L´appeler «ce» si l´on veut, ou faire précéder son nom d´un doute qui le mette au futur: «Peut-être rose», «peut-être do», «peut-être dur», car dans l´instant, avant de t´atteindre, il n´est pas rose, il n´est pas dur, il est une sorte de bague ondulante.

Où va la bague? C´est simple pour tout le monde: elle entre en contact des sens et voilà.

Tellement simple, que si cette opinion correspondait au vrai, l´Univers serait le chaos.

D´eux seuls, les sens ne peuvent pas sentir sans une charge précédente de sentir, du moins cela n´a pas lieu; que cet événement se réalise en quelqu´autre Univers nous n´en savons rien; comme c´est de celui-ci qu´il s´agit, on prendra les conditions d´ici:

Une chair à quatre atomes principaux, un excitant, c´est-à-dire un rond, et une charge bizarre, inlocalisable, innommable, qu´on peut appeler au neutre «du déjà-senti».

Du déjà senti… c´est-à-dire l´inimaginable, le gratuit, de la littérature, le tout-ce-qu´on-peut-imaginer…

De quoi s´en jeter plein la vue, pas de quoi s´expliquer.

*
**

Pas de quoi résoudre. Car c´est un problème.

On ne le pose pas, parce qu´on est au milieu de la danse; même les auteurs de laborieux travaux ne le posent pas; même l´admirable patience de l´ANNÉE PSYCHOLOGIQUE ne le pose pas, – quand de la première molécule au dernier corps de cet Univers de malheur, tout voudrait bien savoir, mais quoi, monsieur? la distance à soi de la nébulose d´Andromède? l´action du pneumogastrique sur le génie? pourquoi un demi d´m-v-deux est perdu? Avec quel rayon bombarder le blanc d´œuf? Ô, un point d´interrogation par homme, et autant de chercheurs qu´il y a d´étoiles, et le Problème, entre les étoiles, sans tête-refuge où se poser!

Il est trop simple; personne ne l´a énoncé.

Problème:

La couleur jaune n´existe pas hors de moi,

La note do n´existe pas hors de moi,

Le chaud, le froid, n´existent pas hors de moi,

Et cœtera… et cœtera…

Mais:

À la place de la couleur jaune il y a 520 milliards de kilocycles.

À la place de la note do il y a 261 vibrations par seconde.

À la place du froid, du chaud, il y a cinquante mètres par seconde de plus ou de moins, fréquence et vitesse de grains.

Et comme il n´existe pas une qualité, une seule où je ne suis point.

Il existe rigoureusement, exclusivement, absolument: 1, 2, 3, et cœtera 5. Et il se passe qu´avec exclusivement, rigoureusement 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9 quand je parais,

Je fais do, chaud, bleu, dur, mol et cœtera sucré.

Je puis dire qu´une sensation, c´est une danse de nombre; que les valeurs différentes de l´agitation de tous ces corpuscules-numéros, et rien que ces valeurs d´agitation, me troublent, me ravissent, me dépriment, me font me plaindre. Mais je ne puis pas expliquer ce pouvoir sur moi de la multiplicité lorsqu´elle danse, ni mon pouvoir de la transfigurer, enfin qu´avec 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, je sente le monde.

*
**

Ici interviennent Jean et le phonographe.

C´était il y a très longtemps, nous étions très petits, celui qui te parle faisait le malin, il a beaucoup changé.

Les premiers phonographes, à inscription mécanique, étaient réversibles; l´on pouvait s´amuser à graver la cire soi-même, en chantant devant le pavillon, puis à s´entendre. Jean n´en finissait pas d´être étonné, en quoi il dépassait l´autre de toute la distance qu´il y a de la question à l´assurance.

«Ce que je ne comprendrai jamais, disait-il, c´est que ces tracés fassent ma voix…»

– C´est très simple, voyons, répondait le malin, la membrane vibre, les vibrations sont sonores.

«… Tout de même!…» soupirait Jean.

Et il avait bien raison.

*
**

La chair de Jean était de l´atome insensible; l´excitant était du rond… Résultat: l´ouverture des Maîtres Chanteurs.

Jean ne savait rien de sa propre poussière, et ne se figurait rien d´un mouvement vibratoire; se fut-il représenté précisément ceci et ceci, que son étonnement aurait cru. Une onde fait sentir des atomes! Tu te rends compte?

– C´est qu´ils sont vivants.

– Quoi, vivants? est-ce qu´un arbre entend Le beau Danube bleu?

– Il faut les sens… heu…

Les sens seraient de petites bêtes très malignes à sécrétion enchantée, l´animal œil, l´animal oreille, la bête de ton nez, la bête de ton goût, elles mangeraient du rond exclusivement, le digèrent en bleu, le digèrent en doux. – Cette notion n´est pas scien-ti-fique. Alors, simplement constater: les sens, c´est-à-dire des atomes mécaniquement disposés, s´ils reçoivent des ronds de certaine valeur, entendent l´ouverture des Maîtres Chanteurs.

Oui. Mais… En vertu de quoi? Je vais t´avouer une chose ravissante: c´est que tu crois que l´ingénieur sait en vertu de quoi; mais l´ingénieur croit que le physiologue le sait, car lui ne le sait pas; et le physiologue croit que le physicien le sait; et le physicien ne le demande pas.

*
**

Il reste la CHARGE à regarder.

Pour la charge cependant, on est au noir. Une accumulation de sentir, c´est presqu´aussi vague que cette invention d´autant moins explicable qu´elle est classique dans l´enseignement: l´association des idées. «Le club d´idées!» non, ils nous font mal. Viens avec moi, Émile. Ecoute un peu, la charge de sentir, c´est ce qu´on a senti, tu es d´accord?

On a senti de l´excitant, cela ne fait pas question. Donc la charge de sentir est une accumulation d´excitants. Suis-moi bien, ça va marcher: l´Univers t´excite avec quoi? avec du jaune, salé, pointu? tu ne le crois plus, c´est 1880, c´est cucu. Il envoie son action, bibi, du mouvement, c´est tout.

En conséquence, la charge de sentir est matériellement une accumulation de mouvements, et si du mouvement matériel te gêne, je te fais observer que tu dis à propos de n´importe quoi que tu «n´as pas le temps matériel», ce qui est encore plus fort (si fort que tu rejoins alors les calculs les plus forts).

 

En se défendant quelqu´imagination gratuite qui soit, il faut voir un vivant ainsi: c´est un édifice d´atomes les mêmes que ceux du monde; associée l´on doit se demander comment, accumulée l´on doit chercher où, se trouve une Existence mobile; elle est faite de tourbillons.

Maintenant l´ajustage va devenir très ennuyeux pour les Penseurs car il va devenir précis.

Admis qu´il existe dans toute chair cette charge mobile faite d´excitants passés, il y a un phénomène le plus général, universel, qui donne le modèle du fonctionnement de la sensation. C´est la résonance. – Physique 3e année.

Il ne s´agit pas de bruit. La résonance est seulement le mariage parfait (et donc l´addition) de deux formes pareilles de l´énergie. Pour parler homme: deux mouvements collent. Par exemple, deux pendules de longueur égale entrent en résonance; une balançoire entre en résonance avec l´impulsion si l´impulsion a la forme de son mouvement. Que si tu pousses une balançoire dont le mouvement a une certaine période, ton mouvement collera au sien s´il a même période; la balançoire «résonnera», elle avalera ton impulsion comme un phoque, le pain. Bien. Sais-tu d´où cela vient? Cela vient du Grand principe de Maupertuis, d´Hamilton, d´Einstein, hein. Tout simplement. Et au fond c´est triste, mon copain. Cela vient de la nature de la nature, je recule le moment de te le dire, heureusement tu as filé au bout du coin, personne n´en saura rien. C´est le principe de moindre action. Il exprime une basse aventure, celle de la matière, celle de ce qui a été: LA MATIÈRE AIME RECOMMENCER. Pas moi. L´homme varie ses dessins. Or, dans l´Univers, tous les dessins semblables s´aiment: c´est le bon moyen de ne pas se donner de la peine: ce qui est pré-fait, se fait.

Quoi que ce soit de pondérable (de matériel) est ainsi esclave, par moindre action, de la résonance étant coalescence de deux mouvements qui ont même forme, c´est-à-dire qui n´ont en quelque sorte rien à «faire» pour se recouvrir.

Et ce serait le montage du SENTIR.

Avant tout, même quand son objet est «immobile», toute sensation est phénomène dû à une émission. Et c´est pour cela que son montage est celui de la résonance. Circuit accordé.

La sensation est restée un prodige insoluble à cause de l´illusion de l´immobilité, ce ne pouvait pas être autrement au temps de la physique précédente, sans doute l´extrême difficulté de la physique d´aujourd´hui excuse la psychologie d´aujourd´hui de ne pas appliquer à ses problèmes; le grand Charles Henry seulement, compté pour maniaque, essayait en s´aidant des données enfin acquises sur les mouvements ondulatoires, de trouver quelque CHOSE qui dans le corps pût résonner aux signes du monde.

Mais il croyait avoir le droit de figurer le résonateur par un élément cellulaire, c´est-à-dire exclusivement pondérable, ce qui entraînerait d´une part des difficultés thermodynamiques dont il n´est pas sorti, et des difficultés… magiques, d´autre part, qui se retrouveront ici. En tout cas il savait parfaitement que l´excitant-signe, le «ce» qui fait sentir, est une petite forme dansante, et que sentir, c´est résonner: posséder quelque forme qui puisse danser avec… Il savait que tout objet émet. Non seulement le radium, non seulement le poste de T.S.F.: tout objet!

Le signe de matière, l´action du nombre, l´imperceptible danse, revêtira toute animation à elle semblable. Et l´autre, l´animation du circuit vivant, résonnera; elle admettra la rencontre, elle la fera durer dans l´espace en la dissipant. Le signe du monde est une forme, la dernière, ou la première, de toutes, émise par le mouvement de ce qui se pèse, quoi que ce soit. Rien n´est immobile, aucune existence qui n´émette hors d´elle sa bague extrême; cependant la bague est reçue: voilà pourquoi le trou a tort; elle revêt une bague-sœur. Où, fils? en Toi. Tu l´épouseras, le monde extérieur!

Son signe ondulant instantané, ce moins que rien, ce plus que tout, est pour ton cœur. Du moins l´on suppose que là existe cette charge, charge accumulée que tout instant neuf rejoint neuf ainsi que tomberait une pierre.

Il y a une gravitation du sentir.

Ce que l´on voit est curieux; toutefois, l´on n´est pas tranquille. Se sont bien levés une Existence et un problème; seulement l´Existence répond à la question qu´on ne posait pas.

L´existence est l´étrange croissance accumulée en chacun et faite des ronds dansants qu´indéfiniment l´Univers envoyait. Cette chose-outre-chose explique l´accord de JE et des choses: quand une chose crache son rond, il y colle, et elle sonne – (sonne est une manière de parler, ne me donne pas des coups de pied) – c´est le spasme. Ô, un spasme discret, une esquisse, une approche de spasme; enfin, une sensation sans qualité.

Toi qui étais parti – ou moi – à la recherche du do, de l´azur, du sucré!

Du rond-de-grain peut bien atteindre les nerfs, va plutôt au labo du physiologie! mais cela résonnera sans plus de singularité qu´un pendule: même si tu leur en fous dans l´oreille. L´oreille reçoit n vibrations, c´est JE qui reçoit do. Eh bien, je te le dis, mon joli: tu sais fort bien que l´oreille ne reçoit pas do, tu as beau le dire à l´académie.

Pourquoi comment? Mais l´oreille est du grain comme ton téléphone; donc elle reçoit le rond-de-grain comme lui.

Hélas! faire rencontrer do et l´oreille, c´est aussi malin que faire rencontrer l´atome et la jalousie.

II. MI MAL, MI PLACER, MI TODO,
ES UN ASALTO Y HE AQUÍ TODO

*

«Cuando habla, nada crece»
Léon-Paul FARGUE

«Cuando se enfada, cree que piensa..»
Alphonse DAUDET

Las condiciones de la sensación son: un sujeto; un objeto, origen de un estímulo-signo.

Para la psicología, el estímulo-signo alcanzaría directamente la conciencia del sujeto y sería percibido si fuera de intensidad superior a un cierto valor; si fuera inferior, no pasaría el umbral de la conciencia.

Bastaría, pues, en todos los casos, con hacer crecer la intensidad del estímulo-signo hasta sobrepasar el valor límite: y sería percibido, sentido.

No obstante, la experiencia ha establecido que las conciencias que ya han recibido una cantidad (por lo demás, desconocida) de estímulos-signos eran de un umbral más bajo, eran más penetrables.

Pero todas las conciencias sin excepción, por herencia, han recibido un número (incalculable) de estímulos-signos del universo.

Todas las conciencias sin excepción tienen, pues, un umbral bajo ante el signo actual y, para que ese signo no pueda franquear absolutamente ninguna de ellas, bastaría con que ese número (incalculable) de signos precedentes no haya sido.

El catedrático perdió su dinamómetro en su barba y no respondió nada pues esto era hablar en su lenguaje. Y esto indicaba que el factor de intensidad de la sensación no era solo el signo presente, sino la masa precedente de los signos del mundo.

Sin embargo, para él como para el sentido común, esta Masa no importaba. Importaba en calidad de adorno, no importaba en calidad de Causa.

El sentido común y el psicólogo se comportaban completamente como si, una vez retirada la masa de los signos precedentes del universo, se hubieran encontrado de todos modos frente al universo. Pues, para el psicólogo y para usted, la percepción tenía la forma de un agujero.

Un agujero. Un anillo de espesor inapreciable que los signos de las cosas atravesaban antes de desvanecerse. (En contacto con los bordes, era el presente; por encima de los bordes, el futuro; por debajo, nada que retener.) ¿Adónde van los rayos que le alcanzan a usted?, ¿dónde están los olores? Y ¿adónde va la mirada hecha del signo de los rayos?

¿Al agujero, detrás de usted?

Coger, soltar. Coger, – soltar. Usted vive, espera, tiene, pierde. Sentir, olvidar. Lo que es el valor mismo, la importancia misma; eso a lo que está atento; lo que lo tiene prisionero desde sus vísceras hasta su vapor, – su valor decrece hasta nada y su importancia, como su corazón, no ha latido dos veces.

¿Dónde está? ¿Qué ha hecho con ello?

¿O qué ser vivo se encontrará en fin cansado de recibir sin retener?

Olvidar, sentir, olvidar, sentir. Cae, se deshace de usted a cada instante un sonido, un gusto.

……………………………………………………………..

… «Cuantos más estímulos análogos por causas análogas haya recibido el órgano en un tiempo precedente, menos intenso deberá ser el estímulo actual para ser percibido»…

¿Cómo aumenta el sabor pasado este sabor, si se ha perdido?

**

«En medio de ellas [las Parcas]  había
Un cofre en que el Tiempo ponía
Los husos de sus días,
Cortos, grandes, alargados,
Gruesos y muy
finos,
Como les gusta a los Destinos.»
RONSARD

Una condición de cuento de hadas, que por decencia mata a psicólogos, estaba en el origen del sentir: SENTIRÁS A CONDICIÓN DE HABER SENTIDO.

Hoy estaba no sabemos dónde, serpiente infinita, – no este rayo, no la voz de fuera, no el choque tan dulce del tiempo en tu cuerpo; estaba en otro lugar.

Lo que no privaba a la ciencia de las sensaciones de proceder como si algún estímulo primero, sin más, fuera percibido, con tal de que tuviera el acento querido: estimule y sirva caliente. El sujeto sentiría el objeto súbitamente, eso sería un fenómeno directo, el Todo-Presente recibiendo lo Todo-Hecho. Ahora bien, uno no era un YO más que la estatua de Condillac, el otro era un mito; y trabajos considerables, medidas de una precisión exquisita se aplicaban a este inexistente y a este imposible.

El Tratado del anciano catedrático no tenía en cuenta ayer.

Sin embargo, NO SENTIRÁS NADA SI NADA EN TI HA SENTIDO YA. – Ningún final en esta aventura.

Pero como cada uno quería un sentir original, completamente nuevo, un sentir primero, que sirviera una vez, que lo dejara a usted viudo, del que salir desnudo, los más hermosos textos confirmaban el triste manual para pensar, – y no detenían, ay, el hilado de la Parca. «Pero una súbita sensación era de inmediato tan intensa, que no la aumentaba enseguida ninguna repetición», escribía André Gide, a pesar de sus dos mil generaciones de padres.

Súbita.

El ingrato.

*
**

Es así como SENTIR, suceso surgido de la vida, cubriéndola, volviéndola loca, la había ocupado hasta el punto en que los seres vivos más atentos creían sentir por el simple hecho de vivir, cuando sentir era un prodigio, una victoria.

Sentir no era natural.

Por desgracia para la solución del problema, sentir se había vuelto natural. Al menos, para los hombres. Así pues, la biología, tan poco mística, tan evolucionista como sea, colocando en largas tablas las especies que suben desde la primera oscuridad hasta el día, hasta ese milagro que arrojaría un vegetal tranquilo, un alga, un champiñón, al placer, – pero desde el champi-ñón hasta el sentir la biología no dejaba de inscribir tiempos considerables, y esos tiempos eran la expresión y como la confesión científica de que la vida no tiene verdaderamente nada que la una a la sensación.

Y además el hombre, que no tenía que esperar, que sentía inmediatamente, para este el primer golpe era el bueno. El hombre no se asombraba de sentir, y no se asombraba de que su ancestro más extremo, bajo el vaso de un cristalizador, no sintiera.

«Mi primera sensación, decía el hombre, era de inmediato tan intensa, que no la aumentaba enseguida ninguna repetición.»

No obstante, la biología, al poner a Adán fuera de sospecha, había guardado la herencia, ningún hombre era el primero; y la primera sensación actual estaba en el infinito.

Es difícil saber si el hombre «desciende» (¿por qué no, sube?) de especies más simples; la cuestión queda abierta, no importa para la explicación del sentir. Lo que importa es este hecho, tan tonto como la caída de las manzanas: que ningún ser sensitivo es el primero en sentir. La caída de las manzanas le había asombrado al menos a un espíritu, lo superbanal se halla aquí.

Nada avanza pues quien rebasa la experiencia escribiendo:

Todo sentir actual tiene lugar en la carne que ha sentido.

Pero eso se puede escribir mejor, ¿y quién no sabe que el diablo sale de los términos señalados si se los ha puesto en un orden secreto?

Así:

«Para obtener ese fenómeno que se llama sentir, es necesario:
               un estímulo actual,
               una carne que haya sentido

O más aún:

un estímulo actual,
una carne,
cierto valor de sentir acumulado que cargue esta carne.»

Ahora podemos avanzar.

¡Más filósofos, ingenieros!, ¡mecanos, manitas!

Sentir es un asunto de contacto, eso no pasa en la gramática. ¡Hermanos, aquí! Es necesario que hagamos el montaje con lo que está asegurado, es necesario que salgamos adelante con lo que tenemos, sin los viejos señores, a la desesperada…

*
**

Una carne.
Un estímulo actual.
Una carga de sentir en la carne.
*

La carne en principio.

Pues bien, es protoplasma. Pero ¿qué más? Nada nuevo, los mismos cuatro átomos (H, O, C, N), a veces algún otro, pero estos cuatro ante todo, en disposiciones que no hemos terminado de contar, un puzzle abrumador. Están en otro lugar también, no carne, su particularidad en la carne es la de unirse en enormes moléculas. Mientras en una molécula de materia inerte apenas hay más de una docena (19 para las materias colorantes de anilina, es decir, que se repiten 19 veces tantas veces 19 como moléculas hay en la cantidad del producto), en la carne se repiten hasta ciento sesenta mil veces por molécula.

La consecuencia es que estas combinaciones son inestables en ciertas condiciones, más estables en otras: esto concierne a la vida y no al sentir. A su estado se le llama coloidal, se aglutinan alrededor de dos de ellos (H, O). Se aglutinan en una suerte de receta culinaria acuosa: la carne. La carne, puzzle de cuatro átomos que se pegan, repetidos en grupos de cien mil. Ninguna indicación de sensibilidad aquí.

El estímulo enseguida: es lo que viene del Objeto y turba al cuerpo.

Por ejemplo:

          Aria del estímulo
Hay amarillo de Kamtchatka
Y afilado en la valla
Hay sentido común, detrás,
Y donde no estoy, flama.
          Oh la la.

¡Pero no es verdad, tío Tomás!

No hay amarillo donde no hay ojo, hay frecuencias de puntos parecidos; no hay afilado sin tu dedo, sino números que vibran así; no hay perfume sin olfato, etc.

¿Qué hay?, lo ponderable que se da una vuelta, vea la ensalada; cantidad de grano que tiembla. Eso es el estímulo, lo que sientes.

Ahora bien, este grano lo es todo, puesto que la materia está hecha de granos. Dust. Polvo. La física lo sabe, y si la Biblia lo ha escrito, podemos explicar una biblia física por la arena perfecta del desierto que corría entre los dedos de los profetas; cada vez que la Biblia se case con la física las divorciaremos con diligencia, pues nos importa la estima de los colegas. Dicho esto, los granos y los subgranos que son el mundo ponen a los hombres frente a una situación extraordinaria.

Los granos no tienen color. No tienen sabor. No pueden rigurosamente hacer ruido. No son ni calientes ni fríos, ni pueden serlo.

Colega, agárrate, esto se vuelve horrible. Pongámonos todos a buscar el origen del encanto. Hablemos de ello lo más cerca…

Tengo calor, sin embargo, el cielo es azul. Oyes, sin embargo, el altavoz de enfrente; diferencias la sal del azúcar.

Pero los granos no son salados.

*
**

«Legousin a thelousin
A legousin ou melei moi…»
(Canción de griego antiguo.)

Escucha, estamos haciendo el tonto, dirán lo que quieran. Nosotros queremos comprender; para comprender, es necesario ver que no comprendemos. Avanza.

Hay materia, es grano. Eso, eso existe, sea o no introducido; y eso no tendrá nunca color, y nunca hará ruido. Sin embargo, apenas estamos, apenas estoy, – y no necesito ser Velázquez, ni Wagner, – es de color, es sonoro: es blando o resistente, dulce, odioso, encantador. Es estímulo. El psicólogo dice: «El estímulo», lo oyes.

Pero ¿dónde coge el amarillo este niño?, ¿dónde el sonido?

Jeanne compra una bola de azul y tiñe la tela; cree, por lo demás, que existe el azul en estado separado, en cantidad indiferente en la tierra; pero el azul no existe, al menos sin Jeanne y su prójimo; lo que existe es el grano, que nunca es azul ni sonoro.

Usted no parece creerme. Si no cree, como Jeanne, que el color sea una cosa, una cosa más que cubre a las otras con su película, cree, sin embargo, que el color está todo hecho en el rayo de sol. El tapón de la botella, el arco iris… Sin embargo, no hay más pruebas del arco iris que del Cielo. Cuando el grano estimula en usted una emoción azul, es tan extraño, tan poco grano, como si estimulara en usted la semblanza del ángel Gabriel. ¿Este lenguaje horroroso va a suscitar una réplica de la revista Études?, que envíe al físico con sus antepasados, no hemos dicho nada. Queremos saber precisamente dónde está el amarillo, ¡absolutamente! Pues no hay color en la materia.

Si el color está fuera de este universo, – nada de cielo visible; en otro lugar, impensablemente en otro lugar, – puede ser que sea allí donde el ángel es posible; entonces, Langevin y Picasso lo abandonan, eso se comprende.

Pero, como las demás cualidades son del mismo orden y tan ausentes del grano, resultarían pertenecer al mismo Otro lugar, con toda evidencia. ¿Qué otro lugar?

No nos estimulamos con esos estímulos, no están en el grano, única certeza. ¿Están en el Cielo de la revista Études? El  padre superior duda si aceptarlos, no es como el psicólogo,  no le atrae lo rosa, lo sonoro, lo dulce. No comprende nada de la última frase del Credo, ha nacido demasiado temprano.

Bastantes variaciones: lo expuesto.

*

Existe el universo grano de los señores Langevin, Einstein, y el universo músico. A todo el mundo le gusta más, el universo dos… ¿Hay que considerarlo un sueño? Estoy soñando dulce, estoy soñando do sostenido, la bemol; estoy soñando verde.

En absoluto, pues no sueño por mí mismo solo. Para soñar este sueño despierto, se necesita el grano. ¡Cuidado!, he aquí la cuestión. Y mi sueño verde, mi sueño do sostenido, se corresponde siempre con ciertos estados del grano. Admirable observación.

¿Qué estados?

Lo que hace el grano para que lo respire dulce, para que lo sienta pesado, para que lo sienta insípido…

El grano y yo somos dos verdades, dos realidades. En busca de la realidad tercera sin la cual no hay placer… Si dejas de lado la pregunta, estás perdido.

*
**

Para el sentido común no hay pregunta: el estímulo está en todas partes. Para el pensador, lo tienes, como tienes fiebre: tienes un acceso de amarillo, de penetrante, de agudo. Eso vuelve a decir que para unos el estímulo existe en el grano de materia, y para otros, en ti solo.

La primera opinión queda invalidada con tal de que sepamos un poco de física; la segunda lo es con tal de que sepamos mucho.

¿Es necesario que nos volvamos locos?, ¿abrir las puertas de la filosofía? Queremos vivir, ¡evitémoslas!

Vivir es MIRAR, comprender y recrear.

¿Qué te ha sido dado?, el grano y tú.

Repara, arregla, mira cómo eso puede tener calidad…

*

«Plantear el problema de un estímulo, es plantearlo para todos. Rameau lo había comprendido»
Ch. HENRY, Cercle Chromatique.

Es el grano lo que nos ha salvado. En fin, salvado a medias, nos ha dejado entrever el estímulo aún desnudo; o mejor, son algunos estímulos los que se han traicionado: el «sonido», el «color», la «temperatura»… Somos Champollion ante los jeroglíficos: le ha bastado una palabra conocida. Somos el criptógrafo ante el mensaje cifrado: si tiene una letra, lo tiene todo.

¡Y nosotros! ¡Ah, querido idiota, si tienes el do, tienes lo salado, si tienes lo frío, tienes lo afilado! Pues evidentemente basta con reunir los estímulos incomprensibles con los estímulos que se comprenden: estos responden por los otros; con la ayuda de estos, podríamos descifrarlo.

Y he aquí lo que se ha encontrado.

El estímulo sonido es la acción de los granos consagrados al silencio, pero lo que hacen para que el sonido exista, lo sabemos; el estímulo color es la acción de los granos incoloros, pero sabemos lo que hacen para que exista el color; pero sabemos lo que hacen los granos para ser glaciales o tibios, ellos que nunca son calientes ni fríos.

Dan..

¿Qué?

– Tres vueltecitas.

– Te burlas de mí.

– ¿Nos burlamos del secreto del mundo?, ¿y cuando se da la vida por el saber, no comprendes que es preciso hablar sin cumplidos?

El estímulo es un asalto.

*

«¡Oh, perfumes balanceados!»
Anna DE NOAILLES

Sería interesante reunir cada estímulo con lo que es en su origen; desvelar lo real. El estudio del conocimiento comenzaría entonces por una tabla:

Estímulo temperatura: efecto producido en nosotros por la velocidad de las moléculas del medio ambiente (calor, frío, eso no es dado por el universo).

Estímulo peso: efecto producido en nosotros por las duraciones de la vibraciones atómicas (pesado, ligero, eso no es dado por el universo).

Estímulo sonido: efecto producido en nosotros por ciertos valores del movimiento vibratorio de las moléculas del medio ambiente (do, re, mi, – ruido, – eso no es dado por el universo).

Estímulo color: efecto producido en nosotros por ciertos valores de vibraciones no ya de moléculas, no ya de átomos, descendemos, sino de corpúsculos singulares irradiados por los átomos (rojo, azul, eso no es dado por el universo).

Etc, etc, etc.

Reunidos así los diversos estímulos en una particularidad de la materia (y que esa sea, con diferencias de valor, siempre la misma, enseña lo que es el mundo al fin y al cabo), podríamos al menos intentar comprender cómo nos alcanza esta particularidad; pero la psicología no quiere estas investiga-ciones cándidas, ni ocuparse de los montajes, ¡manitas! Ella se ocupa de test. ¿Sabes qué es un test? Es hacerte recitar el alfabeto en orden inverso lanzándote un tiro de revólver entre los pies, lo que permite, en medio de un cálculo simple, establecer que eres un cretino.

Prosigamos el camino. Planteemos las grandes preguntas. El estímulo es un asalto, ¿cómo lo recibimos?

Esta búsqueda solo puede tener un final feliz si nos metemos en la cabeza la prohibición de no llamar nunca al estímulo por su nombre, como hace el psicólogo, ese niño. No decir nunca «sonido» o «color», «do», «pesado», «dulce»: es darse la solución, y esta es falsa. Llamar al estímulo como se quiera con tal de que el nombre no indique que ha resonado. Llamarlo «eso» si se quiere, o hacer que su nombre esté precedido por una duda que lo coloque en el futuro: «Quizás rosa», «quizás do», «quizás duro», pues en cada instante, antes de alcanzarte, no es rosa, no es duro, es una especie de anillo ondulante.

¿Dónde va el anillo? Es simple para todo el mundo: entra en contacto con los sentidos, y ya está.

Tan simple, que si esta opinión correspondiera a la verdad, el Universo sería el caos.

Por ellos mismos, los sentidos no pueden sentir; sin una carga precedente de sentir, al menos, eso no tiene lugar; no sabemos nada sobre si este suceso se realiza en algún otro Universo; como es de este del que se trata, tomaremos las condiciones de aquí:

Una carne de cuatro átomos principales, un estímulo, es decir, un asalto, y una carga extraña, inlocalizable, innombrable, que podemos llamar en neutro «algo ya sentido».

Algo ya sentido… es decir, lo inimaginable, lo gratuito, literatura, todo-lo-que-podemos-imaginar…

De lo cual deslumbrarse, sin nada que explicar.

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Sin nada que resolver. Pues es un problema.

No nos lo planteamos, porque estamos en medio de la danza; incluso los autores de laboriosos trabajos no lo plantean; incluso la admirable paciencia del ANNÉE PSICHOLOGIQUE no lo plantea, – cuando desde la primera molécula hasta el último cuerpo de este Universo de desgracia, todo quisiera saber, pero ¿qué, señor?, ¿la distancia de usted a la nebulosa de Andrómeda?, ¿la acción del neumogástrico en el genio?, ¿por qué 1/2 mv2 se ha perdido? ¿Con qué rayo bombardear la clara del huevo? ¡Oh, hay un punto de interrogación por hombre y tantos investigadores como estrellas, y el Problema, entre las estrellas, sin cabeza-refugio donde ponerse!

Es demasiado simple; nadie lo ha enunciado.

Problema:

El color amarillo no existe fuera de mí,

La nota do no existe fuera de mí,

El calor, el frío no existen fuera de mí,

Etcétera… etcétera…

Pero:

En lugar del color amarillo hay 520 mil millones de kilociclos.

En lugar de la nota do hay 261 vibraciones por segundo.

En lugar del frío, del calor, hay cincuenta metros por segundo de más o de menos, frecuencia y velocidad de granos.

Y como no existe una cualidad, una sola en que yo no sea,

existe rigurosa, exclusiva, absolutamente: 1, 2, 3, 4, 5, etcétera. Y ocurre que exclusiva, rigurosamente cuando aparezco con 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9,

hago do, calor, azul, duro, blando, dulce, etcétera.

Puedo decir que una sensación es una danza de números; que los diferentes valores de la agitación de todos esos corpúsculos-números, y nada más que esos valores de agitación, me turban, me encantan, me deprimen, hacen que me queje. Pero no puedo explicar ese poder de la multiplicidad sobre mí hasta que ella dance, ni mi poder para transfigurarla. En fin, con 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, siento el mundo.

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Aquí intervienen Jean y el fonógrafo.

Era hace mucho tiempo, éramos muy pequeños, el que te habla se las daba de listo, ha cambiado mucho.

Los primeros fonógrafos, de inscripción mecánica, eran reversibles; podíamos divertirnos grabando nosotros mismos la cera, cantando ante el pabellón, y luego oyéndonos. Jean no acababa de asombrarse, en lo que sobrepasaba al otro con toda la distancia que hay de la pregunta a la seguridad.

«Lo que no comprenderé nunca, decía, es que estas huellas hagan mi voz…»

– Es muy simple, veamos, respondía el listo, la membrana vibra, las vibraciones son sonoras.

«… ¡Desde luego!… «, suspiraba Jean.

Y tenía mucha razón.

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La carne de Jean era el átomo insensible; el estímulo era un asalto… Resultado: la obertura de Los Maestros Cantores.

Jean no sabía nada de su propio polvo, y no se figuraba nada de un movimiento vibratorio; si se hubiera representado precisamente lo uno y lo otro, su asombro habría aumentado. ¡Una onda hace que unos átomos sientan! ¿Te das cuenta?

– Es que están vivos.

– ¿Cómo, vivos?, ¿acaso un árbol oye El Danubio azul?

– Se necesitan los sentidos… hummm…

Los sentidos serían animalitos muy malignos de secreción encantada, el animal ojo, el animal oreja, la bestia de tu nariz, la bestia de tu gusto comerían exclusivamente asaltos, los digieren en azul, los digieren en dulce. – Esta noción no es cien-tí-fica. Entonces, simplemente constatar: los sentidos, es decir, los átomos mecánicamente dispuestos, si reciben asaltos de cierto valor, escuchan la obertura de Los Maestros Cantores.

Sí. Pero… ¿En virtud de qué? Voy a confesarte una cosa encantadora: es que crees que el ingeniero sabe en virtud de qué; pero el ingeniero cree que el fisiólogo lo sabe, pues él no lo sabe; y el fisiólogo cree que el físico lo sabe; y el físico no lo pregunta.

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Queda por mirar la CARGA.

En cuanto a la carga, sin embargo, estamos en la oscuridad. Una acumulación de sentir es casi tan vaga como esta invención que es tan poco explicable como clásica en la enseñanza: la asociación de ideas. «¡El club de las ideas!», no, nos hacen daño. Ven conmigo, Émile. Escucha un poco, la carga del sentir es lo que hemos sentido, ¿estás de acuerdo?

Hemos sentido el estímulo, esa no es la cuestión. Entonces, la carga del sentir es una acumulación de estímulos. Sígueme bien, esto va a funcionar: el Universo te estimula, ¿con qué?, ¿con lo amarillo, lo salado, lo agudo?, ya no lo crees, es 1880, es cucú. Envía su acción, menda, movimiento, eso es todo.

En consecuencia, la carga del sentir es materialmente una acumulación de movimientos, y si «movimiento material» te molesta, observa que, a propósito de cualquier cosa, dices que «no tienes el tiempo material», lo que aún es más fuerte (tan fuerte, que alcanzas entonces los cálculos más fuertes).

Al prohibirse cualquier imaginación gratuita, es necesario ver a un ser vivo así: es un edificio de átomos, los mismos que los del mundo; una vez asociada una Existencia móvil debemos preguntarnos cómo se encuentra, una vez acumulada, debemos buscar dónde se encuentra; está hecha de torbellinos.

Ahora el ajuste se va a volver muy enojoso para los pensadores, pues se va a volver preciso.

Admitido que existe en toda carne esta carga móvil hecha de estímulos pasados, hay un fenómeno más general, universal que da el modelo de funcionamiento de la sensación. Es la resonancia.- Física, tercer curso.

No se trata de ruido. La resonancia es solo el matrimonio perfecto (y por tanto, la suma) de dos formas semejantes de la energía. Para hablar claro: dos movimientos se pegan. Por ejemplo, dos péndulos de la misma  largura entran en resonancia; un columpio entra en resonancia con el impulso, si el impulso tiene la forma de su movimiento. Que si empujas un columpio cuyo movimiento tiene un cierto periodo, tu movimiento se pegará al suyo, si tiene el mismo periodo; el columpio «resonará», se tragará tu impulso como una foca el pan. Bien. ¿Sabes de dónde viene eso? Viene del gran principio de Maupertuis, de Hamilton, de Einstein, ay. Simplemente. Y en el fondo es triste, compañero. Eso viene de la naturaleza de la naturaleza, pospongo el momento de decírtelo, felizmente has volado al fondo del rincón, nadie sabrá nada. Es el principio de la mínima acción. Expresa una baja aventura, la de la materia, la de lo que ha sido: A LA MATERIA LE GUSTA VOLVER A COMENZAR. No a mí. El hombre cambia sus designios. Ahora bien, en el Universo, todos los designios parecidos se aman: es el mejor medio para no esforzarse: lo que está pre-hecho se hace.

Cualquier cosa ponderable (material) es así esclava, por la mínima acción, de la resonancia, al ser coalescente de dos movimientos que tienen la misma forma, es decir que no tienen, en cierto modo, nada que «hacer» para recubrirse.

Y eso sería el montaje del SENTIR.

Ante todo, incluso cuando su objeto está «inmóvil», toda sensación es un fenómeno debido a una emisión. Y es por eso por lo que su montaje es el de la resonancia. Circuito acordado.

La sensación ha permanecido como un prodigio insoluble a causa de la ilusión de la inmovilidad, eso no podía ser de otro modo en el tiempo de la física precedente; sin duda, la extrema dificultad de la física de hoy disculpa que la psicología de hoy no se interese por sus problemas; el gran Charles Henry solo, tenido por maníaco, trataba, ayudándose de sus conjeturas por fin adquiridas en los movimientos ondulatorios, de encontrar ALGO que en el cuerpo pudiera resonar con los signos del mundo.

Pero creía tener el derecho de representar al resonador como un elemento celular, es decir, exclusivamente ponderable, lo que supondría por un lado dificultades termodinámicas de las que no ha salido, y dificultades… mágicas, por otro lado, que volverán a encontrarse aquí. En todo caso, sabía perfectamente que el estímulo-signo, «eso» que hace sentir, es una pequeña forma danzante, y que sentir es resonar: poseer alguna forma que pueda danzar con… Sabía que todo objeto emite. No solo el radio, no solo el transmisor T.S.F: ¡todo objeto!

El signo de materia, la acción del número, la danza imperceptible revestirá toda animación parecida a ella. Y lo otro, la animación del circuito vivo, resonará; admitirá el encuentro, hará que este dure en el espacio disipándola. El signo del mundo es una forma, la última, o la primera, de todas, emitida por el movimiento de lo que se pesa, sea lo que sea. Nada está inmóvil, ninguna existencia que no emita fuera de ella su anillo extremo; sin embargo, el anillo es recibido: he aquí por qué se equivoca el agujero; ella reviste un anillo-hermano. ¿Dónde, hijo?, en Ti. ¡Te casarás con él, con el mundo exterior!

Su signo ondulante instantáneo, ese menos que nada, ese más que todo, es para tu corazón. Al menos se supone que ahí existe esta carga, carga acumulada que todo instante nuevo alcanza nuevo así como caería una piedra.

Hay una gravitación del sentir.

Lo que vemos es curioso; sin embargo, no estamos tranquilos. Se han alzado, de hecho, una Existencia y un problema; solo la Existencia responde a la pregunta que no planteábamos.

La existencia es el extraño crecimiento acumulado en cada uno y está hecha de asaltos danzantes que indefinidamente enviaba el Universo. Esta cosa-otra-cosa explica el acuerdo entre YO y las cosas: cuando una cosa escupe su asalto, este se pega, y ella suena – («suena» es un modo de hablar, no me dé patadas) – es el espasmo. Oh, un espasmo discreto, un esbozo, una aproximación de espasmo; en fin, una sensación sin cualidad.

¡Tú que te habías ido – o yo – a buscar el do, el azul, lo dulce!

El asalto-de-grano puede, en efecto, atacar los nervios, ¡ve mejor al laboratorio de fisiología!, pero eso resonará sin más singularidad que un péndulo: aunque se lo metas en el oído. El oído recibe n vibraciones, es YO quien recibe do. Pues bien, te lo digo, hermoso: sabes muy bien que el oído no recibe do, por mucho que lo digas en la academia.

¿Por qué?, ¿cómo? Pero el oído es grano, como tu teléfono; pues como él recibe el asalto-de-grano.

¡Ay!, hacer que se encuentren do y el oído es tan malicioso como hacer que se encuentren el átomo y los celos.

III. LE FAUTEUIL ET LE PHOTON

 

«Nous avertissons ceux qui liront ces écrits, qu´ils doivent s´attendre à y trouver en beaucoup d´endroits des matières très subtiles, dont la lecture les pourra peiner… mais que je ne puis mettre dans l´esprit des hommes sans qu´ils y donnent de l´attention, ni faire que l´attention ne soit pas pénible.»
BOSSUET

«Newton était persuadé, comme presque tous les bons philosophes, que l´âme est une substance incompréhensible.»
VOLTAIRE

 

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«En géneral les chemins par lesquels ont atteint un but sont d´autant plus intelligents qu´ils sont plus improbables.»
Charles HENRY

L´âme, c´est le sujet du verbe «amasser». On ne sait rien de plus. On ne veut rien dire de plus. On n´est ni en philosophie, ni en religion; on ne présente pas de révélation; on se refuse absolument à faire aller Lecteur au ciel, par un truc nouvel.

On ne cherchait pas l´Âme. On a buté dessus.

L´Âme n´était pas le but…

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Le but était d´expliquer ce bien, ce mal, ce moment qui fait de moi son théâtre, cette diversité saisissante qui joue où je suis, sur ma vie, ce SENTIR, – cette résurrection seconde à seconde hors de moi qui m´est imposée, ce hasard, ce plaisir; cette menace dont je commence à connaître le possible, ce chant de ma chair que je ne peux fuir.

Ma pensée m´est indifférente, je l´évite, je la distrairai.

Mais cela! Rien n´est de force à m´en distraire; et si soudain la résonance de mon corps me rend malheureux, quelques venins de quelques plantes l´amortiront une heure ou une journée, mais ma musique inévitable sera au bout.

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Il me venait ces atteintes magiques de partout. Des contacts, des lumières, des goûts; à chaque battement de cœur j´étais harponnée, et tout le temps je me laissais faire et même j´aidais, – et le harpon est doux. Ce sont les troubles que l´Univers m´envoie; c´est de cela que je dépends; ce sont les causes que le psychologue mesure, les «excitants».

Ils m´ont menée à l´âme.

Comment?

Seulement parce qu´il a fallu reconnaître que l´excitant devenait plus intense en s´amassant, – et que, seul, il n´avait aucune résonance et aucune qualité: il était donc accumulé, puis transfiguré, en quelque surface inconnue.

Le premier fait, la psychologie le connaît, et procède en le négligeant.

Le second, toute la physique le crie, et ne s´en occupe pas.

En réalité, cette histoire est fondée sur une notion plus précise de «l´excitant», du «ce», «ce» qui est senti. C´est du jaune, c´est de l´aigu, c´est du lourd, mon ami? On le croit, puisqu´on vit; du moins, on fait comme si. Pourtant le «ce» n´est rien d´aussi beau; sur cette triste constatation repose d´ailleurs la phénoménologie; – l´excitant qui atteint le corps, qui le fait réagir, qui s´accumule et forme en vous un double du monde, une masse résonante sans quoi votre monde n´existerait pas, il vient bien du monde, mais il n´est pas. Il n´est humainement rien; on appelle rien un, deux, trois, quatre, cinq, allât-on jusqu´aux milliards de milliards.

Personne n´a jamais senti cinq cent vingt, fussent-ils milliards, – et tout le monde sent le jaune; or, le jaune est cinq cent vingt milliards en périodes par seconde, fréquences de points, de nombre innombrable, identique, inhumain, vain; et quoi que ce soit se ramène à telle agitation inqualifiable: un contact, une couleur, (un baiser, ah tais-toi!) un solide, un parfum.

L´état véritable du lieu que vous défendez de la mort, c´est le tourbillon imperceptible du nombre dehors: cependant il atteint, d´à coups discontinus comptés par le cœur et la montre, un tourbillon miroir qui n´est pas votre corps, qui se préserve depuis des siècles, et qui fait votre sort.

Alors…

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Jules Verne écrivait des histoires qui sont devenues vraies: il était moins aidé que ce conte-ci, il n´avait pas d´exemples devant lui.

Merci Dieu! La T.S.F. existe pour que le verbe «émettre» illustre un acte qui voyage; et «rayonner» ne se dit plus seulement de la lune et du soleil devant ces tubes qui pètent du perçant et bombardent du très-puissant qu´on ne peut pas regarder.

Émettre, envoyer…

Mon lecteur, on doit t´épargner. On ne te fera pas peiner; tu es peut-être mon arrière petit-neveu, un peu paresseux, un peu malchanceux, qui veut bien la pomme, et pas les travaux.

Les enfants-lecteurs de Jules Verne avaient une attention plus valeureuse que la tienne, ô petit neveu: on est confondu de ce qu´ils avalaient; mais toi, si l´on te mène à la lune, il faut que le boulet soit léger.

On te mène à ton univers, avec des précautions d´infirmier…

L´Univers est matière-énergie, à peu près comme l´eau est liquide et vapeur. Cette image n´est pas excellente; Monsieur Boll, qui a heureusement publié la nouvelle encyclopédie, ne manquera pas de l´indiquer, car il vous renverse, d´un point d´exclamation en pleine figure, les amants de la science trop pressés.

Oui; l´émanation de la matière en énergie a des effets violents, incomparables à celle de l´eau en vapeur; et ni la grosseur des éléments en jeu ni les vitesses ne se ressemblent non plus, – cependant l´on use de l´image pour ce qu´elle a de très commun: il suffit qu´elle soit partiellement fidèle; la part considérée, c´est le changement d´état. Une substance s´envoie au loin d´elle-même sous une forme plus subtile et se dépense; elle pourrait se récupérer. Que la vapeur refasse de l´eau est ordinaire; que l´énergie refasse de la matière est admis encore que ce ne soit pas sous nos yeux.

Va, il n´est pas besoin d´aller aussi loin, mon petit neveu. Le peu dont il faille se souvenir est que la matière, c´est-à-dire du grain agité, s´envoie constamment hors de soi sous forme d´autres grains plus subtils.

Or les premiers, les électrons, mon Dieu, sont déjà dans les salons. Les seconds sont les photons de la physique ondulatoire.

Agite de l´électron, il part du photon; chauffe de l´eau (c´est agiter ses molécules) il part de la vapeur.

Eh bien la matière s´agite, courageux lecteur; elle t´envoie du photon par milliards de milliards et tu le reçois quelque part.

Nous étions à «l´excitant». Quelque chose éclatait, à quoi il ne manquait, pour être bruit, que ton oreille; quelque Chose paraissait, à quoi, pour être lumière, il ne manquait que ton regard: c´était de l´énergie; ce n´était que de l´énergie, il fallait le savoir.

La matière existe; l´énergie t´atteint; attention à la distinction, (monsieur Boll retient, suspendu à un fil, son point d´exclamation) sans qu´elles cessent d´être la même, (comme la physique, poussée à bout, ressemble à la religion!)

Le point est tombé: veuillez remarquer que c´est nous qui l´avons jeté.

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Que do dièze fut de l´énergie, Lecteur le voulait bien. L´excitant serait de l´énergie quand il arrive dans l´oreille; aussi quand il brûle; et toutes fois qu´il pince, pousse, pète, éclate, épate.

Lecteur, amène, répétait: «L´excitant t´atteint.»

C´est de l´énergie quand ça bouge, enfin; quand cela me touche mais ne bouge pas c´est de la matière pensait Lecteur, et tous tes frères et toutes ses sœurs, – quelle erreur.

La matière existe, elle ne t´atteint pas; ce sont ses actes qui t´atteignent lorsqu´Elle se jette hors d´Elle-même à l´état égaré. Aucune matière ne t´a jamais touché.

«Je la touche!» insiste Lecteur.

– Non, monsieur. Du moins pas comme vous l´entendez. Ôtez de votre esprit d´abord que quelque chose ne bouge pas; car si l´immobile existait, vous n´en sauriez rien, pour la raison suffisante, quoiqu´étrange, que vous ne le sentiriez point.

Peut-être c´est un postulat; peut-être c´est un Dieu là-bas; ici, l´immobile n´est pas.

L´objet de la sensation est du mouvement; et si les atomes du fauteuil n´oscillaient pas un nombre calculable de fois par seconde, votre derrière serait quant à l´existence du fauteuil précisément aussi incertain que vous l´êtes quant à l´existence de la divinité. Or, le mouvement n´est pas la Matière: c´est son Mot, si vous voulez.

– Le fauteuil émet du photon?

Pour émettre du photon, mon fils, il faut être bien troublé.

Voici la place d´inscrire quelques indications modestement primaires, agréablement supérieures… J´écris pour Toi, mon âme future! Lecteur, je l´ai fatigué. Je ne sais pas si tu sauras rien du réel que la vie déguise; perds tes oreilles et perds tes yeux: la science lui rend sa nudité.

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La matière ne t´atteint jamais. C´est une inconnue. Laisse-là où elle est. C´est ce qui vient d´elle que tu connais.

– Mais le fauteuil? Là où je m´assieds? Je ne reçois pas des rayons de fauteuil! Il est là, là, vous pouvez parler.

– Ô mon âme, ton derrière te trompe. Tu sens le fauteuil par son énergie, tu es en contact avec l´énergie; rien de rassurant qui ne bouge pas ne te supporte par le bas.

Quant au photon, c´est un procédé. La matière tire avec du petit plomb, ou avec du gros; ses projectiles sont si subtils que tu n´y crois qu´avec difficulté, encore qu´eux seuls te blessent, – et le contraire, hélas.

Quoi qu´il en soit, voilà.

L´énergie copie la matière, son autre état, elle est en grains irréductibles, ou gros, – dans ce cas, l´on dira en «morceaux». Et cerces morceau n´est pas un terme excellent puisqu´il fait penser à la matière que précisément l´énergie n´est plus: pourtant l´on dit «morceau de musique»; c´est dans cette acception qu´il faut prendre «morceau d´énergie».

Il y a donc le grain de matière (électron, positron, proton, neutron), et le grain d´énergie (photon).

(Le grain de matière constitue un grain au-dessus, l´atome, que les anciens ont cru être le dernier grain. Ne nous égarons point.)

Et il y a le morceau de matière (molécule), et le morceau d´énergie qui n´a pas de nom ou plutôt qui a tous les noms de nos événements.

Or, comme dans les contes policiers, ce conte a un bon bout, à ne pas lâcher: un lieu de départ qui seul mène au lieu d´arrivée. Le lieu de départ est l´ «excitant».

Le lieu d´arrivée: expliquer «je sens».

L´excitant est du grain ou du morceau d´énergie. C´est acquis pour la solution.

La différence est simple entre le grain et le morceau: c´est la vitesse. Le grain a une vitesse de trois cent mille kilomètres par seconde ou proche; le morceau est plus lent.

Le grain d´énergie est l´excitant rayonnant, visible ou invisible. Les morceaux d´énergie sont les excitants-signes doués de toutes les vitesses inférieures: un choc est un morceau d´énergie, aussi un bruit, un son, une température.

Seul le grain d´énergie t´arrive directement, jeté par le doigt d´un dieu… «Paraissez donc, lumière, la plus belle des créatures…»

Le morceau d´énergie est indirect. Il s´est perdu cent fois avant de te troubler. Quel conte, mon cœur.

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«Leur masse indestructible a fatigué le temps.»
DELILLE

Enfin! Enfin, voici la porte du jardin! voici la pomme, cher neveu, lis encore un peu.

Je t´ai excédé, toutefois tu sais qu´où le Professeur voyait en toi seulement du décor, il y avait une Masse active, beaucoup plus ressemblante à ce que contient un accumulateur, qu´à ce que présente un album.

Or cette Masse avait été mise en toi par des mouvements du monde, c´était son énergie: le mouvement-son, le mouvement-couleur, le mouvement-douceur. La mollesse aussi, la dureté, le froid; et ce qui paraît qualité immobile: l´impénétrabilité, le poids…

Pour que tu sentes, il fallait en toi cette accumulation précédente: une sensation est l´effet du contact de l´instant avec Elle.

Admire la petitesse du peu dont tu amasses l´immense fortune: la matière d´un dix millionième de milligramme de sel marin, ce rien, son mouvement t´atteint, et l´énergie infinitésimale qu´il porte, à peine en contact de l´Addition pareille qui te vient des siècles, éclate en couleur et résonne «jaune».

Un cent millionième de milligramme d´iodoforme par centimètre cube d´air, son mouvement t´apporte l´énergie d´une «odeur» s´il rejoint en toi ses pareils…

Quant à l´énergie que dégage, à la limite du perceptible, le choc d´une petite boule de liège pesant un milligramme et tombant d´un millimètre sur un plateau de verre, l´oreille étant à quatre-vingt-onze millimètres «l´entend» si s´agite le passé formidable fait de mêmes instants.

Alors, crions la chose capitale: l´énergie se dissipe toujours; avec quoi, en quoi, sur quoi l´amasses-tu tout le long du jour?

L´énergie directe paraît être absorbée de nouveau par l´univers qui l´a émise: ainsi les grains qui constituent la lumière déterminent les réactions chimiques; Perrin l´a montré.

L´énergie qui n´est plus en grains, les «morceaux» d´énergie plus lents, les morceaux d´action au centre desquels tu vis, sont si faibles que le Monde les vomit.

Tu les accumules, mon fils…

C´est de ce qui ne compte pas pour l´univers, que tu fais le secret de ta chair.

Tous les chocs, toutes les rencontres, les «parfums», les «musiques», les «goûts», le «perçant», le «piquant», le «solide», le «lourd», le «chaud», le «sonore», le «doux», ce qui est pour toi le monde extérieur, c´est si peu, mon cœur!

Et si un choc peut être fort par rapport à toi, et un son, quoique leurs vitesses ne soient que de mètres par seconde, s´il faut concéder relativement à toi, quelquefois quelque vitesse à ces lenteurs, s´il faut t´excuser de croire qu´un coup de poing dans la figure ou un concert sont plus «forts» que du jaune ou du vert, – va, reprends l´exemple de M. Boll, qui est si précis, et qui n´aime pas ces vers…

Le choc de la petite boule de liège tombant d´un millimètre sur le plateau, si son énergie était absorbée (mais elle se perd) par un gramme d´eau, il faudrait, pour qu´elle élevât d´un degré la température de cette eau, que le signe s´en prolongeât pendant deux cent mille siècles.

Tu es là, près de l´eau, tu «l´entends» à l´instant, ce rien effarant!

Tu le sens, parce qu´il est d´accord avec une somme agitée innombrable, et que les signes sont en toi qui animent le néant, et que tu n´as pas besoin d´attendre pour mettre des siècles en avant.

Tu as constitué, zéro plus zéro, un trésor fait de de tout ce qui passait; comment as-tu fait?

Les grecs appelaient le Monde: «L´Autre», parce qu´il changeait.

L´énergie qui n´est que la volatilisation du monde, on l´appelle «la Disparue».

Toute la physique n´est qu´un drame où le savant cherche cette folle, évaporée en bas, de plus en plus proche de l´abîme où on ne la reprend pas. Toute la physique suppute la chute. Remontera, remontera pas? Proserpine cent fois perdue! Et pourtant elle a trouvé son lieu et son paradis très étroit où elle ne s´abîmera plus; elle a trouvé toi, misérable TU.

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«Un fantôme éclatant se présente à sa vue.»
VOLTAIRE

Du nombre agité, du nombre pesant, est émis; il est sans qualité, gris. Il est émis avec une grande vitesse et une grande force en unités irréductibles et directes; ou avec moins de force en expéditions plus confuses et plus «grosses», indirectes.

À peine émis il diverge, s´égare, s´abîme, rien ne le reçoit.

Ce nombre est tout. Il n´y a rien d´autre. Tout va donc au rien.

Tout irait au rien.

Cependant existe une surface d´arrêt, elle ne semble pas faire partie de ce tout qui s´écarte de soi et s´évapore.

Elle capte le nombre. Elle le capte au plus extrême néant de sa valeur; le préserve; en fait des sommes; et ces sommes finissent par avoir une valeur extrême, dans l´autre sens. La surface d´arrêt est ainsi recouverte de nombre, – le nombre étant de l´énergie dont il n´y a rien à dire et qui ne distingue que par la forme de son mouvement.

On ne sait quoi que ce soit de cette surface, sauf qu´il faut qu´elle existe afin que l´accumulation soit possible. On l´appelle Surface, et l´on a écrit qu´elle ne «semble pas faire partie du Tout», ce qui serait contradictoire, car si c´est une surface, elle est «dans» le Tout.

Mais à la vérité ELLE semble y être et n´y être pas.

III. EL SILLÓN Y EL FOTÓN

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«Les advertimos a quienes lean estos escritos que deben esperar encontrar, en muchos lugares, materias muy sutiles cuya lectura les podrá fatigar… pero que no puedo poner en el espíritu de los hombres sin que  ellos presten atención, ni hacer que la atención no sea penosa.»
BOSSUET

«Newton estaba persuadido, como casi todos los buenos filósofos, de que el alma es una sustancia incomprensible.»
VOLTAIRE

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«En general, los caminos por los que se alcanza un fin son tanto más inteligentes cuanto más improbables son.»
Charles HENRY

El alma es el sujeto del verbo «amasar». No sabemos nada más. No queremos decir nada más. No estamos ni en filosofía ni en religión; no presentamos una revelación; rechazamos absolutamente hacer que el lector vaya al cielo con un truco nuevo.

No buscábamos el Alma. Hemos tropezado con ella.

El Alma no era el fin…

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El fin era explicar este bien, este mal, este momento que hace de mí su teatro, esta diversidad sobrecogedora que actúa donde estoy, en mi vida, este SENTIR, – esta resurrección segundo a segundo fuera de mí que se me ha impuesto, este azar, este placer; esta amenaza cuya posibilidad comienzo a conocer, este canto de mi carne que no puedo rehuir.

Mi pensamiento me resulta indiferente, lo evito, lo distraeré.

¡Pero cómo! Nada es capaz de distraerme de él; y si de pronto la resonancia de mi cuerpo me hace desgraciado, algunos venenos de algunas plantas la amortiguarán una hora o un día, pero mi música inevitable estará al final.

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Me llegaban estas percepciones mágicas de todos lados. Contactos, luces, gustos; en cada latido de corazón era arponeada, y todo el tiempo me dejaba hacer e incluso ayudaba, – y el arpón es dulce. Son las turbaciones que el Universo me envía; es de ello de lo que dependo; son las causas que el psicólogo mide, los «estímulos».

Me han llevado al alma.

¿Cómo?

Solo porque ha sido necesario reconocer que el estímulo se volvía más intenso al amasarse, – y que, solo, no tenía ninguna resonancia y ninguna cualidad: era, pues, acumulado, luego, transfigurado, en alguna superficie desconocida.

El primer hecho, la psicología lo conoce, y procede desatendiéndolo.

El segundo, toda la física lo grita, y no se ocupa de ello.

En realidad, esta historia está fundada en una noción más precisa del «estímulo», de «esto», «esto» que es sentido. ¿Es amarillo, es agudo, es pesado, amigo mío? Lo creemos, pues vivimos; al menos, simulamos. Sin embargo, «esto» no es nada tan hermoso; en esta triste constatación descansa, además, la fenomenología; – el estímulo que alcanza el cuerpo, que lo hace reaccionar, que se acumula y forma en usted un doble del mundo, una masa resonante sin la que su mundo no existiría, viene en efecto del mundo, pero no es. No es humanamente nada; llamamos nada a uno, dos, tres, cuatro, cinco, aunque llegáramos hasta millones de millones.

Nadie ha sentido nunca quinientos veinte, aunque estos fueran mil millones, – y todo el mundo percibe el amarillo; ahora bien, el amarillo es quinientos veinte mil millones en periodos por segundo, frecuencias de puntos, de número innumerable, idéntico, inhumano, vano; y cualquier cosa que se reúne en tal agitación incalificable: un contacto, un color, (un beso, ¡ah, cállate!), un sólido, un perfume.

El estado verdadero del lugar que usted defiende de la muerte es el torbellino imperceptible del número de fuera: no obstante, alcanza, a golpes discontinuos contados por el corazón y el reloj, un torbellino espejo que no es su cuerpo, que se preserva desde hace siglos, y que hace su suerte.

Entonces…

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Julio Verne escribía historias que se han hecho realidad: tenía menos ayuda que este cuento, no tenía ejemplos ante él.

¡Gracias a Dios! La T.S.F. existe para que el verbo «emitir» ilustre un acto que viaja; e «irradiar» no se dice solo de la luna y del sol ante esos tubos que estallan lo penetrante y bombardean lo muy poderoso que no podemos mirar.

Emitir, enviar…

Lector, debemos preservarte. No te fatigaremos; quizás seas mi resobrino, un poco perezoso, un poco desafortunado, que quiere de hecho la manzana y no los trabajos.

Los lectores infantiles de Julio Verne tenían una atención más valiente que la tuya, oh, resobrino: estamos perplejos con lo que tragaban; pero tú, si te llevamos a la luna, necesitas que la carga sea ligera.

Te llevamos a tu universo, con precauciones de enfermero…

El Universo es materia-energía, más o menos como el agua es líquido y vapor. Esta imagen no es excelente; el señor Boll, que felizmente ha publicado la nueva enciclopedia, no dejará de señalarlo, pues elimina para usted, con un punto de exclamación en plena cara, a los amantes de la ciencia demasiado apresurados.

Sí; la emanación de la materia en energía tiene efectos violentos, incomparables a la del agua en vapor; y ni el grosor de los elementos en juego ni las velocidades se parecen tampoco, – no obstante, usamos la imagen por lo que tiene de común: basta con que sea parcialmente fiel; la parte considerada es el cambio de estado. Una sustancia se envía lejos de ella misma bajo una forma más sutil y se gasta; podría recuperarse. Que el vapor se haga de nuevo agua es ordinario; que la energía se haga de nuevo materia se admite, aunque no se dé ante nuestros ojos.

Vamos, no es necesario que vayamos tan lejos, resobrino mío. Lo poco que hay que recordar es que la materia, es decir, el grano agitado, se envía constantemente fuera de sí bajo la forma de otros granos más sutiles.

Pero, los primeros, los electrones, Dios mío, están ya en los salones. Los segundos son los fotones de la física ondulatoria.

Se agita el electrón, sale fotón; se calienta el agua (es agitar sus moléculas) sale vapor.

Pues bien, la materia se agita, valiente lector; te envía fotones a millones de millones, y los recibes en algún lado.

Estábamos en el «estímulo». Algo estallaba, a lo que solo le faltaba, para ser ruido, tu oído; algo aparecía, a lo que para ser luz solo le faltaba tu mirada: era energía; era solo energía, era necesario saberlo.

La materia existe; la energía te alcanza: cuidado con la distinción, (el señor Boll retiene, suspendido de un hilo, su punto de exclamación) sin que ellas dejen de ser la misma, (¡cuánto se parece la física, llevada a su extremo, a la religión!)

El punto se ha caído: observe que somos nosotros quienes lo hemos arrojado.

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Que do sostenido sea energía, el lector lo quería de hecho. El estímulo sería energía cuando llega al oído; también cuando quema; y cada vez que pincha, empuja, rompe, estalla, pasma.

El lector, dulce, repetía: «El estímulo te alcanza.»

Es energía cuando eso se mueve, en fin; cuando eso me toca pero no se mueve es materia, pensaba el lector y todos tus hermanos y todas sus hermanas, – qué error.

La materia existe, no te alcanza; son sus actos los que te alcanzan cuando Ella se arroja fuera de Ella misma en el estado extraviado. Ninguna materia te ha tocado nunca.

«¡La toco!», insiste el lector.

– No, señor. Al menos, no como lo entiende. Aparte de su espíritu, ante todo, que algo no se mueve; pues si lo inmóvil existiera, usted no sabría nada de ello, por la razón suficiente, aunque extraña, de que no la sentiría.

Quizás sea un postulado; quizás haya un Dios ahí abajo; aquí, lo inmóvil no existe.

El objeto de la sensación es movimiento; y si los átomos del sillón no oscilaran un número calculable de veces por segundo, su trasero estaría precisamente tan inseguro de la existencia del sillón, como lo está de la existencia de la divinidad. Ahora bien, el movimiento no es la Materia: es su Palabra, si así lo quiere.

– ¿El sillón emite fotón?

Para emitir fotón, hijo mío, es necesario estar muy turbado.

He aquí el lugar en el que inscribir algunas indicaciones modestamente primarias, agradablemente superiores… ¡Escribo para Ti, alma mía futura! Lector, te he cansado. No sé si sabrás algo de lo real que la vida disfraza; pierdes tus oídos y pierdes tus ojos: la ciencia le devuelve su desnudez.

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La materia no te alcanza nunca. Es una desconocida. Déjala donde está. Es lo que viene de ella lo que conoces.

– Pero ¿y el sillón?, ¿eso donde me siento? ¡No recibo rayos del sillón! Él está ahí, ahí, por mucho que diga.

– Oh, alma mía, tu trasero te engaña. Sientes el sillón por su energía, estás en contacto con su energía; nada tranquilizador que no se mueve te sostiene por abajo.

En cuanto al fotón, es un procedimiento. La materia tira con perdigón pequeño o grande; sus proyectiles son tan sutiles, que solo crees en ellos con dificultad, aunque solo ellos te hieren, – y lo contrario, ay.

Cualquier cosa, eso es.

La energía copia a la materia, su otro estado, está en granos irreductibles, o grandes, – en ese caso lo llamaremos «fragmentos». Y ciertamente «fragmento» no es un término excelente, pues hace pensar en la materia que precisamente la energía no es ya: sin embargo, decimos «fragmento de música»; es en esta acepción como hay que tomar «fragmento de energía».

Tenemos, pues, el grano de materia (electrón, positrón, protón, neutrón), y el grano de energía (fotón).

(El grano de materia constituye un grano por encima, el átomo, que los antiguos creyeron que era el último grano. No nos desviamos.)

Tenemos el fragmento de materia (molécula), y el fragmento de energía que no tiene nombre, o mejor, que tiene todos los nombres de nuestros hechos.

Ahora bien, como en los cuentos policíacos, este cuento tiene un buen final, que no hay que abandonar: un lugar de partida que solo lleva al lugar de llegada. El lugar de partida es el «estímulo»-

El lugar de llegada: explicar «yo siento».

El estímulo es grano o fragmento de energía. Se adquiere para la solución.

La diferencia entre el grano y el fragmento es simple: es la velocidad. El grano tiene una velocidad de trescientos mil kilómetros por segundo, o cerca; el fragmento es más lento.

El grano de energía es el estímulo radiante, visible o invisible. Los fragmentos de energía son los estímulos-signos dotados de todas las velocidades inferiores: un choque es un fragmento de energía, también un ruido, un sonido, una temperatura.

Solo el grano de energía te llega directamente, arrojado por el dedo de un dios… «Aparece, pues, luz, la más hermosa de las criaturas…»

El fragmento de energía es indirecto. Se ha perdido cien veces antes de turbarte. Qué cuento, corazón mío.

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«Su masa indestructible ha cansado al tiempo.»
DELILLE

¡En fin! ¡En fin, aquí está la puerta del jardín!, aquí está la manzana, querido sobrino, lee aún un poco.

Te he agotado, sin embargo, sabes que donde el profesor solo veía en ti decoración, hay una Masa activa, mucho más parecida a lo que contiene un acumulador, que a lo que presenta un álbum.

Ahora bien, esta Masa había sido puesta en ti por los movimientos del mundo, era su energía: el movimiento-sonido, el movimiento-color, el movimiento-dulzura. La blandura también, la dureza, el frío: y lo que parece cualidad inmóvil: la impenetrabilidad, el peso…

Para que sientas, es necesaria en ti esta acumulación precedente: una sensación es el efecto del contacto del instante con Ella.

Admira la pequeñez de lo poco que amasas como inmensa fortuna: la materia de una diez millonésima parte de miligramo de sal marina, esa nada, su movimiento te alcanza, y la energía infinitesimal que trae, apenas en contacto con la Suma parecida que te viene de los siglos, estalla en color y resuena «amarillo».

Una cien millonésima parte de miligramo de yodoformo por centímetro cúbico de aire, su movimiento te aporta la energía de un «olor» si alcanza en ti a sus semejantes…

En cuanto a la energía que libera, al límite de lo perceptible, el choque de una pequeña bola de corcho que pese un miligramo y que caiga un milímetro sobre un plato de cristal, el oído que esté a noventa y un milímetros «la oye» si se agita el pasado formidable hecho de los mismos instantes.

Entonces, gritemos lo capital: la energía se disipa siempre; ¿con qué, en qué, sobre qué la amasas a lo largo del día?

La energía directa parece ser absorbida de nuevo por el universo que la ha emitido: así los granos que constituyen la luz determinan las reacciones químicas; Perrin lo ha mostrado.

La energía que ya no está en granos, los «fragmentos» de energía más lentos, los fragmentos de acción en cuyo centro vives, son tan débiles, que el Mundo los vomita.

Los acumulas, hijo mío…

Es con lo que no cuenta para el universo con lo que haces el secreto de tu carne.

Todos los choques, todos los encuentros, los «perfumes», las «músicas», los «gustos», lo «penetrante», lo «punzante», lo «sólido», lo «pesado», lo «cálido», lo «sonoro», lo «dulce», lo que es para ti el mundo exterior, ¡es tan poco, corazón mío!

Y si un choque puede ser fuerte con respecto a ti, y un sonido, aunque sus velocidades no sean sino unos metros por segundo, si algunas veces hay que concederles, en relación a ti, alguna velocidad a esas demoras, si hay que excusarte por creer que un puñetazo en la cara o un concierto son más «fuertes» que el amarillo o el verde, – ve, toma el ejemplo del señor Boll, que es tan preciso y al que no le gustan estos versos…

El choque de la pequeña bola de corcho cae un milímetro sobre el plato; si su energía fuera absorbida (pero esta se pierde) por un gramo de agua, sería necesario, para que se elevara un grado la temperatura de esta agua, que el signo se prolongara durante doscientos mil siglos.

Estás ahí, cerca del agua, «la oyes» al instante, ¡esa nada espantosa!

La sientes, porque ella está de acuerdo con una suma agitada innumerable, y porque los signos están en ti y animan la nada, y porque no necesitas esperar para poner unos siglos delante.

Has constituido, cero más cero, un tesoro hecho de todo lo que pasaba; ¿cómo lo has hecho?

Los griegos llamaban al Mundo: «El Otro», porque cambiaba.

A la energía que no es sino la volatilización del mundo la llamamos «la Desaparecida».

Toda la física no es sino un drama en que el sabio busca a esta loca, evaporada abajo, cada vez más cerca del abismo desde donde no se la recupera. Toda la física evalúa la caída. ¿Remontará o no remontará? ¡Proserpina cien veces perdida! Y, sin embargo, ha encontrado su sitio y su paraíso muy estrecho donde no se sumirá más; te ha encontrado a ti, miserable TÚ.

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«Un fantasma resplandeciente se presenta a su vista.»
VOLTAIRE

Número agitado, número pesado se emite; es sin cualidad, gris. Se emite con una gran velocidad y una gran fuerza en unidades irreductibles y directas; o con menos fuerza en expediciones más confusas y más «grandes», indirectas.

Apenas emitido, se aparta, se pierde, se hunde, nada lo recibe.

Ese número lo es todo. No hay nada más. Todo, pues, va a la nada.

Todo irá a la nada.

Sin embargo, existe una superficie de parada, no parece formar parte de este todo que se aparta de sí y se evapora.

Capta el número. Lo capta en la más extrema nada de su valor; lo preserva; hace de él sumas; y esas sumas terminan por tener un valor extremo, en el otro sentido. La superficie de parada se recubre así de número – el número que es energía del que no hay nada que decir y que no distingue sino por la forma de su movimiento.

No sabemos casi nada de esta superficie, salvo que es necesario que exista para que la acumulación sea posible. La llamamos Superficie, y hemos escrito que «no parece formar parte del Todo», lo que sería contradictorio, pues si es una superficie, está «en» el Todo.

Pero en verdad ELLA parece estar ahí y no estar.

IV. CECI N´EST PAS MON CORPS

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«Quelque temps après, M. de Voltaire fut obligé de s´élever contre un autre défaut plus grand peut-être, la manie d´écrire sur les sciences en prose poétique. Cet abus est plus dangereux»

Avertissement des éditeurs de Kehl aux
«Éléments de la Philosophie de Newton».

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«Mais alors, bon jeune homme, vous construisez un escalier pour conduire à une CHOSE que, ce faisant, vous êtes impuissant à concevoir.»
Tevijga Sutta du Canon Bouddhique

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«Je contemple en ces signes purs
La Nature agissante opposée à mon âme.»
GOETHE

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«Tout se fait par figura et mouvement.»
PASCAL

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L´incertitude se dirige. Elle avance pour tous ceux qui n´ont plus le temps d´être Faust. Où suis-je?

Dans un bain de matière granuleuse, qui n´est pas moi.

Du ce-qui-n´est-pas-moi me vient un signe excitant, qui est un rond.

Ce rond entre en contact avec une accumulation de ronds que j´ai reçus, que je porte, qui n´est pas mon corps.

Ils appellent le signe «l´excitant» , c´est un mauvais mot, qui présume que le signe m´est destiné, qui le fait déjà jouer sur mon théâtre; ainsi Bernardin de Saint-Pierre croyait que les puces étaient noires pour être prises sur le drap blanc. «Signe» implique aussi une destination et aurait le mème tort ici ( car il ne faut pas que le terme qui sert à chercher contienne une réponse): seulement l´acception véritable du mot signe est «qui indique l´existence de quelque chose».

Du ce-qui-n´est-pas-moi vient donc cette manifestation, cette émission, ce rond, cette forme. N´écris pas «onde» pour ne pas errer!

N´écris pas onde, tu n´en sais pas assez, encore qu´il s´agisse probablement d´un mouvement vibratoire: tu le chercherais dans les gammes connues, tu retomberais dans le mesurable étendu. Évite «excitant», qui est chargé d´un cri, évite «onde» que tu peux comparer, n´ajoute rien au CE que tu vas transmuer… Le signe, l´émission des choses, le «quid» dont tu diras «c´est rose», hors de toi, est nombre noir.

On écrit «nombre» pour la rigueur; on serait plus clair en écrivant «mouvement» mais alors le penseur se lève et crie qu´on use de langage homme: car il ne sait pas que les mouvements, étant réductibles à des valeurs entières de l´énergie (-quanta-) sont des nombres. Qu´il reste assis. Rien n´est plus important que ces mouvements-ci, ces actes du nombre, du monde. Car il y a une relation nécessaire entre la «réalité» du monde extérieur pour nous et ses mouvements vibratoires.

Autrement dit: que JE connais, non, sens, le monde extérieur, parce qu´il vibre. Mais encore? Vibrer c´est expédier des ondes, des formes, «du rond».

Le monde émet du rond, le rond j´y suis accordé: je possède du rond pareil, je reçois ce rond du monde; alors je sens.

Je le reçois parce que je suis «accordé», tel un poste, parce que je possède le rond antécédent pareil; le fait suffit.

Eh bien! Non.

Je sens… qu´est-ce que je sens? Je sens le rond qui vient toucher ma cotte de ronds, rrrr.

Pas plus. Je ne sais quoi ni qu´est-ce.

On peut appeler l´accumulation des ronds précédents, la robe de ronds, cotte de ronds, le système de signes qui habille le vivant, «Peau d´âme»; on a compris par là le mécanisme de la rencontre grossière de JE et du monde extérieur; si l´on veut parler de telle sorte que le psychologue tombe mort, mais c´est déjà fait, on a compris «dzing!» «À moi touché!»

Hélas! ce n’est que la demi du problème.

Dzing envoyé par Chopin? par Guerlain? par le soleil? par les atomes fourmillants de la table? On ne sait pas, Dzing n’a pas d’identité.

Qu’est-ce que tu dis? que je suis obscur comme l’autre qui pense, qu’on peut bien m’imprimer chez Alcan, que tu fiches le camp? Tu ne veux plus savoir ce que tu sens?

C’est bien. On te fera écouter par les moyens ordinaires. Va faire l’amour, vas-y, vas-y. Je ne te demande qu’une chose: tout au bout pense à moi (arrête avant de m’appeler salaud). Tout au bout est «dzing».

Dzing, Peau d’Âme résonne entière, mais sa résonance n’a pas de nom; la résonance a l’intensité; elle n’a pas le nom.

– Le nom: … amer, rose…

Ce qui est impossible, ce n’est pas de tirer un spasme de la rencontre de JE et du monde: c’est si possible que toute sensation est un spasme réduit, – lumière pan dans l’œil! est un spasme réduit. Ce qui est impossible c’est d´en tirer un chant.

Orange est un chant. De même vanillé.

Alors? Mouvement vibratoire du monde extérieur expédiant du rond; réception du rond dans un vivant sur du rond pareil; spasme-résonance (aussi faible qu´on voudra type nerf de grenouille); spasme-résonance, spasme-accord, sensation brute.

La sensation brute, c’est-à-dire l’oscillation d’un circuit accordé dans le vivant à l’instant que l’onde d’objet arrive, est dans l’ordre de tout.

Seulement entre cette sensation sans nom et une sensation humaine chantante il n’y a pas, il semble qu’il n’y ait pas de passage.

Il n’y a qu’à écrire provisoirement qu’il n’y en a pas. Il n’y a que d´écrire ce que l’ on sait: quand le monde extérieur expédie en vibrant du rond, le vivant entre en résonance au moyen d’une masse accordée qu’il porte – ou qui le revêt – l’image importe peu.

À ce moment une sensation brute a lieu: aussi stupide que le magnésium éclatant en donne, toutefois aussi faible qu’on voudra.

Cet espèce de spasme suit toujours un contact du monde extérieur et d’une être. C’est un phénomène énergétique, rentrant dans la physique connue.

Quant à la sensation dite chantante, il est provisoirement impossible de croire:

ni qu’elle corresponde à la même émission que la sensation aveugle;
ni qu’elle soit reçue par le même… espace.

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C’est un certain imperceptible électro-magnétique hors vous, en vous lumière par couleurs divisées; c’est l’énergie cinétique du fourmillant milieu où vous vous tenez, en vous température; c’est fréquences élastiques du discontinu qui vous entoure, en vous son; c’est orientation de points assemblés par chaînes, en vous saveur; c’est noyaux de force dans du vide, pour vous le solide. C’est toujours l’impulsion qu’apporte du mobile sans qualité.

L´instant ne propose rien de plus. L´instant n´est couleur ni chaleur ni saveur ni son qui arrive. Hors de vous ces signes ne sont pas nommés. Ils sont multiplicité d´unités, impulsion d´origine inconnue; ils sont danse de points, et l´allure de la danse et la quantité des dansants, – et les figures de la danse qui, si vous étiez là, auraient un nom fait corps.

Il faut vous. Sans vous les mouvement sont leurs ondes, les signes traversent le monde, aucun n´est chaud, aucun n´est dur, aucun n´est do, aucun l´azur…

Le sentir est la transformation de ces mouvements en qualités (-salut philosophie!)

Où cette transformation se fait, l´on SENT.

Où? Il n´y a pas d´autres problème.

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Je sais que les signes émis par ce qui est hors de moi suivent en moi leurs précédents par effet de la loi de moindre action qu´on appelle aussi pesanteur, qui explique la résonance.

Je sais que le signe reçu ne se perd pas, qu´il ne me traverse pas comme il traverse le reste de la terre, puisque, quoique passé, il renforce le signe qui m´arrive. Il s´accumule donc au lieu qui le reçoit, en moi. Ainsi se constitue une Masse particulière, masse d´actes émis par le monde, mouvement de formes diverses que j´ai, on ne sait comment, on ne sait où, la capacité de préserver.

Ces mouvements étaient ceux du pondérable; tout mouvement de pondérable se ramène à une certaine valeur de l´énergie; – le signe reçu, la masse qu´il aggrave, sont de l´énergie, je le sais.

Je sais que la sensibilité est un fait qui ne se produit qu´`où de telles accumulations existent: tout signe nouveau y résonne, c´est-à-dire les aggrave et puis, est enchanté.

Il y a en moi une Masse ensorcelée; ce qui l´atteint flamboie et crie.

Je l´ai amassée en vivant; on l´amasse depuis Adam. Sans elle le signe isolé n´est qu´une faiblesse qui ne vit pas; il se perd s´il ne l´atteint pas; il n´est, si elle ne l´arrête, qu´une note qui ne résonnera pas.

Il y a en moi une masse de signes transformée, une matière mêlée de pouvoir, une quantité qui a fait l´amour avec la vie, une mesure sans mémoire d´instants des univers finis.

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«… Mais dire comment, cela est inutile, et d´un autre ordre.»
PASCAL

Le mouvement des molécules de l´atmosphère se ralentit: un signe.

Il atteint moi: j´ai froid. Quelle transmutation, quel passage. Dehors, ce n´est qu´un mouvement: là. Je l´ai changé. Par quoi?

Je l´ai reçu. Sur quoi? Sur ma matière! Ce serait trop simple: alors, la terre sentirait.

Sur mon corps? mais il est la terre.

Sur un esprit? sais-je s´il existe. S´il existe et n´est pas la terre, est-ce que la terre le toucherait!

La terre est de soi insensible, elle se traverse de part en part; ni ne s´oppose à elle-même, pour recevoir.

Et si l´esprit a la puissance, certes il n´a pas le pouvoir.

Le mouvement atteint la Masse précédente.

La transformation du mouvement en qualité se fait au contact de l´accumulation précédente préservée: c´est là qu´il est élevé, dépasse un niveau, franchit un seuil, – en deçà, il est le nombre, au-delà, il est le jour.

Cette Masse opposée au monde, dont il n´a pas été remarqué jusqu´ici qu´elle exposait une sommation, certains croient qu´elle est leur corps, certains, qu´elle est leur esprit.

La CHOSE à élever le réel au-dessus du niveau où il est exclusivement nombre, la masse vibrante où cinq cent vingt milliards de kilocycles vont résonner puis se changer en jaune, la science admet, et le bon sens, qu´elle est le corps.

La science l´admet, non sans admettre qu´il y a là un inconnu: car l´on sait fabriquer les molécules des protéines sans qu´aucun de leurs constituants se ramène à la sensibilité, et si l´on fait des appareils des sens, un kodak ne voit pas. Rien dans la chimie ni la physique ne montre l´élément de cette transformation étrange. Il a fallu le remplacer par une PROPRIÉTÉ comme on faisait aux temps obscurs pour expliquer que le feu brûlât, et la science donne aux molécules protéiques organisées en système, la «propriété de sentir» comme elle donnait plus tôt la propriété de brûler au phlogistique. Mais l´élément qui est à la sensation ce que l´oxygène est à la combustion, aucune induction ne l´expose. Où est-elle, l´espèce curieuse?

Quant au bon sens, il a cru de tout temps que le jaune était jaune hors de lui.

Les meilleurs inscrivent une défaite, et attendent: – non sans attendre, si le corps n´est pas le sorcier, que ce soit l´esprit.

Eddington observe les ondes pénétrer dans son œil, devenir couleur il ne sait en quelle surface plus secrète que son œil, qu´il renonce à connaître. «Mais le procédé par lequel le monde extérieur de la physique est transformé en monde familier à la conscience humaine se trouve en dehors du domicile de la physique», dit-il.

En dehors de la physique! c´est impliquer que le signe émis par les choses tombe directement dans cette conscience que la physique n´atteint pas.

À peine je vis, je tiens pour naturelle cette folie. Il faut s´écarter beaucoup de la vie pour s´étonner, puisqu´on ne peut verser une idée dans un verre, qu´un mouvement de points pondérables puisse atteindre un esprit.

Ce sont deux espaces irréductibles; celui de la matière ne semble pas être celui de la conscience. Il est vrai que pour ce dernier le physicien dépose ses instruments et renonce à entrer. Mais s´il n´entre pas, la matière non plus!

Si la physique n´atteint pas la conscience, comment une onde corpusculaire l´atteint-elle? Comment des chocs de molécules ou leur tournoiement? Si l´instrument de la mesure n´y entre pas, comment l´objet de la mesure y entre-t-il?

En vérité, il ne serait pas plus étonnant de vous toucher la conscience avec un mètre.

– Toucher quoi?

– Votre esprit.

– Vous voulez rire!

– Et avec un millimètre? Si le millimètre était très petit? Une fraction de lui?

– Voyons!

– Vous en êtes sûr, cela ne se peut?

– Comme de ma vie.

– Et avec du bleu?

– Voilà qui est différent.

– C´est un millimètre, Monsieur.

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Il est possible aux physiciens et aux dieux d´imaginer plusieurs espaces; mais, s´il les faut faire coïncider…

La matière, qui seule pourrait rencontrer la matière, ne peut la sentir.

Et la conscience, qui singulièrement pourrait la sentir, ne la peut rencontrer.

Qu´est-ce qui rencontre du nombre et sent du chaud, du chant, la couleur bleue?

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Quelle est la surface de transformation…

Elle est faite de pondérable puisqu´une émission de pondérable l´atteint; elle est antagoniste au pondérable, puisqu´elle annule le nombre; elle fait partie du monde puisque le monde la touche; elle n´en fait pas partie puisqu´elle s´y oppose.

«Voici de quelle façon. De la substance indivisible et invariante et de la substance divisible qui est dans le corps, il a composé en les mélangeant une substance intermédiaire…»

Mais c´est l´opinion de Platon.

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«Quorum nil fieri sine tactu posse videmus,
Nec tactum porro sine corpore: nonne fatendum est.
Corporea natura animum constare animamque.»
LUCRECE

D´une part le MONDE.

D´autre part une accumulation des mouvements venus du Monde: ces mouvements qui sont de l´énergie, font masse.

Et au niveau de telles Masses paraît le phénomène «sentir»: tout mouvement nouveau les atteignant résonne puis prend une valeur incomparable et se métamorphose. La sensation est la métamorphose.

Cela se fait-il nécessairement? Cela se fait-il sans agent? «S´il existe un Moi, disait ce texte bouddhique, vous n´en saurez rien.»

L´on ne peut faire ici qu´une remarque, une seule, c´est que de telles accumulations d´instants d´énergie du monde, de telles masses de signes permanents n´existent que dans le vivant.

Il semble que les mouvements du monde, quels qu´ils soient, les instants d´énergie du monde quels qu´ils soient, ne fassent jamais masse hors du vivant, – pour une raison qui doit contenir la solution du problème.

S´il était possible qu´en dehors de la vie la formation de telles masses soient permises, est-ce qu´elles sentiraient? Chaque nouvel instant, à leur contact, résonnerait? «Eh quoi! tout est sensible», écrivait Nerval – qui était fou.

Or, cela n´est pas, car les signes du Monde en dehors du vivant ne s´accumulent pas: tout est traversé par tout.

L´espace, s´il est altéré autour des choses par l´agitation profonde de leur apparente immobilité, n´en garde rien: la matière qui constitue l´espace n´en garde rien. Les innombrables circuits sont ouverts, où l´énergie tombe. Elle circule, se disperse, passe; elle est instant; instant nouveau; fraction imperceptible d´elle; elle ne retrouve jamais sa propre somme; elle ajoute un nombre, un nombre encore à une addition impossible; le total n´éclate jamais comme une surprise; il ne fait pas jour.

L´effrayante puissance annulée par son action même s´envoie pour se rejoindre vers une surface inconnue.

Elle ne peut se recueillir sur soi.

Toute action qu´émet l´univers ne peut que se perdre dans l´univers: le pondérable est le perméable.

Il faut que chaque nombre soit retenu pourtant, et chaque instant; parce que l´instant est cinq cent milliards de kilocycles, rien de plus, et que c´est le passé qui est jaune, ou bleu.

L´instant n´est rien: c´est la masse d´instants qui donne la résonance; l´instant n´est qu´une agitation ou qu´une fréquence. Mais une masse ne se constitue à partir d´éléments successifs qu´où existe une force d´arrêt.

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«Vous voyez, Mademoiselle, que cela passe le badinage: d´expérience en expérience, nous sommes parvenus à toucher le feu du ciel…»
Abbé NOLLET.

Le peut-être rouge, le peut-être sucré, le chaud, le doux, le dur, le peut-être bruit, m´arrive; cela touche mon corps qui l´arrête, l´accumule, en fait un trésor!

Quoi, ton corps?

Ton corps de carbone, d´azote, d´hydrogène, de fer, quoi, ton corps, l´Univers?

Ses molécules sont celles de l´univers; il est bâti des mêmes pierres. Comment amasseraient-elles du mouvement, alors que par définition, elles le perdent?

Ce qui fait un son est un mouvement: l´ébranlement de l´air, peut-être de la musique, la matière de ton corps n´en a rien retenu; son espèce chimique n´en est pas altérée; ce qui fait le solide est un mouvement: elle ne l´a pas reçu. Elle n´est pas changée; aucun contact d´ailleurs ne l´a changée: ce toucher non plus.

Aucun contact ne l´a augmentée

La chimie du corps est celle du monde: pour elle les mouvements qui pourraient être bruit, chaleur, odeur, couleur, résistance, sont universellement perdus.

Car si le Monde, par pente naturelle, ferme sa matière en «choses» – c´est même une loi d´évolution qui donnerait la raison métaphysique de la nécessité, – il n´en est pas ainsi de son énergie.

Le monde ne se rapproche en ensembles de plus en plus considérables que pour s´écarter de ses émissions de plus en plus. Il se resserre, et il rayonne; il s´accuse, et il s´évanouit; il tombe sur soi, et il se dissipe; il se réduit au poids et il se dépense en signes. Il perd ses actes comme nous les nôtres; le prodige est qu´ils soient recueillis.

– Recueillis comme un vase retient le vin, comme un panier retient le fruit?

Des mouvements perdus pour les éléments de la nature et perdus pour les éléments de la chair, pourtant préservés, réunis ensemble, dans l´air?

– Des masses de mouvements sont le bleu, sont le jaune, la musique; des instants passés, persistant de l´extrême des âges, sont le dur, sont le chaud, sont l´amer.

L´équivoque attribuant au corps la capacité de contenir les masses d´instant résonnantes sans lesquelles il n´y a pas de sensation vient de l´évidence du corps, et de l´idée très ancienne que sa matière est différente de celle de l´Univers. Cette idée est abandonnée: ses effets, non; le corps toujours visible et présent prévient le doute; c´est, pour tout un chacun, lui qui reçoit le signe du monde, le contact de l´instant, lui qui le retient, qui résonne…

Et le laboratoire est de l´avis du sens commun.

Nous avons étudié en biologie les organes des sens, en négligeant de savoir que ce n´étaient pas eux, faits de molécules de la terre, qui pouvaient amasser des mouvements de la terre, ces perdus.

La biologie, qui ne met pas une idée dans un verre, met des instants dans une cellule faite des atomes connus.

*

**

«Il est faux que l´âme et le corps soient identiques. Il est faux qu´ils soient différents.»
MAJJHIMA, I
(de la Triple corbeille de la loi bouddhique)

Ce qui cause les sensations, ce sont les actes de l´Univers. Ils sont perdus sur la matière quelle qu´elle soit, où qu´elle soit. Par définition, la matière les laisse fuir.

L´expérience montre que cependant quelque CHOSE les reçoit puisqu´ils s´accumulent en masses, qui sont préservées.

La chose qui les reçoit n´est pas le corps.

Tu zigzagues, Chercheur! tu fais un pas en avant, un pas de côté, tu me fais pitié.

Aie le courage d´être nouveau, décris-la, ta drôle de Réalité, décris, dans ton langage de haut-parleur bon pour les frères et pour les sœurs, espère, espère… Si personne n´est à l´accord, tu l´auras montrée, tu seras au port; c´est tout ce qu´on peut exiger d´un mort!

Or, il est impossible de continuer scientifiquement à l´ignorer, la charge d´instants de l´univers que l´univers n´a pas recueillis; la Surréelle.

Elle est là, à l´état de second univers, entre l´univers et JE.

L´Univers est du grain; le corps de JE aussi, car le corps de JE ne se distingue pas du grain universel. JE lui-même, on ne sait ce que c´est, il est vis-à-vis du frémissement discontinu qui expédie des instants-formes. Et il s´en habille, anneau par anneau. L´âme est le vêtement qui se constitue.

L´âme est une cotte de mailles… Elle n´est pas le système nerveux, car le système nerveux est du grain. Le grain n´est pas la charge d´instants. JE suis couvert d´instants, JE ris sous leur manteau, JE vois ce que j´ai vu, JE touche ce que JE fus. Ô temps que JE connais sans le reconnaître et qui recouvre infiniment tout, sans mémoire.

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**

Grain universel; JE; – anneaux subtils vêtant JE de leur charge de trouble, robe animée, réseau, peau de temps.

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«… combien ténue est la texture de cette CHOSE…»
LUCRÈCE

Cette chose est du temps, elle doit être de l´espace; d´ailleurs elle expose le principe de moindre action qui implique temps-espace.

– Une somme de regards, de contacts, de goûts, n´est pas une chose.

– Et ce que contient le cylindre de Faraday, est-ce une chose?

– Oh! pas d´analogies, on vous en prie! restez dans votre conte avec dignité, sans en venir comme un quelconque à l´électricité. Ce sont les explications de salon qui finissent par ce mot sacré.

– C´est quelque chose pourtant cette non-pas-Chose.

– Ce sont des états.

– Des états n´impliquent-ils pas une chose?

– La chose c´est votre corps.

Non! ce n´est pas mon corps, car les molécules de mon corps doivent être comme toutes les molécules impropres aux accumulations d´actions émises par le Monde qui font cette non-pas-Chose: et si cependant elles étaient propres, il leur resterait encore à les ENCHANTER.

Et puis mon corps fabrique si peu cette Non-Pas-Chose, que c´est Elle qui l´éveille. Elle préexistait, cette grandeur, cette croissance, cette poulpe de regards et de contacts, cette joie, ce mal, cette somme d´étonnements, cette puissance à quoi l´instant s´arrête. Elle était l´hydre étendue dans le plus jeune de mes corps et chaque instant la suscitait. Avant le plus jeune de mes corps, Elle vivait. Il existe, la science ne sait où, une CHOSE de sentir qui survit à tout.

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«And make us heirs of all eternity!»
SHAKESPEARE.

«Toute sensation est d´une présence infinie» a écrit le grand immoraliste qui croit ne vivre que l´instant qui paraît.

Il signifiait que la sensation nous ramène, de quoi que ce soit, vers elle; qu´elle nous occupe entièrement: à elle, le temps qu´elle est, tout notre territoire; et l´extension de son espace fait, ce qu´elle dure, l´extension du temps. Mais, pour André Gide, la plénitude de l´actuel est précisément parfaite de son infidélité.

Or qui cherche à savoir en quoi consiste la sensation, est obligé de reconnaître qu´elle est une somme. Toute notion de passé, de présent, disparaît ici; le temps comme l´espace devient continu.

Il n´y a plus l´Espace et le Temps actuels que la sensation considérée occupe. Il y a un nombre, évidemment impossible à déterminer, d´éléments précédents d´espace et d´éléments de temps, qui apparaissent, qui surgissent dans la sensation instantanée. C´est faire une intégrale que respirer une rose.

Enfin, une sensation, comme n´importe quel événement, a un lieu donné dont elle est solidaire; a un temps hors de quoi elle serait passé, avenir.

Mais en vérité, cette sensation précise est formée d´une accumulation de lieux éloignés, de moments hors d´atteinte. Tous les éléments d´espace précédent et de temps antérieur qui s´actualisent en elle, font que, le temps qu´elle résonne, il n´y a rigoureusement aucune distinction entre le présent et le passé.

Fuir dans l´instantané? Quelle fidélité!

.

«… dem Augenblicke sagen
Verweile doch, du bis so schön!»
«Pouvoir dire à l´instant qui fuit: Reste! tu es si beau…»
GOETHE

«Malheureuse Sion, qu´as tu fait de ta gloire?»
RACINE

«Non hoc semper eris, perdunt et gramina flores;
Perdit spina rosas nec semper lilia candent;
Nec longum tenet uva comas, nec populus umbras
Donum forma breve est.»
«… et la vigne ne garde pas longtemps ses pampres, ni ses ombrages, le peuplier.»
CALPURNIUS

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Il reste des regards. Tout se délie, tout se délaisse, tout se défait, tout disparaît.

Il reste du goût, du contact. Il reste du regard. (Ô Substance! Ô Masse enchantée, toute attentive à recevoir! Ô très haute addition de signes où je puis me tenir, et voir.)

«Elle est retrouvée.
Quoi? l´éternité.»

IV. ESTO NO ES MI CUERPO

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«Algún tiempo después, Voltaire se vio obligado a protestar contra otro defecto quizás mayor, la manía de escribir sobre las ciencias en prosa poética. Este abuso es más peligroso«

Advertencia de los editores de Kehl a los
«Elementos de la filosofía de Newton».

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«Pero entonces, buen joven, está construyendo una escalera que lleva
a ALGO QUE, mientras lo hace, es incapaz de concebir.»
Tevijga Sutta del Canon Budista.

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«Contemplo en esos signos puros
La naturaleza que actúa opuesta a mi alma»
GOETHE

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«Todo se hace por figura y movimiento.»
PASCAL
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La incertidumbre se dirige. Avanza para todos los que no tienen tiempo ya de ser Fausto. ¿Dónde estoy?

En un baño de materia granulosa que no es yo.

De lo-que-no-es-yo me llega un signo que estimula, que es un asalto.

Este asalto entra en contacto con una acumulación de asaltos que he recibido, que llevo, que no es mi cuerpo.

Llaman al signo «estímulo», es una mala palabra, que presume que el signo me está destinado, que hace que actúe ya en mi teatro; así Bernardin de Saint-Pierre creía que las pulgas eran negras para que se las cogiera en el lienzo blanco. «Signo» implica también una destinación y tendría el mismo error aquí (pues no es necesario que el término que sirve para buscar contenga una respuesta): la acepción verdadera de la palabra signo solo es «que indica la existencia de algo».

De lo-que-no-es-yo llega, pues, esta manifestación, esta emisión, este asalto, esta forma. ¡No escribas «onda» para no equivocarte!

No escribas onda, no sabes bastante, aunque se trate probablemente de un movimiento vibratorio: lo buscarías en las gamas conocidas, recaerías en lo mensurable extendido. Evita «estímulo», que está cargado de un grito, evita «onda» que puedes comparar, no añadas nada a LO que vas a transmutar… El signo, la emisión, el «quid» del que dirás «es rosa», fuera de ti, es número negro.

Escribimos «número» por rigor; seríamos más claros si escribiéramos «movimiento», pero entonces el pensador se levanta y grita que usamos el lenguaje humano: pues no sabe que, al ser los movimientos reductibles a valores enteros de la energía (-quanta-), son números. Que se quede sentado. Nada es más importante que estos movimientos, estos actos del número, del mundo. Pues hay una relación necesaria entre la «realidad» del mundo exterior para nosotros y sus movimientos vibratorios.

Dicho de otro modo: que YO conozco, no, siento, el mundo exterior porque vibra. ¿Entonces? Vibrar es enviar ondas, formas, «asalto».

El mundo emite asaltos, al asalto estoy acordado: poseo un asalto semejante, recibo este asalto del mundo; entonces, siento.

Lo recibo porque estoy «acordado», como un receptor, porque poseo el asalto precedente semejante; el hecho basta.

¡Pues bien! No.

Siento… ¿qué siento? Siento el asalto que viene a tocar mi cota de asaltos, rrrr.

Nada más. No sé qué ni lo que es.

Podemos llamarlo acumulación de asaltos precedentes, vestido de asaltos, cota de asaltos, sistema de signos que viste al ser vivo, «Piel de alma»; hemos comprendido por ello el mecanismo del encuentro grosero de YO y del mundo exterior; si queremos hablar de modo que el psicólogo caiga muerto, pero eso ya está hecho, ¡hemos comprendido «dzing!». ¡Alcanzado!

¡Ay!, esto solo es la mitad del problema.

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¿Dzing enviado por Chopin?, ¿por Guerlain?, ¿por el sol?, ¿por los átomos que pululan en la mesa? No sabemos, Dzing no tiene identidad.

¿Qué dices?, ¿que soy oscuro como el otro que piensa, que pueden imprimirme en Alcan, que te largas? ¿No quieres ya saber lo que sientes?

Está bien. Haremos que lo escuches por los modos ordinarios. Vete a hacer el amor, vete, vete. Solo te pido una cosa: al final piensa en mí (detente antes de llamarme cabrón). Al final es «dzing».

Dzing, Piel de alma resuena entera, pero su resonancia no tiene nombre; la resonancia tiene intensidad; no tiene nombre.

– El nombre: … amargo, rosa…

Lo que es imposible no es sacar un espasmo del encuentro de YO y del mundo: es tan posible, que toda sensación es un espasmo reducido, – ¡luz, pum en el ojo! es un espasmo reducido. Lo que es imposible es sacar de ello un canto.

Naranja es un canto. Lo mismo, si tiene aroma de vainilla.

¿Entonces? Movimiento vibratorio del mundo exterior que envía asaltos; recepción del asalto en el ser vivo sobre un asalto semejante; espasmo-resonancia (tan débil como se quiera, del tipo nervio de rana); espasmo-resonancia, espasmo-acorde, sensación bruta.

La sensación bruta, es decir, la oscilación de un circuito acordado en el ser vivo en el instante en que la onda del objeto llega, está en el orden de todo.

Solo entre esta sensación sin nombre y una sensación humana que canta no hay, parece que no hay, paso.

Solo se puede escribir provisoriamente que no hay. Solo se puede escribir lo que se sabe: cuando el mundo exterior envía vibrando asaltos, el ser vivo entra en resonancia en medio de una masa acordada que aquel lleva – o que lo reviste -, la imagen importa poco.

En ese momento una sensación bruta tiene lugar: tan estúpida, que el magnesio que estalla lo da, aun tan débil como queramos.

Esta especie de espasmo sigue siempre a un contacto entre el mundo exterior y un ser. Es un fenómeno energético, que entra en la física conocida.

En cuanto a la sensación que decimos que canta, es provisoriamente imposible creer:

ni que ella corresponda a la misma emisión que la sensación ciega;
ni que ella sea recibida por el mismo… espacio.

*

**

Es un cierto imperceptible electro-magnético fuera de usted, en usted luz por colores divididos; es la energía cinética del pululante medio en que se mantiene, en usted temperatura; son frecuencias elásticas del discontinuo que lo rodea, en usted sonido; es orientación de puntos reunidos por cadenas, en usted, sabor; son núcleos de fuerza en el vacío, para usted lo sólido. Es siempre el impulso que trae lo móvil sin cualidad.

El instante no propone nada más. El instante no es color ni calor ni sabor ni sonido que llega. Fuera de usted estos signos no están nombrados. Son multiplicidades de unidades, impulso de origen desconocido; son danza de puntos, y el paso de la danza y la cantidad de los danzarines, – y las figuras de la danza, si usted estuviera ahí, tendrían un nombre hecho cuerpo.

Usted es necesario. Sin usted los movimientos son sus ondas, los signos atraviesan el mundo, ninguno es caliente, ninguno es duro, ninguno es do, ninguno el azul…

El sentir es la transformación de esos movimientos en cualidades (¡hola, filosofía!)

Donde se produce esta transformación, SENTIMOS.

¿Dónde? No hay más problemas.

*

**

Sé que los signos emitidos por lo que está fuera de mí siguen en mí a sus precedentes por efecto de la ley del mínimo esfuerzo que llamamos también gravedad, lo que explica la resonancia.

Sé que el signo recibido no se pierde, que él no me atraviesa como atraviesa al resto de la tierra, puesto que, aunque pasado, refuerza el signo que me llega. Se acumula, pues, en el lugar que lo recibe, en mí. Así se constituye una Masa particular, masa de actos emitidos por el mundo, movimiento de formas diversas que tengo, no sabemos cómo, no sabemos dónde, la capacidad de preservar.

Estos movimientos eran los de lo ponderable; todo movimiento de lo ponderable se reduce a un cierto valor de la energía; – el signo recibido, la masa que agrava son energía, lo sé.

Sé que la sensibilidad es un hecho que solo se produce donde tales acumulaciones existen: todo signo nuevo resuena ahí, es decir, los agrava y luego está encantado.

Hay en mí una Masa embrujada; lo que la alcanza brilla y grita.

La he amasado viviendo; la amasamos desde Adán. Sin ella el signo aislado no es sino una debilidad que no vive; se pierde si no la alcanza; no es, si ella no lo detiene, sino una nota que no resonará.

Hay en mí una masa de signos transformada, una materia mezclada de poder, una cantidad que ha hecho el amor con la vida, una medida sin memoria de instantes de universos acabados.

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«… Pero decir cómo, eso es inútil, y de otro orden.»
PASCAL

El movimiento de las moléculas de la atmósfera se ralentiza: un signo.

Me alcanza: tengo frío. Qué transmutación, qué paso. Fuera, solo es un movimiento: allí. Lo he cambiado. ¿Por qué?

Lo he recibido. ¿En qué? ¡En mi materia! Sería demasiado simple: entonces, la tierra sentiría.

¿En mi cuerpo?, pero es tierra.

¿En un espíritu?, qué sé yo si existe. Si existe y no es tierra, ¿lo tocaría la tierra?

La tierra es en sí misma insensible, se atraviesa de parte a parte; ni se opone a ella misma para recibir.

Y si el espíritu tiene la potencia, ciertamente no tiene el poder.

El movimiento alcanza a la Masa precedente.

La transformación del movimiento en calidad se hace al contacto de la acumulación precedente preservada: es ahí donde se ha elevado, ha superado un nivel, ha franqueado un umbral, – a un lado, es número, al otro, es día.

Esta Masa opuesta al mundo, de la que hasta ahora no se ha notado que exponía una suma, algunos creen que es su cuerpo, otros, que es su espíritu.

La COSA que eleva lo real sobre el nivel en que es exclusivamente número, la masa vibrante en que quinientos mil millones de kilociclos van a resonar y después van a volverse amarillo, la ciencia lo admite, y el buen sentido, que es el cuerpo.

La ciencia lo admite, no sin admitir que ahí hay un desconocido: pues sabemos fabricar moléculas de proteínas sin que ninguno de sus constituyentes se reduzca a la sensibilidad, y si hacemos aparatos de sentidos, un Kodak no ve. Nada en la química ni en la física muestra el elemento de esta transformación extraña. Ha sido necesario sustituirlo por una PROPIEDAD como hacíamos en los tiempos oscuros para explicar que el fuego quemaba, y la ciencia les da a las moléculas proteicas organizadas en sistema la «propiedad de sentir» como antes le daba la propiedad de quemar al flogisto. Pero el elemento que es para la sensación lo que es el oxígeno para la combustión, ninguna inducción lo expone. ¿Dónde está esa especie curiosa?

En cuanto al sentido común, este ha creído todo el tiempo que lo amarillo era amarillo fuera de él.

Los mejores apuntan una derrota, y esperan: – no sin esperar, si el cuerpo no es el brujo, que sea el espíritu.

Eddington observa que las ondas penetran en su ojo, que se vuelven de color no sabe en qué superficie más secreta que su ojo, que él renuncia a saber. «Pero el procedimiento por el que el mundo exterior de la física es transformado en mundo familiar para la conciencia humana se encuentra fuera del domicilio de la física», dice.

¡Fuera de la física!, eso comporta que el signo emitido por las cosas cae directamente en esta conciencia que la física no alcanza.

Apenas vi, tuve por natural esta locura. Es necesario apartarse mucho de la vida para extrañarse, pues no podemos verter una idea en un vaso, más de lo que un movimiento de puntos ponderables pueda alcanzar un espíritu.

Son dos espacios irreductibles; el de la materia no parece ser el de la conciencia. Es verdad que para este último el físico deja sus instrumentos y renuncia a entrar. Pero si no entra, ¡la materia, tampoco!

Si la física no alcanza la conciencia, ¿cómo la alcanza una onda corpuscular? ¿Cómo choques de moléculas o su remolino? Si el instrumento de la medida no entra, ¿cómo entra el objeto de la medida?

En verdad, no sería más extraño que le tocáramos a usted la conciencia con un metro.

– ¿Tocar qué?

– Su espíritu.

– ¡Quiere reírse!

– ¿Y con un milímetro? ¿Y si el milímetro fuera muy pequeño? ¿Y con una fracción de él?

– ¡Veamos!

– ¿Está seguro?, ¿se puede?

– Como de mi vida.

– ¿Y con el azul?

– Eso es diferente.

– Es un milímetro, señor.

*

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A los físicos y a los dioses les resulta posible imaginar muchos espacios; pero si es necesario hacerlos coincidir…

La materia, que solo podría encontrarse con la materia, no puede sentirla.

Y la conciencia, que singularmente podría sentirla, no puede encontrarse con ella.

¿Qué es lo que encuentra  número y siente  calor, canto, color azul?

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Cuál es la superficie de transformación…

Está hecha de ponderable puesto que una emisión de ponderable la alcanza; es antagonista de lo ponderable, puesto que anula al número; forma parte del mundo puesto que el mundo la toca; no forma parte de él puesto que se opone a él.

«He aquí de qué modo. Con la sustancia indivisible e invariable y con la sustancia divisible que está en el cuerpo ha compuesto, mezclándolas, una sustancia intermedia…»

Pero es la opinión de Platón.

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Quorum nil fieri sine tactu posse videmus,
Nec tactum porro sine corpore: nonne fatendum est.
Corporea natura animum constare animamque..
LUCRECIO

Por un lado el MUNDO.

Por otro una acumulación de movimientos llegados del Mundo: esos movimientos que son energía hacen masa.

Y en el nivel de tales Masas aparece el fenómeno «sentir»: todo movimiento nuevo al alcanzarlos resuena, luego toma un valor incomparable y se metamorfosea. La sensación es la metamorfosis.

¿Eso se hace necesariamente? ¿Se hace sin agente? «Si existe un Yo, decía este texto budista, nada de ello sabría.»

Solo podemos hacer aquí una observación, solo una, es que tales acumulaciones de instantes de energía del mundo, tales masas de signos permanentes solo existen en el ser vivo.

Parece que los movimientos del mundo, cualesquiera que sean, los instantes de energía del mundo, cualesquiera que sean, nunca hacen masa fuera del ser vivo, – por una razón que debe contener la solución del problema.

Si fuera posible que fuera de la vida se permita la formación de tales masas, ¿qué sentirían estas? Cada nuevo instante, en contacto con ellas, ¿resonaría? «¡Cómo!, todo es sensible», escribía Nerval – que estaba loco.

Ahora bien, eso no sucede, pues los signos del Mundo no se acumulan fuera del ser vivo: todo está atravesado por todo.

El espacio, si está alterado alrededor de las cosas por la agitación profunda de su aparente inmovilidad, no guarda nada: la materia que constituye el espacio no guarda nada. Los innumerables circuitos están abiertos, ahí cae la energía. Circula, se dispersa, pasa; es instante; instante nuevo; fracción imperceptible de ella; nunca encuentra su propia suma; añade un número, un número más a una suma imposible; el total nunca estalla como una sorpresa; no se hace día.

La espantosa potencia anulada por su misma acción se envía para reunirse en una superficie desconocida.

No puede recogerse sobre sí misma.

Toda acción que emite el universo solo puede perderse en el universo: lo ponderable es lo permeable.

Es necesario que cada número sea retenido, sin embargo, y cada instante; porque el instante es quinientos mil millones de kilociclos, nada más, y el pasado es el que es amarillo, o azul.

El instante no es nada: es la masa de instantes lo que da la resonancia; el instante no es sino una agitación o una frecuencia. Pero una masa no se constituye a partir de elementos sucesivos sino donde existe una fuerza de suspensión.

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«Ve, señorita, que eso sobrepasa la broma: de experiencia en experiencia, hemos llegado a tocar el fuego del cielo…»
Abbé NOLLET

Lo quizás rojo, lo quizás azucarado, lo caliente, lo dulce, lo quizás ruido me llega; eso toca mi cuerpo, que lo detiene, lo acumula, ¡hace con ello un tesoro!

¿Cómo?, ¿tu cuerpo?

Tu cuerpo de carbono, de nitrógeno, de hidrógeno, de hierro, ¿cómo?, ¿tu cuerpo?, ¿el Universo?

Sus moléculas son las del universo; está construido con las mismas piedras. ¿Cómo amasarían estas el movimiento, cuando por definición lo pierden?

Lo que hace un sonido es un movimiento: del estremecimiento del aire, quizás de la música, la materia de tu cuerpo no ha retenido nada; su especie química no ha sido alterada; lo que hace lo sólido es un movimiento: ella no lo ha recibido. No ha cambiado; ningún contacto, por lo demás, la ha cambiado: este toque tampoco.

Ningún contacto la ha aumentado

La química del cuerpo es la del mundo: para ella los movimientos que podrían ser ruido, calor, olor, color, resistencia, están universalmente perdidos.

Pues si el Mundo, por tendencia natural, cierra su materia en «cosas» – es incluso una ley de evolución que daría la razón metafísica de la necesidad – no ocurre lo mismo con su energía.

El mundo no se acerca en conjuntos cada vez más considerables sino para apartarse de sus emisiones cada vez más. Se aprieta e irradia; se acentúa y se desvanece; cae sobre sí mismo y se disipa; se reduce al peso y se gasta en signos. Pierde sus actos como nosotros los nuestros; lo prodigioso es que sean recogidos.

– ¿Recogidos como un vaso que retiene vino, como una cesta que retiene fruta?

¿Movimientos perdidos para los elementos de la naturaleza y perdidos para los elementos de la carne, pero preservados, reunidos juntos, en el aire?

– Masas de movimiento son lo azul, son lo amarillo, la música; instantes pasados, persistentes desde el extremo de las edades, son lo duro, lo caliente, son lo amargo.

El equívoco que le atribuye al cuerpo la capacidad de contener masas de instantes resonantes sin las que no hay sensación viene de la evidencia del cuerpo, y de la idea muy antigua de que su materia es diferente a la del Universo. Esta idea se ha abandonado: sus efectos, no; el cuerpo siempre visible y presente previene de la duda; es, para todo el mundo, el que recibe el signo del mundo, el contacto del instante, el que lo retiene, que resuena…

Y el laboratorio es de la opinión del sentido común.

Hemos estudiado en biología los órganos de los sentidos, descuidando saber que no eran ellos, hechos de moléculas de la tierra, los que podían amasar los movimientos de la tierra, esos perdidos.

La biología, que no pone una idea en un vaso, pone los instantes en una célula hecha de átomos conocidos.

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«Es falso que el alma y el cuerpo sean idénticos. Es falso que sean diferentes.»
MAJJHIMA, I
(de la Triple cesta de la ley budista)

Lo que causa las sensaciones son los actos del Universo. Se han perdido en la materia, cualquiera que sea, dondequiera que esté. Por definición, la materia los deja escapar.

La experiencia muestra que, sin embargo, ALGO los recibe puesto que se acumulan en masas, que son preservados.

Lo que los recibe no es el cuerpo.

¡Zigzagueas, investigador!, das un paso adelante, un paso al lado, me das piedad.

Ten el coraje de ser novedoso, describe tu extraña Realidad, describe, en tu lenguaje de altavoz bueno para los hermanos y para las hermanas, espera, espera… Si nadie está de acuerdo, la habrás mostrado, estarás en el puerto; ¡es todo lo que se le puede exigir a un muerto!

Ahora bien, es imposible continuar ignorando científicamente la carga de instantes del universo que el universo no ha recogido; la Sobrerrealidad.

Está ahí, en el estado de segundo universo, entre el universo y YO.

El Universo es grano; el cuerpo de YO, también, pues el cuerpo de YO no se distingue del grano universal. El mismo YO no sabemos qué es, está frente al temblor discontinuo que envía instantes-formas. Y de ello se viste, anillo tras anillo. El alma es el vestido que se constituye.

El alma es una cota de mallas… No es el sistema nervioso, pues el sistema nervioso es grano. El grano no es la carga de instantes. YO estoy cubierto de instantes, YO río bajo su manto, YO veo lo que he visto, YO toco lo que fui. Oh tiempo en el que YO conozco sin reconocer y que lo recubre todo infinitamente, sin memoria.

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Grano universal; YO; anillos sutiles que visten a YO con su carga de turbación, vestido animado, red, piel de tiempo.

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«… qué bien mantenida la textura de ESTO…»
LUCRECIO

Esto es tiempo, debe ser espacio; por lo demás, expone el principio de la mínima acción que implica tiempo-espacio.

– Una suma de miradas, de contactos, de gustos no es algo.

– Y lo que contiene el cilindro de Faraday, ¿es algo?

– ¡Oh!, ¡nada de comparaciones, se lo ruego!, quédese en su cuento con dignidad, sin llegar como un don nadie a la electricidad. Son las explicaciones de salón las que acaban con esa palabra sagrada.

– Sin embargo, esta-no-cosa es alguna cosa.

– Son estados.

– ¿Los estados no implican una cosa?

– La cosa es su cuerpo.

¡No!, no es mi cuerpo, pues las moléculas de mi cuerpo deben ser como todas las moléculas impropias a las acumulaciones de acciones emitidas por el Mundo que hacen esta no-Cosa: y si, no obstante, fueran propias, aún les quedaría ENCANTARlas.

Y además mi cuerpo fabrica tan poco esta No-Cosa, que es Esta quien lo despierta. Ella preexistía, esta grandeza, este crecimiento; este pulpo de miradas y de contactos, esta alegría, este mal, esta suma de asombros, esta potencia ante la que el instante se detiene. Era la hidra extendida en el más joven de mis cuerpos y cada instante la suscitaba. Ante el más joven de mis cuerpos, vivía. Hay, la ciencia no sabe dónde, una COSA de sentir que sobrevive a todo.

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«And make us heirs of all eternity!»
SHAKESPEARE

«Toda sensación es de una presencia infinita» ha escrito el gran inmoralista que solo cree vivir el instante que aparece.

Significaba que la sensación nos acompaña, con lo que quiera que sea, hacia ella; que nos ocupa por entero: a ella, el tiempo que es, todo nuestro territorio; y la extensión de su espacio hace, lo que dura, la extensión del tiempo. Pero, para André Gide, la plenitud de lo actual es precisamente perfecta en su infidelidad.

Ahora bien, quien intenta saber en qué consiste la sensación, está obligado a reconocer que es una suma. Toda noción de pasado, de presente, desaparece aquí; el tiempo como el espacio se vuelve continuo.

Ya no hay Espacio ni Tiempo actuales que la sensación considerada ocupe. Hay un número, evidentemente imposible de determinar, elementos precedentes de espacios y elementos de tiempo, que aparecen, surgen en la sensación instantánea. Respirar una rosa es hacer una integral.

En fin, una sensación, al igual que cualquier suceso, tiene un lugar dado del que es solidaria; tiene un tiempo fuera del cual sería pasado, futuro.

Pero, en verdad, esta sensación precisa está formada por una acumulación de lugares alejados, de momentos fuera de alcance. Todos los elementos de espacio precedente y de tiempo anterior que se actualizan en ella hacen que, durante el tiempo en que resuena, no haya rigurosamente ninguna distinción entre el presente y el pasado.

¿Huir en lo instantáneo? ¡Qué fidelidad!

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… dem Augenblicke sagen
Verweile doch, du bis so schön!»
«Poder decirle al instante que huye: ¡Quédate!, eres tan hermoso…»
GOETHE

«Desgraciada Sion, ¿qué has hecho con tu gloria?»
RACINE

«Non hoc semper eris, perdunt et gramina flores;
Perdit spina rosas nec semper lilia candent;
Nec longum tenet uva comas, nec populus umbras
Donum forma breve est.»
«… pues la viña no guarda mucho tiempo sus pámpanos, ni el álamo, su sombra.»
CALPURNIUS

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Quedan unas miradas. Todo se desata, todo se abandona, todo se deshace, todo desaparece.

Queda el gusto, el contacto. Queda la mirada. (¡Oh, sustancia! ¡Oh, Masa encantada, tan atenta en recibir! ¡Oh, muy alta suma de signos en que puedo sujetarme, y ver.)

«Se ha reencontrado.
¿Qué?, la eternidad.»

V. «FRAPPEZ FORT»

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«… to rot itself with motion.»
SHAKESPEARE

En moi, des Sommes de mouvement de l´univers; qu´en savoir… En savoir un fait important: que si j´imagine une qualité quelconque à ces signes quand ils m´atteignent, je mens. Il suffit de les considérer ainsi que les considère la physique, c´est-à-dire isolés, à part des masses qu´ils constituent dans les vivants.

Dehors…

Une vibration de choses, un mouvement d´ensemble de choses, ou un mouvement désordonné de choses, m´a touché. Touché? Il n´y a pas de toucher encore. Rencontré. Il n´y a pas de choses. Il y a du corpuscule, du peuple oscillant, de l´imperceptible existence.

Est-ce du peut-être-son, un futur «la» du diapason? Dans ce cas la confusion agitée où je respire vibre à 435 vibrations par seconde sur une longueur de 76 centimètres renouvelée tout alentour; et cela gagne de proche en proche par 300 mètres du même dessin, le temps de dire «un». Est-ce de la peut-être-chaleur? L´agitation des points ne serait plus régulière; je l´appelle «froid» si elle diminue, et j´ai chaud pour cinquante mètres par seconde de plus. Mais si c´est de la peut-être-lumière, c´est à la limite de la rapidité, et c´est ordonné; et les éléments ne sont plus matière, mais ce qu´elle a été.

Il n´y a pas de «la», il n´y a pas de «chaud», il n´y a pas de jour au dehors, il n´y a aucune couleur; si la soie est «douce» à sentir ce n´est pas qu´elle ait la «douceur» (comme la tendresse, un cœur). Ces vérités premières sont dites par quelques chroniqueurs de sciences, héros impayés, – mais le monde numérique où ils vous promènent en vingt lignes, semble réservé. Votre volonté n´en veut pas, – et comme le grec, vous retournez au monde où les plus petits morceaux de choses, ont des QUALITÉS.

Presque tout le monde erre encore dans le monde d´Anaxagore… Mais pour que les très petits morceaux de choses soient rouges ou bleus ou doux, il faut vous. Il faut JE, il faut la Masse mobile et vibrante, le vertige que JE contient comme une eau. Ce n´est pas le mouvement des organes, des cellules, du sang, (il s´y applique, il n´en vient pas), (il est bien antérieur à moi) (et quand un d´un coup je serai froid il ne s´arrêtera pas), mais c´est du mouvement sans chose, persistant à nu, comme si le geste que font des bras continuait à promouvoir l´air quand les bras n´y sont plus. Ce mouvement sans plus rien dessous venait de l´Univers, de Tout, et tout ce qui l´envoyait est passé. Le mouvement est resté. Il a fait ses retours invisibles, il m´a enchaîné. Un jour la chaîne s´ouvrira, je tomberai plus bas que la terre, je serai moins moi qu´un collier dont au moins persistent les pierres, je ne serai pas même défini comme la poussière qu´on m´a promise – mais le Mouvement qui m´habitait durera dans cet univers. Il durera, le travailleur, alourdi de ma dernière heure, il dévidera mes bonheurs et le dernier instant d´horreur, anneau par anneau, à l´envers, me mêlant à ses vieux concerts Dieu sait sur quelle chose à nerfs…

La réponse à la question qui importe le plus dépend de l´existence permanente en chacun d´une somme de signes passés, du monde; car ces signes n´étaient pas isolément, hors de chacun, ce qu´ils sont à l´état de somme en chacun. Quand chaque instant qui les compose arrivait, cet instant n´était qu´une action de points, qu´un nombre agité. Ainsi cinq cent vingt milliards de kilocycles, périodes par seconde; rien de moins littéraire, rien de moins émouvant, – c´est un signe qui est isolé, loin de la somme animée, (loin du ciel).

La Somme en chacun est jaune, elle est enchantée. Que lui est-il arrivé?

Le mouvement du monde à l´instant n´est pas jaune: c´est un grain d´action, un réflexe de l´univers, une mesure (l´honorable Binet ne voulait même pas qu´on l´appelât «un mouvement», mot barbouillé d´humanité; car ce n´est pas nous qui avons inventé que l´univers est inqualifié). Tenons-nous ferme sur ce chemin curieux: quelque instant qui soit n´est qu´un «ce». Voilà un mot précis, la peau du présent même.

Et voici le secret du monde: le «ce» ne compte pas. Personne n´en sait rien, ni vous, ni moi, ni le voluptueux qui s´est voué à l´instant, personne n´a vu le «ce», ne l´a goûté, n´en a crié. Mais le «ce» existe (son agitation est grande) et rencontre un corps. Rien encor. Il faut qu´il trouble, outre le corps, la Masse faite de «ce» préservés.

Enfin plus de kilocycles, mot puant l´épicerie et le garage. À nous Jules Verne, les fées, – chère fardée, Littérature, à toi! – pour recevoir, résonnante de milliards de milliards d´instants désastreusement passés, refusés, rejetés, oubliés, ressuscités, – une QUALITÉ.

Le présent a touché le passé.

Eh bien, que s´est-il passé?

Pas un psychologue de l´univers ne se le demande. D´un évanouissement aussi noir de l´attention, ce conte ne peut se consoler.

L´expérience donne une somme de signes précédents du monde en chacun. Ces signes, les «excitants» n´ont pas de qualité hors chacun.

À l´état de somme, ils sont enchantés. Qui peut l´expliquer.

Que tous les corps vivants continssent des «accumulations de mouvement» universelles, liées, durables, des sommes, masses, charges vibrantes, c´était remarquable, mais ce n´était pas inacceptable. Pour tout dire, c´était un phénomène de l´univers. Par exemple, l´accident qui, dans le fait de la sensation, advenait à ces masses, n´était plus un phénomène de l´univers. La définition de l´univers c´est qu´il n´est pas ce qui n´est pas nombre.

Que si vous dites: «C´est sucré», vous n´êtes plus dans l´univers.

Tout de même, ma chère. Vous pensiez qu´il fallait plus qu´un bonbon pour faire ce bond.

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Suis-je dans l´espace ou non? Quelle situation.

L´on ne peut pas sentir sans être dans l´étendue, ni sans le quitter. Sans rencontrer des points, ni sans se trouver dans le Goût, dans la Musique, dans le Parfum.

Il faut dévoiler ces points, même si c´est trop facile, même si c´est peu nouveau, – leur valse est le jaune, leur danse est le chaud, ouvrez le phono! leur ronde est le do. Tous les disques s´usent à vous l´avouer: le son n´a jamais existé. Il faut parler gros; ce que les disques vaporisent, ce n´est pas des «sons», c´est des ronds; les ronds d´air du disque, mais ils ne sont doués que de viduité. Excepté s´il passe (vous par exemple) quelque Masse magique à proximité, de mouvements pareils qui sont enchantés…

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L´on ne peut pas sentir sans à la fois rencontrer une vibration pondérable étendue, et en faire du bleu, qui n´a ni espace, ni poids; du «sucré» qui n´est plus une longueur.

Or, la psychologie, dès l´instant qu´elle a voulu, environ depuis Helmholtz, être science, a rencontré l´espace, naturellement: – il était bien impossible de chercher de quoi une sensation était faite sans rencontrer l´univers pondérable et se joindre aux savants. Le psychologue a donc fait alliance avec tout ce que la physiologie comptait de distingué, il a installé quelques instruments de physique, et il s´est mis a mesurer car le savant, attention! se distingue par la mesure.

Voici ce qui est advenu:

Le psychologue avait ce qu´il fallait pour faire un savant: le générateur électrique, le galvanomètre, et le subtil appareil à fente que vous n´auriez pas la patience de considérer; tout; même du nombre, dehors, en veux-tu-en-voilà, de «l´excitant», à mesurer. Bien. Il actionnait ce nombre pour le faire atteindre un sujet, il actionnait du nombre, comme faisait à la même heure peut-être son confrère physicien d´à côté.

Comme…? Hélas! la ressemblance cesse. Le nombre du physicien d´à côté ne lui joue pas de sales tours: nombre il entre dans le tube à vide, nombre il en sort; mais pour le nombre que manie le psychologue j´ose à peine le dire, c´est trop triste: le psychologue le perd. Nombre il est mis par le psychologue dans le sujet – il en sort bleu sucré doux dur chaud rond aigu amer.

Quelle affaire!

Où est le pur pondérable, diable? Il est à l´impondérable. Il a fondu au nirvana, s´est dilaté au Paradis. Plutôt au Paradis: infortuné Foucault, c´est entré nombre en toi, c´est sorti INFINI.

Alors, on trouve le sort du psychologue affreux.

Pas du tout: il est très content. Il a des tableaux d´associations et des courbes de courants nerveux; il est très content, monsieur. Cet énorme accident de l´expérience ne l´a pas blessé; il continue de parler. Il continue de publier, vous l´entendez! Il continue de MESURER. Il avait du nombre en fait d´»excitant», il ne l´a plus, il ne s´en est pas aperçu. Son compte en banque s´est changé en tablettes de chocolat, il ne s´en ressent pas. Son attitude à la Bourse n´a pas changé; ni à la FACULTÉ.

Un contact, un parfum d´avant, mais ces excitants ne comptaient plus puisqu´ils s´étaient enfuis…. Le psychologue (m´as-tu senti?) ne pensait pas au rayonnement, il pensait à la géographie. (Ce n´est pas de l´aveuglement, c´est de la pathologie.)

Le psychologue ne se distinguait pas par l´originalité dans les imaginations qu´il avait du Sentir. Il rapportait tout au cerveau, et son cerveau n´était pas un circuit, pardon, pardon, c´était un pays. Un pays tortillé, un peu mou, que l´excitant marquait tristement, le plus souvent, et puis, redevenait vent.

Malheureux! vous confondiez le chemin et la voiture.

C´est si grave, qu´il faut expliquer comment cela se fit. En avant, le cerveau de monsieur.

Le cerveau de monsieur était un atlas psychologique à voies de grande communication; l´excitation venue d´un nerf y arrive. Les physiologistes français Lapicque et Bourguignon ont fait ici en vain d´admirables travaux: car le propre d´un admirable travail est d´inspirer une admirable assurance aux esprits qui montent dessus pour ne rien voir.

Et voici ce que voit la Psychologie: plus les traces laissées par de précédentes excitations sont nombreuses, plus l´excitation actuelle est intense.

Drôle de pays: plus les chemins ont été parcourus, plus la voiture grossit.

Enseignez-le et soyons sauvés: «Si la charge croît, ce n´est pas le chemin qui en est cause.» Confessez-le en langage saugrenu; si l´excitation augmente au cerveau déjà parcouru, c´est qu´il tombe une Masse dessus. Quoi? Mais la grande somme de signes que Monsieur Foucault a perdue et qu´il cherche depuis trente ans avec un petit cure-dents.

Cette Masse donne vie aux centres cérébraux; tout le tissu nerveux est chargé par elle. Elle n´a pas de siège particulier, comme le croyaient les anciens. Elle a spécialisé les buissons nerveux des sens, qui ne font qu´exposer, chacun, sa somme particulière de mouvements passés du monde.

En cette acception seulement l´on peut dire que le domaine du sentir est à une certaine «hauteur»: car il est l´inégalité essentielle; tout sens est une pyramide de passé; ce n´est pas le corps que touche l´instant, c´est le sommet du temps.

Chez le professeur cependant tout se passait sans précédent: et c´est immédiatement, l´âme entre les dents, qu´il bouffait l´instant et montrait comment:

Sa conscience, sous une tente de cheveux, bien étalée dans son bon cerveau richement orné de souvenirs de voyage, ricordo di Venezia, Gruss aus Tyrol! – et dans tout coin les récepteurs affectés à chaque message, attendait simplement que l´Univers sonnât, – pique, insulte ou brille.

Or, le professeur n´avait pas été sans remarquer que la disposition du décor favorisait le phénomène, et que les choses se passaient plus facilement dans un cerveau meublé par Lévitan. Le décor, le décor, mes enfants. Aussi, dans sa Faculté du Midi, déversait-il, d´une bouche grise, du décor, sur les cerveaux de quinze élèves abasourdis, gentils, polis, ensevelis.

Et le décor s´associait à l´excitation.

Cependant, la Conscience du Professeur n´était pas tranquille.

Il arrivait des accidents à l´excitation, à peine entrée. Elle grandissait, elle diminuait, et, passé un seuil, non très haut, elle devenait bleue, perçante, embaumé, d´un saut.

Ce qui en faisait deux bien comptés avec Monsieur Foucault.

Car il ne s´agissait pas d´ASSOCIATION mais de SOMMATION.

Car il ne s´agissait pas, quand l´excitation vous arrivait, de la comparer à des photographies ni de la présenter à des souvenirs: il S´AGISSAIT DE LA SENTIR.

Il ne s´agissait pas de rapprocher un certain bleu de toutes vos Méditerranées, ni de retrouver, dans un parfum, l´amant défunt, ni de ranimer un vieil air sur un neuf univers. Il s´agissait de recevoir ce que l´instant vous sert.

L´instant vous sert de l´excitant, du N´IMPORTE QUOI oscillant.

Il ne s´agissait pas de savoir si l´excitant allait faire un effet plus ou moins heureux dans le décor, mais de savoir s´il existerait du tout. Ce n´est rien, mais c´est tout.

Il s´agissait de savoir si l´excitant se suffirait (pardon monsieur) à lui-même; s´il était de soi perceptible, et le professeur croyait qu´oui, quel esprit, – frappez fort, qu´il dit, frappez et ça suffit.

Frappez fort sur quoi? C´est un effet de résonance; il joue sans violon, l´innocent, avec son excitant. Car la résonance fantastique n´est pas donnée par votre corps connu, pauvre carbone à peau, pauvre azote en tissu, mais bien par la SOMME ENCHANTÉE qui a précisément la valeur du paradis perdu.

V. «LLAME FUERTE»

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«… to rot itself with motion.»
SHAKESPEARE

En mí, Sumas de movimiento del universo; qué saber de ello… Saber un hecho importante: que si imagino cualquier cualidad en esos signos cuando me alcanzan, miento. Basta considerarlos como los considera la física, es decir, aislados, aparte de las masas que constituyen en los seres vivos.

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Fuera…

Una vibración de cosas, un movimiento de conjunto de cosas, o un movimiento desordenado de cosas me ha tocado. ¿Tocado? Todavía no es tocar. Encontrado. No hay cosas. Hay corpúsculo, pueblo oscilante, imperceptible existencia.

¿Es acaso-sonido, un futuro «la» del diapasón? En este caso la confusión agitada en que respiro vibra a 435 vibraciones por segundo en una largura de 76 centímetros renovada a todo su alrededor; y eso gana poco a poco, en 300 metros del mismo dibujo, el tiempo de decir «uno». ¿Es acaso-calor? La agitación de los puntos no sería ya regular; lo llamo «frío» si disminuye, y tengo calor durante cincuenta metros por segundo más. Pero si es acaso-luz, es en el límite de la rapidez, y es ordenado; y los elementos no son ya materia, sino lo que esta ha sido.

No hay «la», no hay «calor», no hay día fuera, no hay ningún color; si la seda es «dulce» al sentirla no es porque tenga «dulzura» (como tiene ternura un corazón). Esas verdades primeras las dicen algunos cronistas de ciencias, héroes impagables, – pero el mundo numérico en que lo pasean a usted en veinte líneas, parece reservado. Su voluntad no lo quiere, – y como el griego, regresa al mundo en el que los más pequeños fragmentos de la cosas tienen CUALIDADES.

Casi todo el mundo yerra aún en el mundo de Anaxágoras… Pero para que los pequeñísimos fragmentos de las cosas sean rojos o azules o dulces, se le necesita a usted. Es necesario YO, es necesaria la Masa móvil y vibrante, el vértigo que YO contiene como el agua. No es el movimiento de los órganos, de las células, de la sangre, (se coloca ahí, no viene), (es muy anterior a mí) (y cuando de pronto yo esté frío, no se detendrá), sino que es movimiento sin cosa, persistente al desnudo, como si el gesto que hacen los brazos continuara animando el aire cuando los brazos ya no están. Este movimiento sin nada más debajo venía del Universo, de Todo, y todo lo que enviaba es pasado. El movimiento se ha quedado. Hace regresos invisibles, me ha encadenado. Un día la cadena se abrirá, y caeré más bajo que la tierra, seré menos que un collar del que al menos persisten las piedras, ni siquiera seré definida como el polvo que me han prometido – pero el Movimiento que me habitaba durará en este universo. Durará, el trabajador, abrumado por mi última hora, vaciará mi felicidad y el último instante de horror, anillo tras anillo, al revés, mezclándome en sus viejos conciertos, sabe Dios sobre qué cosa con nervios…

La respuesta a la pregunta que importa más depende de la existencia permanente en cada uno de una suma de signos pasados, del mundo; pues estos signos no estaban aislados, fuera de cada uno, como están en el estado de suma en cada uno. Cuando cada instante que nos compone llegaba, este instante no era sino una acción de puntos, un número agitado. Así quinientos veinte mil millones de kilociclos, periodos por segundo; nada menos literario, nada menos emocionante, – es un signo que está aislado, lejos de la suma animada (lejos del cielo).

La Suma en cada uno es lo amarillo, está encantada. ¿Qué le ha pasado?

El movimiento del mundo en el instante no es amarillo: es un grano de acción, un reflejo del universo, una medida (el honorable Binet ni siquiera quería que se le llamara «un movimiento», palabra teñida de humanidad; pues no somos nosotros quienes hemos inventado que el universo no es calificado). Mantengámonos firmes en este curioso camino: cualquier instante solo es «eso». He ahí una palabra precisa, la piel del mismo presente.

Y he aquí el secreto del mundo: «eso» no cuenta. Nadie sabe nada de ello, ni usted, ni yo, ni el voluptuoso que se ha consagrado al instante, nadie ha visto «eso», ni lo ha gustado, ni lo ha gritado. Pero «eso» existe (su agitación es grande) y encuentra un cuerpo. Nada aún. Es necesario que turbe, más allá del cuerpo, la Masa hecha de «esos» preservados.

En fin, más kilociclos, palabra que huele a droguería y a garaje. Para nosotros Julio Verne, las hadas, – ¡querida oruga, Literatura, para ti! – para recibir, resonando con millones y millones de instantes desastrosamente pasados, rechazados, arrojados, olvidados, resucitados, – una CUALIDAD.

El presente ha tocado al pasado.

Y bien, ¿qué ha pasado?

Ni un psicólogo del universo se lo pregunta. Con un desvanecimiento tan negro de la atención, este cuento no puede consolarse.

La experiencia da una suma de signos precedentes del mundo en cada uno. Estos signos, los «estímulos» no tienen cualidad fuera de cada uno.

En el estado de suma, están encantados. ¿Quién puede explicarlo?

Que todos los cuerpos vivos contuviesen «acumulaciones de movimiento» universales, ligadas, durables, sumas, masas, cargas vibrantes, era notable, pero no era inaceptable. En resumen, era un fenómeno del universo. Por ejemplo, el accidente que, en el hecho de la sensación, les sucedía a esas masas, no era ya un fenómeno del universo. La definición del universo es que él no es lo que no es número.

Si dice: «Está azucarado», usted no está ya en el universo.

Todo igual, querida. Pensaba que haría falta algo más que una chocolatina, para dar esta carrerilla.

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¿Estoy o no estoy en el espacio? Qué situación.

No podemos sentir sin estar en la extensión, ni sin abandonarla. Sin encontrar puntos, ni sin encontrarnos en el Gusto, en la Música, en el Perfume.

Hay que desvelar estos puntos, incluso si es demasiado fácil, incluso si es poco novedoso, – su vals es el amarillo, su danza es el calor, ¡abrid el fonógrafo!, su corro es el do. Todos los discos se usan para confesárselo: el sonido nunca ha existido. Hay que hablar alto; lo que los discos vaporizan no son «sonidos», son asaltos; los asaltos de aire del disco, pero no están dotados sino de viudez. Excepto si atraviesa (a usted por ejemplo) alguna Masa mágica en proximidad, movimientos parecidos que están encantados…

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No podemos sentir sin encontrar a la vez una vibración ponderable extendida y hacer con ello lo azul, que no tiene ni espacio ni peso; lo «azucarado», que ya no es una largura.

Ahora bien, la psicología, desde el instante en que ha querido ser ciencia, aproximadamente desde Helmholtz, ha encontrado naturalmente el espacio: – era imposible buscar de qué estaba hecha la sensación sin encontrar el universo ponderable y unirse a los sabios. El psicólogo, pues, se ha aliado con todo lo que la fisiología contaba de distinguido, ha instalado algunos instrumentos de física, y se ha puesto a medir, pues el sabio, ¡atención!, se distingue por la medida.

He aquí lo que ha ocurrido:

El psicólogo tenía lo que era necesario para ser un sabio: el generador eléctrico, el galvanómetro, y el sutil aparato con ranura que no tendrá la paciencia de considerar; todo; incluso número, fuera, un mogollón, «estímulo», que medir. Bien. Acciona este número para hacer que alcance a un sujeto, acciona el número, como quizás el colega físico hacía a la misma hora, a su lado.

¿Cómo…? ¡Ay!, el parecido no cesa. El número del físico de al lado no le hace sucias jugarretas: mete número en el tubo vacío, saca número; pero para el número que el psicólogo maneja apenas oso decirlo, es demasiado triste: el psicólogo lo pierde. El número es puesto por el psicólogo en el sujeto – saca azul azucarado dulce duro caliente redondo agudo amarga.

¡Qué caso!

¿Dónde está lo puro ponderable, diablos? Está en lo imponderable. Se ha fundido en el nirvana, se ha dilatado en el Paraíso. Mejor en el Paraíso: desgraciado Foucault, ha entrado en ti el número, ha salido INFINITO.

Entonces, encontramos que la suerte del psicólogo es horrible.

En modo alguno: está muy contento. Tiene tablas de asociaciones y curvas de corrientes nerviosas; está muy contento, señor. Este enorme accidente de la experiencia no lo ha herido; continúa hablando. Continúa publicando, ¡lo entendemos! Continúa MIDIENDO. Había número como «estímulo», ya no lo tiene, no se ha percatado. Su cuenta en el banco se ha cambiado por tabletas de chocolate, no lo ha sentido. Su actitud en la Bolsa no ha cambiado; ni en la FACULTAD.

Un contacto, un perfume de antes, pero estos estímulos no contaban ya puesto que habían huido… El psicólogo (¿me has oído?) no pensaba en la irradiación, pensaba en la geografía. (Eso no es ceguera, es patología.)

El psicólogo no se distinguía por su originalidad en las imaginaciones que tenía sobre el Sentir. Lo llevaba todo al cerebro, y su cerebro no era un circuito, perdón, perdón, era una región. Una región retorcida, un poco blanda, que el estímulo marcaba tristemente, con la mayor frecuencia, y luego, se volvía viento.

¡Desgraciado!, confundía el camino con el coche.

Es tan grave, que es necesario explicar cómo se hizo eso. Antes, el cerebro del señor.

El cerebro del señor era un atlas psicológico de vías de gran comunicación; la estimulación que venía de un nervio llegaba allí. Los fisiólogos franceses Lapicque y Bourguignon en vano han hecho aquí trabajos admirables: pues lo propio de un trabajo admirable es inspirar una seguridad admirable en los espíritus que suben encima para no ver nada.

Y he aquí lo que ve la psicología: cuanto más numerosas son las huellas dejadas por precedentes estímulos, más intensa es la estimulación actual.

Qué extraña región: cuantos más caminos se recorren, más crece el coche.

Enséñelo y salvémonos: «Si la carga crece, no es el camino el que entra en causa.» Confiéselo en lengua absurda; si la estimulación aumenta en el cerebro ya recorrido, es que se le cae una Masa encima. ¿Qué? Pues la gran suma de signos que el señor Foucault ha perdido y que busca desde hace treinta años con un pequeño mondadientes.

Esta Masa les da vida a los centros cerebrales; todo el tejido nervioso está cargado por ella. Esta no tiene sede particular, como creían los antiguos. Ha especializado los matorrales nerviosos de los sentidos, que no hacen más que exponer, cada uno, su suma particular de movimientos pasados del mundo.

Solo en esta acepción podemos decir que el dominio del sentir está a una cierta «altura»; pues es la desigualdad esencial; todo sentido es una pirámide de pasado; no es el cuerpo lo que toca el instante, es la cima del tiempo.

En casa del profesor, sin embargo, todo pasaba sin precedente: y es inmediatamente, con el alma entre los dientes, como ahuecaba el instante y mostraba cómo:

Su conciencia, bajo una carpa de cabellos, bien establecida en su buen cerebro ricamente adornado de recuerdos de viaje, ricordo di Venezia, Gruss aus Tyrol! – y en todo rincón los receptores afectados en cada mensaje, esperaba simplemente que el universo sonara, – pique, ultraje o brille.

Ahora bien, el profesor no había dejado de observar que la disposición del decorado favorecía al fenómeno, y que las cosas pasaban más fácilmente en un cerebro amueblado por Lévitan. El decorado, el decorado, hijos. También, en su Facultad de Midi, desde su boca gris, vertía decoración en los cerebros de quince alumnos atónitos, gentiles, educados, sepultados.

Y el decorado se asociaba con la estimulación.

Sin embargo, la Conciencia del profesor no estaba tranquila.

Le llegaban accidentes a la estimulación, apenas entraba. Crecía, disminuía, y, pasado el umbral, no muy alto, se volvía azul, penetrante, aromatizada, de golpe.

Lo que hacía dos bien contados con el señor Foucault.

Pues no se trataba de ASOCIACIÓN sino de SUMA.

Pues no se trataba, cuando la estimulación le llegaba, de compararla con fotografías ni de presentársela a unos recuerdos: SE TRATABA DE SENTIRLA.

No se trataba de acercar cierto azul de todos sus Mediterráneos, ni de encontrar, en un perfume, al amante difunto, ni de reanimar un viejo aire en un nuevo universo. Se trataba de recibir lo que el instante le sirve.

El instante le sirve el estímulo, de CUALQUIER COSA que oscila.

No se trataba de saber si el estímulo iba a tener un efecto más o menos feliz en el decorado, sino de saber si existía por completo. No es nada, pero lo es todo.

Se trataba de saber si el estímulo se bastaría (perdón, señor) a sí mismo; si era por sí mismo perceptible, y el profesor creía que sí, qué espíritu, – llame fuerte, dice él, llame y basta.

¿Llame fuerte sobre qué? Es un efecto de resonancia; toca sin violín, el inocente, con su estímulo. Pues la resonancia fantástica no es dada por su cuerpo conocido, pobre carbono con piel, pobre nitrógeno de tejido, sino por la SUMA ENCANTADA que tiene precisamente el valor del paraíso perdido.

VI. J´AI DEUX CORPS

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«Me voici encore dans ma prison, Madame.»
Gérard DE NERVAL

Il existe, distinguée du corps, une surface vivante; elle reçoit «l´excitant», signe qui fait sentir; l´excitant, grain ou morceau d´énergie.

A peu près comme une raquette reçoit la balle sur son réseau. Mais ici la balle n´est pas solide (c´est de l´énergie): on dirait une bulle, l´excitant. Et la surface ne renvoie pas: elle amasse. Sur son réseau, anneau par anneau, les balles subtiles de même forme qu´envoie le monde demeurent. L´insalissable s´arrête là.

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N´est-ce pas curieux, ce réseau, il est partout. La molécule l´expose à peine tu la regardes au cours de chimie, sur tableau noir.

Les astres.

Les cristaux.

Il semble que la matière passât son Temps à l´esquisser. Elle essaie; – est-ce cela? est-ce cela?

«Y suis-je enfin ma sœur?»

Elle dessine le réseau nerveux enfin.

Plus loin, encore plus loin. Quelque Chose de si fin…

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– Ne pas acheter la vérité avec des chèques sans provisions! Qui vous a donné ce réseau? de quel compte le tenez-vous?

Aha! conte d´apprenti! vous faites comme ces messieurs; vous introduisez des termes gratuits.

– Réseau parce que circuit.

Quand on est dans l´espace et le temps, on s´arrange comme on peut.

L´excitant-signe est mouvement; il a sa forme à lui; mille et mille dessins fermés dont aucun ne varie; – leur variété défie. Chacun retombe à son pareil et l´aggrave un peu. Mais son pareil n´est nulle part (il s´est perdu) qu´en JE.

Dessinez ceci sur le mur – un filet.

C´est d´ailleurs de plus en plus difficile de se rappeler à propos de quoi une parole historique a été prononcée: «Je te ferai pêcheur d´hommes.»

Peut-être que le secret du monde est dans un calembour.

Platon l´y mettait.

On appellera cette surface: l´âme; il ne faut pas avoir peur des mots.

Elle a la masse la plus considérable qui soit (l´ingénieur comprend) pour corps, dont les constituants ne sont pas éléments de matière, ainsi que du corps visible, mais éléments d´énergie; car son corps assimile l´énergie comme le corps visible assimile la matière, et, comme le corps, l´édifie en réseaux. Peau d´âme…

– «LA PEAU!»

– Qui a parlé? Ce n´est pas Faust…

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«Nous ne devons pas admettre d´autres causes des choses naturelles que celles qui sont à la fois certaines et suffisantes pour expliquer leurs apparences.
… et «plus» est vain quand «moins» suffirait, car la Nature se plaît à la simplicité, et n´aime point la pompe des causes superflues.»
NEWTON, Principia.

Je te demande pardon, vivant venu de moi. Je n´ai pas le temps de finir ton livre; le voyage oblige. Le corps devient tout étranger, qui veut m´emporter. Faut-il te laisser aussi sot qu´après le cours du vieux coco, et tu n´as gagné qu´une Masse, qui est une Peau!

Me liras-tu même, mon futur? Je jette les feuilles, je vais partir; une bouteille à l´eau; un secret du monde en cinq cents mots.

Le livre ballote faiblement sur le cours du temps, personne ne le prend.

Enfin tu parais, mais tu es ailleurs, tu portes en triomphe le poids de mes jours à quelques amours… Et si le grand feu venu du passé, ô mon bien-aimé, pouvait te blesser; si ce que je fus était un moment pour ton désespoir «ce qu´il faut savoir» – le livre navré serait enfoncé aux extrémités d´une éternité; l´éditeur bloqué, l´imprimé serré mais non à l´honneur, non lu non coupé, sous des illustrés.

Aurais-tu suivi jusqu´au bout? Le chemin passait par la physique, on n´y voit plus guère… j´avais mis des rubans partout… la physique n´a pas la voix de Perrault… tu n´entends plus… tu baisses le dos…

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C´est parce que le phénomène de la Sensation implique deux espaces, et que les chercheurs ne savent jamais duquel ils parlent, et qu´en mesurant un seul ils croient mesurer tout, – que le problème est irrésolu.

Il y aura l´espace de la sensation brute (dzing! aïe! oh!).

Et l´espace de la magie (ré bémol, rose, salé).

Non seulement ces espaces existent en moi (les chercheurs les appellent «corps» et «conscience» tout en essayant fortement de réduire au premier le deuxième) – mais ils existent au départ du signe, et c´est cela le fait révolutionnaire – dont la connaissance est due à M. de Broglie.

Ils sont inextricablement imbriqués. Il est possible de remonter de l´espace de la sensation brute en moi à son espace d´origine hors de moi; par exemple, une certaine excitation du nerf de l´œil vient d´une certaine vibration électro-magnetique. Cette liaison est repérée et une remarque énorme survient: la psychologie s´en contente. Ce qu´elle appelle «sensation» c´est cela qui n´en est que la moitié d´une… et qui, même, n´en est, humainement, pas du tout une. Pan dans l´œil, oh! boum ou dzing, ne sont pas des «sensations». Ce mot-là signifie toujours et surtout l´autre espace associé, l´imbrication inexpliquée: rouge, amer, do majeur…

L´autre espace que le gros espace du mouvement matériel porte comme une fleur…

Le certain imperceptible électro-magnétique hors de vous, pan sur le nerf optique, porte la «couleur».

Eh bien, il faut observer longtemps et ne jamais oublier ceci: les psychologues ou savants qui se sont occupés des sensations ont toujours, – il n´y a pas une exception, une seule, – admis que c´était inqualifié, – le rond – qui devenait dans le vivant qualifié, chantant.

Pas un de ces chercheurs n´a fait l´hypothèse qu´il pouvait y avoir deux sortes d´excitants pour deux sortes d´émotion sensuelle absolument différentes. Pas un ne s´est dit que le rond qui cause la résonance sourde et aveugle type nerf de grenouille, n´était pas le – est-ce rond? – qui causait la musique, le parfum, la couleur. Pas un n´a imaginé qu´à deux émotions du corps, correspondaient peut-être deux espaces extérieurs.

Copain! Copain! Le psychologue a lu jusqu´ici!

Pilotant la dame, bousculant le bon sens, transportant le nouveau-né, il est en mécanique ondulatoire.

Rien qui n´émette hors de soi sa bague extrême…

Écoute: il y a deux sortes de bagues, dans les mouvements périodiques. Il y a l´onde pondérable, – celle que tu viens d´appeler le rond, celle que l´on mesure facilement puisqu´elle est l´action de corpuscules massifs. Et il y a l´ode impondérable, celle qui se se trouve que dans les calculs de M. de Broglie (lui d´abord). On l´appelle aussi onde de phase et en allemand Materienwelle.

Je te propose ceci: ce n´est qu´une proposition; à l´onde pondérable correspondra toute sensation.

Sensation brute. Celle du nerf de grenouille excité, le spasme.

À l´onde impondérable correspondra toute sensation magique – le chant: du rouge, du sonore, du sucré.

Il faut faire une différence d´ordre entre le sentir brut et le sentir de la qualité. Il faut retirer la Masse à la Qualité. Car la qualité est sans masse, raison unique et suffisante de la faillite de la psychologie.

Il n´y a aucune difficulté à le reconnaître si l´on est physicien: tous acceptent l´onde immatérielle: ils accepteront donc son effet.

Oui, – son effet sur quoi?

Sur quoi.

Te voici donc, Visage sans figure!

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«C´est mon fort l´apostrophe, et je ne parle guère autrement, je ne dis jamais: Nicole, apporte-moi mes pantoufles; mais je dis: Ô mes pantoufles: et toi, Nicole, et toi!»
Paul-Louis COURIER.

Quelles étaient les marches de cet escalier?

Première marche: n´importe quoi n´est pas perçu.

Il faut que n´importe quoi soit asses gros. Gros comme quoi? Fechner l´a cherché. En vain; en vain 24576 expériences. Ce petit peu! ce saint Fechner. Il ne savait pas qu´il s´agit de milliards; il ne savait pas qu´il fallait compter derrière soi. Il croyait, comme l´on croit encore, comme celui de la rue et celui de la Faculté de Montpellier croient encore, que si le n´importe quoi est trop faible, il ne passe pas, ne franchit pas votre seuil sensible, ne pique pas, ne brûle pas, ne vous pèse pas, ne vous chante pas; ne vous atteint pas pú vous êtes, intact et sourd. Mais que c´est un tout petit peu piquant, brûlant, chantant, pesant, pourtant…

Or ce n´est pas du son! ce n´est pas de la lumière! C´est n vibrations-seconde. Ce n´est pas l´odeur! C´est mouvement, qui est un nombre. Le signe pur.

Et puis, ce n´est pas parce que c´est trop faible que cela reste dehors, mon enfant. Mais parce que c´est trop seul. Quand tu ne sens pas, c´est qu´il n´y a rien chez toi pour recevoir cet instant, mon enfant.

Rien de pareil.

Le sens commun et le professeur de Montpellier n´ont jamais cessé de confondre l´action de l´objet hors du corps, et son action sur le corps. Si c´était la même, il n´y aurait qu´un réel à saisir et il serait indiscutable: mais ce n´est pas la même, ce qui fait au moins deux réels; et trois, si l´on compte le sujet; voilà de quoi parler.

1) Existent certainement des actions de l´univers en moi: elles sont chaudes, froides, rouges et bleues.

2) Certainement elles existent en dehors de moi, hélas sans qualité. Non sans beauté! Beauté tout austère, beauté qui n´a pour amants que ces messieurs des laboratoires qui font l´amour à l´univers; beauté sans couleur, sans odeur, non sans mouvement, non sans mesure; actions muettes et noires mais non sans forme: danse. L´univers hors de moi, le danseur inconnu…

(Devant qui danse-t-il? devant Dieu?)

3) Et puis moi.

Donc l´OBJET en activité, – c´est la cause de la cruelle incertitude des penseurs, – est deux fois et très différemment «le réel»: il est l´univers non préparé, et l´univers préparé; ou l´univers égal, et l´univers inégal; ou l´équation, et le bleu-sucré-do-dièze-pointu.

Celui-ci, je puis dire que je le gravis (monte là-dessus!) ou je le brode; à la vérité, je m´en revêts. Cette longue robe de nature, PEAU D´ÂME… J´entre dedans, et LES CHOSES SONT. Les savants ne mettent pas peau d´âme; ils ont donc l´univers inodore, incolore, sans perspective, cette erreur, sans signification, cette méprise; – le neuf univers non gâché, l´univers in-sensé. Précisément l´Objet Pur que le surréalisme veut atteindre comme si cet objet pouvait passer par les sens sans cesser d´être nombre, donc d´être pur.

Avec du nombre discontinu j´ai fait le continu senti dont le nom simple est «qualité».

En l´amassant – sur quoi?

En le fondant – à moi?

*

**

Deuxième marche. Quelle différence précise y a-t-il entre l´Univers hors de moi et l´Univers en moi?

Celle-ci: hors de moi il est instantané. En moi, infini. C´est ainsi qu´il prend une valeur infinie. En moi, il est seulement l´instant, mais tous les instants précédents passés. En moi il n´y a pas d´univers instantané: l´univers instantané ne passe pas le seuil de la conscience, fît-il le bruit de la trompette de Jéricho.

Telle est votre erreur, monsieur Foucault. (C´est toi qui l´as nommé.) L´univers instantané n´entre que chez monsieur Langevin, monsieur Perrin, monsieur Brillouin, monsieur Schrödinger, monsieur de Broglie, monsieur Eddington mon ami. Et à quel prix?

Au prix d´un renoncement ri-gou-reu-se-ment inhumain: ils renoncent à l´Avant. La communion des savants renonce à la succession des vivants.

La science et la science seule, atteint un objet pur: mais elle a acheté ce Réel le plus extrême de la seule somme qui pût lui permettre d´exister – de la somme du passé.

Alors, c´est un Réel-papier.

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«Le temps est un trésor plus grand qu´on ne peut croire.»
CORNEILLE

Cependant il n´y avait pas eu de philosophe pour découvrir que la définition du présent était l´imperceptibilité.

Voici un texte:

… «ce que Monsieur Bergson appelle perception pure… celle qu´aurait un être placé où je suis, vivant comme je vis, mais absorbé dans le présent, et capable, par l´élimination de la mémoire sous toutes ses formes, d´obtenir de la matière une vision à la fois immédiate et instantanée.»

M. Brunschvicg, appréhendant sans doute ce que l´hypothèse qu´il rapportait avait d´effarant, commençait par déclarer qu´une telle perception «existait en droit plutôt qu´en fait». Et comment! M. Brunschvicg se donnait Adam. Voilà pour le fait. Pour le droit… pour le droit, on le lui retire.

Il n´y a pas de perception où il n´y a pas de masse résonnante, et la masse est du temps. On ne nettoie pas la perception, du temps, qu´on ne la détruise. Ce réel tout pur, ce réel plus vrai, ce réel tout propre, ce réel qui est là, (oh! qu´il est beau, monsieur, le réel sans histoire!) vous ne l´aurez pas. Personne n´a jamais reçu du présent – que l´instrument du laboratoire.

*

**

«… Therefore, on every morrow, are we wreathing
A flowery band to bind us to the earth…»
KEATS

Ouvre les yeux! pour que cet arbre existe, il faut dans ton regard les arbres d´avant. Ils ont des feuilles dans ses feuilles, des siècles de printemps. Ô fortune faite corps!

Mais Socrate, sur le point de mourir, parlait de son corps et ne l´aimait pas. Il parlait de ses sens: «Le voir, l´entendre», disait-il, «ces choses qui ne durent pas un jour…»

Ouvre les yeux! Hier verdit au jour.

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«Ils inventèrent l´instantané psychique.»
André LHOTE

Je m´admire dans la nature. Que se suis beau!

J´ai fait ces arbres avec mes regards: me voici, me voici, me voici. Me! Me! adsum qui feci. Quel art!

Cela a pris quelque temps, évidemment, mais le résultat est là. Pourquoi percevrais-je du présent? Qu´ont-ils donc tous à vouloir percevoir le présent? Le présent n´est pas joli: c´est la vibration de fréquence n. J´aime mieux la COULEUR que ce nombre agité.

Que mon âme est belle, verte sur ce laurier!

*

**

Et soudain la postérité de Berkeley, de Malebranche, de Kant savait ce qu´elle disait.

Ces penseurs qui prouvent si bien que l´univers est projeté par nous, voici qu´ils avaient raison, ayant tort, et retombaient à quelque chose.

C´était bien vrai: le sujet composait l´univers. Seulement, il restait Tout. Il restait l´imperceptible Présent Pur; le nombre sans passé, le Tout innocent, l´amusement des savants, TOUT, ce joujou. Il restait le mouvement immédiat de quelqu´inconnu prodige.

Le reste était bien nous, était vous; les oripeaux, les arc-en-ciel…

*

**

Âme! Âme! nécessaire surprise!
Ô le plus proche de mes corps!
Ô tout mon bien amassé sur la terre!
Ô le plus étroit de mes corps!
Ô mon attention!
Ô ma distraction!
Ô ma fidélité.

Qu´es-ce qu´il y a de plus ténu au monde?
Qu´es-ce qu´il y a de plus ancien?
Qu´es-ce qui rend le monde solide, étant transparent?
Qu´es-ce qui est permanent, n´étant rien?

*

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«Keiner aber fasset
Allein Gott.»
«Mais nul seul ne saisit Dieu!»
HÖLDERLIN

Mais les réponses sur ce chemin étaient plus étranges que les questions.

Pourquoi faut-il accumuler signe par signe, mouvement sur mouvement du monde, jusqu´à un niveau qui atteigne la valeur que nous n´avons pas? Pourquoi ne saisit-on point l´unité de signe, que Taine cherchait? Pourquoi est-elle si profonde, la distance de vous au monde, qu´il ne suffise pas d´un élan de votre temps pour la combler? Et si tout le passé n´a d´oreilles, pourquoi n´y a-t-il pas qu´à crier? Et si vous êtes sans Avant, comment aucun de vos instants ne vient-il pas à ras de jour? Qui a reçu un instant pur?

S´il n´y avait pas de seuil au sentir, aucun mouvement du monde n´aurait à réveiller aucun passé, pour se grandir. Le seuil commande à cette croissance: et l´existence du seuil sensible semble dépendre de la mort.

Le seuil est fonction de la mort qui a permis la rupture de l´Unique en Innombrables. Le seuil expose le passé: il est la ligne derrière laquelle se préservent des innombrables.

Une sensibilité sans seuil, qui serait égale à l´instant, serait-elle d´un Unique Vivant? C´est bien ce personnage énorme auquel tout instant se mesure (comme si quelqu´une de ses parts qui vive était trop faible pour faire de soi du rouge ou l´odeur d´une rose). Car un vivant n´est qu´une fraction de l´Unité disparue ou impossible: le reste qui parferait la Somme attend, emmêlé à la vie: et ce que l´instant touche, c´est l´entier. Ainsi l´humain considérable qui n´est plus Un seul dans l´espace, se retrouve devant une odeur.

L´instant, goût dans la bouche, étoffe sous la main, l´instant à jeter aux ombres, où fond-il qui n´est pas la bouche, que touche-t-il, qui n´est pas la main… La physique et la chimie le refusent; pourtant, il est capté. (Ouvre les yeux! tends devant toi ton voile de mondes qui attrape le nombre agité.)

Et le voile arrête du mouvement, et pelotonne et emmaille et amasse du mouvement, du fil de mouvement où se prend la joie, où s´enfonce la douleur. L´on croit recueillir par les sens, mais ils ne sont vraiment animés que pas le réseau du passé: tu lui jettes tout, l´instant-odeur, l´instant-cri, l´instant-goût.

Tu poursuis vers d´autres baisers, tu as oublié; tu ne verras plus, tu n´entendras plus, tu ne saisiras plus, qu´à travers des sons, des regards, des contacts perdus.

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J´ai deux corps, CHAIR-ET-SANG et PLAISIR-ET-PEINE: CHAR-ET-SANG est un endormi, PLAISIR-ET-PEINE est comme un cri; ils sont toujours inséparables.

CHAIR-ET-SANG est un carbure d´hydrogène à très grosses molécules. PLAISIR-ET-PEINE est si ténu que Lucrèce en fit un poème. Tout le monde parle à CHAIR-ET-SANG, je ne parle qu´à PLAISIR-ET-PEINE.

CHAIR-ET-SANG paraît persister, mais suit la seconde loi de thermodynamique et finit mal. PLAISIR-ET-PEINE paraît s´anéantir à la vitesse du cadran à secondes, et il a l´immortalité.

Je quitterai CHAIR-ET-SANG un jour, emmené par PLAISIR-ET-PEINE. Mais vers où, Vierge souveraine?

Mais que faire, pour me préserver des hasards de l´éternité?

VI. TENGO DOS CUERPOS

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«Heme aquí aún en mi prisión, señora.»
Gérard DE NERVAL

Existe, distinta del cuerpo, una superficie viva; recibe al «estímulo», signo que hace sentir; el estímulo, grano o fragmento de energía.

Aproximadamente como una raqueta que recibe la pelota en su red. Pero aquí la pelota no es sólida (es energía): se diría que el estímulo es una burbuja. Y la superficie no la devuelve: la amasa. En su red, anillo tras anillo, las pelotas sutiles de la misma forma que envía el mundo se quedan. Lo inasible se detiene ahí.

*

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Esta red no es extraña, está en todas partes. La molécula la expone apenas la miras en el curso de química, en una pizarra negra.

Los astros.

Los cristales.

Parece que la materia pasa su tiempo esbozándola. Prueba; – ¿es esto?, ¿es esto?

«¿Estoy ahí, en fin, hermana?»

Dibuja la red nerviosa al fin.

Más lejos, aún más lejos. Algo muy fino…

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– ¡No compre la verdad con cheques sin fondo! ¿Quién le ha dado esa red?, ¿de qué modo la tiene?

¡Ah!, ¡cuento de aprendiz!, hace lo mismo que esos señores; introduce términos gratuitos.

– Red porque circuito.

Cuando estamos en el espacio y en el tiempo, nos las arreglamos como podemos.

El estímulo-signo es movimiento; tiene su propia forma; miles y miles de dibujos entre los que no hay variaciones; – su variedad desafía. Cada uno cae sobre su semejante y lo agrava un poco. Pero su semejante no está en otra parte (se ha perdido) distinta a YO.

Dibuje eso en la pared – una malla.

Por lo demás, cada vez es más difícil recordar a propósito de qué se ha pronunciado una palabra histórica: «Te haré pescador de hombres.»

El secreto del mundo quizás esté en un calembur.

Platón lo situaba ahí.

Llamaremos a esta superficie: el alma; no hay que tenerles miedo a las palabras.

Tiene la masa más considerable posible (el ingeniero comprende) como cuerpo, cuyos constituyentes no son elementos de materia, ni cuerpo visible, sino elementos de energía; pues su cuerpo asimila la energía como el cuerpo visible asimila la materia, y, como el cuerpo, la edifica en redes. Piel de alma…

– «¡LA PIEL!»

– ¿Quién ha hablado? No es Fausto…

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«No debemos admitir más causas de las cosas naturales que las que son a la vez ciertas y suficientes para explicar sus apariencias.
… y es tanto «más» vano, cuanto «menos» bastaría, pues la Naturaleza se complace con la simplicidad, y no le gusta nada la pompa de las causas superfluas.»
NEWTON, Principia.

Te pido perdón, ser vivo que vienes de mí. No tengo tiempo para acabar tu libro; el viaje me obliga. El cuerpo se vuelve extraño y quiere llevarme. Es necesario que te deje tan estúpido como después del curso del viejo tipejo, ¡y solo has ganado una Masa, que es una Piel!

¿Me leerás tú mismo, futuro mío? Te arrojo las hojas, voy a partir; una botella en el agua; un secreto del mundo en quinientas palabras.

El libro se revuelve débilmente en el curso del tiempo, nadie lo coge.

En fin, surges, pero estás en otra parte, llevas en triunfo el peso de mis días a algunos amores… Y si el gran fuego que viene del pasado, oh querido mío, pudiera herirte; si lo que fui fuera un momento para tu desesperación «lo que hay que saber» – el libro afligido se hundiría en los confines de una eternidad; el editor bloqueado, lo imprimido apiñado, pero no con honor, no leído, no cortado, bajo unas revistas.

¿Habrías llegado hasta el final? El camino pasaba por la física, ahí casi no se ve… había puesto cintas por todos lados… la física no tiene la voz de Perrault… no entiendes ya… curvas la espalda…

*

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Es por el hecho de que el fenómeno de la Sensación implica dos espacios, y de que los investigadores no saben de cuál hablan, y de que, al medir uno solo, creen que lo miden todo, – por lo que el problema está sin resolver.

Habrá espacio de la sensación bruta (¡dzing!, ¡ay!, ¡oh!)

Y el espacio de la magia (re bemol, rosa, salado).

Esos espacios no solo existen en mí (los investigadores los llaman «cuerpo» y «conciencia», siempre intentando fuertemente reducir el segundo al primero) – sino que existen en el origen del signo, y es esto el hecho revolucionario cuyo conocimiento se le debe al señor de Broglie.

Están inextricablemente imbricados. Es posible subir del espacio de la sensación bruta en mí a su espacio de origen fuera de mí; por ejemplo, una cierta estimulación del nervio del ojo viene de una cierta vibración electro-magnética. Esta relación se señala, y una enorme observación sobreviene: la psicología se contenta con ella. Lo que ella llama «sensación» es eso que no es sino la mitad de una… y que, incluso, no es, humanamente, totalmente una. ¡Pum en el ojo, oh!, boom o dzing no son «sensaciones». Esta palabra significa siempre y sobre todo el otro espacio asociado, la imbricación no explicada: rojo, amargo, do mayor…

El otro espacio que el gran espacio del movimiento material lleva como una flor…

Lo cierto imperceptible electro-magnético fuera de usted, pum en el nervio óptico, lleva el «color».

Pues bien, hay que observar mucho tiempo y no olvidar nunca esto: los psicólogos o sabios que se han ocupado de las sensaciones – no hay ni una excepción, ni una sola, – siempre han admitido que era lo no cualificado, – el asalto – lo que se volvía en el ser vivo, cualificado, cantante.

Ni uno de estos investigadores ha formulado la hipótesis de que pudiera haber ahí dos especies de estímulos para dos especies de emoción sensual absolutamente diferentes. Ni uno solo se ha dicho que el asalto que causa la resonancia sorda y ciega, del tipo nervio de rana, no era – ¿es asalto? – lo que causaba la música, el perfume, el color. Ni uno ha imaginado que a dos emociones del cuerpo, les correspondían quizás dos espacios exteriores.

¡Colega! ¡Colega! ¡El psicólogo ha leído hasta aquí!

Guiando a la dama, atropellando el sentido común, transportando al recién nacido, está en mecánica ondulatoria.

Nada que no emita fuera de sí mismo su anillo extremo…

Escucha: hay dos tipos de anillos, en los movimientos periódicos. Está la onda ponderable, – la que acabas de llamar asalto, la que se mide fácilmente puesto que es la acción de corpúsculos masivos. Y está la onda imponderable, la que se encuentra en los cálculos del señor de Broglie (él en principio). Se le llama también onda de fase y en alemán Materienwelle.

Te propongo esto: solo es una proposición; a la onda ponderable le corresponderá toda sensación.

Sensación bruta. La del nervio de rana estimulado, el espasmo.

A la onda imponderable le corresponderá toda sensación mágica – el canto: lo rojo, lo sonoro, lo azucarado.

Hay que hacer una diferencia de orden entre el sentir bruto y el sentir la cualidad. Hay que quitarle la Masa a la cualidad. Pues la cualidad es sin masa, razón única y suficiente de la derrota de la psicología.

No hay ninguna dificultad en reconocerlo si se es físico: todos aceptan la onda inmaterial: aceptarán, pues, su efecto.

Sí, – ¿su efecto sobre qué?

Sobre qué.

¡Aquí estás, pues, Rostro sin figura!

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«Mi fuerte es el apóstrofe, y apenas hablo de otro modo, nunca digo: Nicole, tráeme las pantuflas; sino que digo: ¡Oh, pantuflas, y tú, Nicole, y tú!»
Paul-Louis COURIER.

¿Cuáles eran los peldaños de esta escalera?

Primer peldaño: cualquier cosa no es percibida.

Es necesario que cualquiera sea bastante grande. ¿Grande como qué? Fechner lo ha buscado. En vano; en vano 24.576 experiencias. ¡Ese poquito!, ese santo Fechner. No sabía que se trataba de miles de millones; no sabía que era necesario contar detrás de él. Creía, como se cree aún, como creen aún el hombre de la calle y el de la Facultad de Montpellier, que si cualquiera es demasiado débil, no pasa, no franquea el umbral sensible de usted, no pica, no quema, no le pesa, no le canta; no le alcanza allí donde está, intacto y sordo. Pero es un pequeñísimo que pica, que quema, que canta, que pesa, sin embargo…

Ahora bien, ¡eso no es sonido!, ¡eso no es luz! Es n vibraciones-segundo. ¡Eso no es el olor! Es movimiento, que es un número. El signo puro.

Y además, no es porque sea demasiado débil por lo que eso se queda fuera, niño mío. Sino porque está demasiado solo. Cuando no sientes, es porque nada hay en ti para recibir este instante, niño mío.

Nada semejante.

El sentido común y el profesor de Montpellier no han dejado nunca de confundir la acción del objeto fuera del cuerpo y su acción en el cuerpo. Si fuera la misma, no habría sino una realidad y sería indiscutible: pero no es la misma, lo que hace, al menos, dos realidades; y tres, si contamos al sujeto; he aquí de lo que hablar.

1) Existen ciertamente acciones del Universo en mí: son calientes, frías, rojas y azules.

2) Ciertamente existen fuera de mí, desgraciadamente sin cualidad. ¡No sin belleza! Belleza totalmente austera, belleza que solo tiene como amantes a estos señores de los laboratorios que hacen el amor con el universo; belleza sin color, sin olor, no sin movimiento, no sin medida; acciones mudas y negras, pero no sin forma: danza. El universo fuera de mí, el danzarín desconocido…

(¿Delante de quién baila?, ¿delante de Dios?)

3) Y luego, yo.

Entonces, EL OBJETO en actividad, – es la causa de la cruel incertidumbre de los pensadores, – es dos veces y muy diferentemente «lo real»: es el universo no preparado, y el universo preparado; o el universo igual, y el universo desigual; o la ecuación, y lo azul-azucarado-do-sostenido-agudo.

A este, puedo decir que lo agravo (¡súbete encima!) o lo adorno; en verdad, me revisto de él. Este largo vestido de naturaleza, PIEL DE ALMA… Entro dentro, y LAS COSAS SON. Los sabios no se ponen la piel de alma; tienen, pues, el universo inodoro, incoloro, sin perspectiva, este error, sin significado, este desprecio; – el nuevo universo no amasado, el universo sin sentido. Precisamente el Objeto Puro que el surrealismo quiere alcanzar como si este objeto pudiera pasar por los sentidos sin dejar de ser número, ser puro, pues.

Con el número discontinuo he hecho el continuo sentido cuyo nombre simple es «cualidad».

Amasándolo – ¿en qué?

Fundiéndolo – ¿en mí?

*

**

Segundo peldaño. ¿Qué diferencia precisa hay entre el Universo fuera de mí y el Universo en mí?

Esta: fuera de mí es instantáneo. En mí, infinito. Es así como toma un valor infinito. En mí, es solo el instante, pero todos los instantes precedentes pasados. En mí no hay universo instantáneo: el universo instantáneo no pasa el umbral de la conciencia, aunque haga el ruido de la trompeta de Jericó.

Este es su error, señor Foucault. (Eres tú quien lo has nombrado.) El universo instantáneo no entra en casa del señor Langevin, del señor Perrin, del señor Brillouin, del señor Schrödinger, del señor de Broglie, del señor Eddington, mi amigo. ¿Y a qué precio?

Al precio de una renuncia ri-gu-ro-sa-men-te inhumana; renuncian al Antes. La comunión de los sabios renuncia a la sucesión de los seres vivos.

La ciencia y solo la ciencia alcanza un objeto puro: pero ha comprado esa Realidad más extrema en la única cima que puede permitirle existir – la cima del pasado.

Entonces, es una Realidad-papel.

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«El tiempo es un tesoro más grande de lo que se pueda creer.»
CORNEILLE

No obstante, no había habido filósofo para descubrir que la definición del presente era la imperceptibilidad.

He aquí un texto:

… «lo que el señor Bergson llama percepción pura… la que tendría un ser situado donde estoy, viviendo como vivo, pero absorto en el presente, y capaz, por la eliminación de la memoria bajo todas sus formas, de obtener de la materia una visión a la vez inmediata e instantánea.»

El señor Brunschvicg, temiendo sin duda lo que la hipótesis que traía tenía de asombroso, comenzaba declarando que una percepción tal «existía por derecho más que en la realidad.» [Esta frase es de Bergson, no de Brunschvicg] ¡Y cómo! El señor Brunschvicg se daba a Adán. Eso para la realidad. Para el derecho… para el derecho, se le quita.

No hay percepción donde no hay masa resonante, y la masa es tiempo. No limpiamos la percepción de tiempo sin destruirla. Lo real totalmente puro, lo real más verdadero, lo real todo limpio, lo que es real allí, (¡Oh!, ¡qué hermoso es, señor, lo real sin historia!) no lo tendrá. Nadie ha recibido nunca el presente – solo el instrumento del laboratorio.

*

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«… Therefore, on every morrow, are we wreathing
A flowery band to bind us to the earth…»
KEATS

¡Abre los ojos!, para que este árbol exista son necesarios en tu mirada los árboles de antes. Tienen hojas en sus hojas, siglos de primavera. ¡Oh, fortuna hecha cuerpo!

Pero Sócrates, a punto de morir, hablaba de su cuerpo y no lo amaba. Hablaba de sus sentidos: «Verlo, entenderlo», decía, «esas cosas que solo duran un día…»

¡Abre los ojos! Ayer reverdece en el día.

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«Inventaron lo instantáneo psíquico.»
André LHOTE

Me admiro en la naturaleza. ¡Qué hermoso soy!

He hecho estos árboles con mis miradas: heme aquí, heme aquí. ¡Me! ¡Me!, adsum qui feci. ¡Qué arte!

Esto se ha tomado algún tiempo, evidentemente, pero el resultado está ahí. ¿Por qué percibiría yo el presente? ¿Qué les pasa, pues, a todos, al querer percibir el presente? El presente no es hermoso: es la vibración de frecuencia n. Prefiero el COLOR a ese número agitado.

¡Qué hermosa es mi alma, verde en este laurel!

*

**

Y de pronto la posteridad de Berkeley, de Malebranche, de Kant, sabía lo que decía.

Estos pensadores que prueban tan bien que el universo es proyectado por nosotros, he aquí que tenían razón, equivocándose, y volvían a caer en algo.

Era verdad: el sujeto componía el universo. Solo, quedaba Todo. Quedaba el imperceptible Presente Puro; el número sin pasado, el Todo inocente, la diversión de los sabios, TODO, ese juguete. Quedaba el movimiento inmediato de algún desconocido pródigo.

El resto éramos nosotros, era usted; los oropeles, el arco iris…

*

**

¡Alma! ¡Alma!, ¡sorpresa necesaria!
¡Oh, el más cercano de mis cuerpos!
¡Oh, todo mi bien amasado en la tierra!
¡Oh, el más estrecho de mis cuerpos!
¡Oh, mi atención!
¡Oh, mi distracción!
Oh, mi fidelidad.

¿Qué es lo más delicado que hay en el mundo?
¿Qué es lo más antiguo que hay?
¿Qué vuelve sólido al mundo si es transparente?
¿Qué es permanente si no es nada?

*

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«Keiner aber fasset
Allein Gott.»
«¡Pero nadie solo coge a Dios!»
HÖLDERLIN

Pero las respuestas en este camino eran más extrañas que las preguntas.

¿Por qué hay que acumular signo tras signo, movimiento tras movimiento del mundo, hasta un nivel que alcance el valor que no tenemos? ¿Por qué no se coge la unidad de signo que Taine buscaba? ¿Por qué es tan profunda la distancia entre usted y el mundo, de modo que no basta un impulso de su tiempo para colmarla? Y si todo el pasado no tiene oídos, ¿por qué solo nos queda gritar? Y si está sin Antes, ¿cómo es que ninguno de sus instantes viene a ras del día? ¿Quién ha recibido un instante puro?

Si no hubiera un umbral del sentir, ningún movimiento del mundo tendría que despertar ningún pasado, para crecer. El umbral ordena este crecimiento: y la existencia del umbral sensible parece depender de la muerte.

El umbral es función de la muerte que ha permitido la ruptura de lo Único en Innumerables. El umbral expone el pasado: es la línea detrás de la cual se preservan algunos innumerables.

Una sensibilidad sin umbral, que sería igual al instante, ¿sería de un Único Ser Vivo? Es exactamente este personaje enorme con el que todo instante se mide (como si alguna de sus partes que vive fuese demasiado débil para hacer por sí misma lo rojo o el olor de una rosa). Pues un ser vivo no es sino una fracción de la Unidad desaparecida o imposible: el resto, que perfeccionaría la Suma, espera, enredada en la vida: y lo que el instante toca, es lo entero. Así lo humano considerable que ya no es Uno solo en el espacio se encuentra ante un olor.

El instante, gusto en la boca, tela bajo la mano, el instante que arrojarles a las sombras, ¿dónde disuelve, y no es en la boca?, ¿qué toca, y no es la mano?… La física y la química lo rechazan; sin embargo, es captado. (¡Abre los ojos!, tiende ante ti tu velo de mundos que atrapa al número agitado.)

Y el velo detiene el movimiento, y ovilla y ensarta y amasa movimiento, hilo de movimiento en que se coge la alegría, donde se hunde el dolor. Creemos que recogemos con los sentidos, pero estos no están verdaderamente animados más que por la red del pasado: se lo arrojas todo, el instante-olor, el instante-grito, el instante-gusto.

Prosigues hacia otros besos, lo has olvidado; no verás ya, no oirás ya, no cogerás ya más que a través de los sonidos, de las miradas, de los contactos perdidos.

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Tengo dos cuerpos, CARNE-Y-SANGRE y PENA-Y-PLACER: CARNE-Y-SANGRE es un durmiente, PENA-Y-PLACER es como un grito; son siempre inseparables.

CARNE-Y-SANGRE es carburo de hidrógeno con tres grandes moléculas. PENA-Y-PLACER es tan delicado, que Lucrecio le hizo un poema. Todo el mundo le habla a CARNE-Y-SANGRE, yo solo le hablo a PENA-Y-PLACER.

CARNE-Y-SANGRE parece persistir, pero sigue la segunda ley de la termodinámica, y acaba mal. PENA-Y-PLACER parece anularse a la velocidad de la esfera de segundos, y tiene la inmortalidad.

Dejaré un día a CARNE-Y-SANGRE, llevado por PENA-Y-PLACER. Pero ¿hacia dónde, Virgen soberana?

Pero ¿qué hacer para preservarme de los azares de la eternidad?

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NOTA FINAL:

El mismo año de la muerte de Catherine Pozzi, también María Zambrano comienza a dedicar parte de su reflexión al tema del sentir y del alma, y anotará el punto intermedio (de conjunción) que estos ocupan entre la persona y la realidad externa a ella: «Entre el yo y el fuera de la naturaleza se interpone lo que llamamos alma» (en «Hacia un saber sobre el alma», Revista de Occidente, 1934).

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